Élection présidentielle au Gabon: Pierre Péan au secours de Jean Ping
YAOUNDE - 17 NOV. 2014
© André Théophile Essomé | La Météo
Le livre «Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon» est un grand coup que le Français croit avoir réussi pour barrer la voie à Ali Bongo Ondimba en 2016.
Le 13 novembre dernier, grâce aux ondes de la Rfi, le monde entier a entendu des détonations, des coups de feu lâchés en l’air par la police afin de contenir les assaillants de l’opposition aux dents longues et acérées contre le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. On doit situer le début de ce qui se passe au Gabon aujourd’hui à la suite de l’annonce de l’ouvrage du Français Pierre Péan Les nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon sorti récemment chez Fayard. Le journaliste et écrivain français fait ressortir que l’actuel président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba (Abo, comme l’appellent affectueusement les Gabonais), n’est pas le fils biologique d’Omar Bongo Ondimba, mais que celui-ci l’avait adopté au Nigeria lors de la guerre des Biafra. Il dit également qu’Ali Bongo s’est fait fabriquer un faux acte de naissance pour se présenter aux élections présidentielles de 2009 qu’il a remportées par trucage, et qu’il n’a non plus les diplômes qu’il dit avoir obtenus.
Seulement, le contexte de parution de l’ouvrage n’est pas un fait de hasard : le Gabon s’achemine vers les élections présidentielles de 2016. Et depuis ces derniers temps, le pays est agité par des concertations des leaders de l’opposition réunis au sein du Front (qui regroupe les pontes du régime ayant claqué la porte au Pdg, parce que frustrées par la politique rigoureuse mise sur pied par Abo). Le Front entend donc présenter un candidat unique pour affronter le candidat du Pdg (Parti démocratique gabonais) au pouvoir. Et Jean Ping, l’ancien président de l'Ua (Union africaine) et ancien baron du Pdg (sous Omar Bongo Ondimba), récemment passé dans l'opposition, est pressenti pour être ce candidat du Front. Dans cette bataille pour s’adjuger le Palais du bord de mer, tous les coups sont permis pour le Front : coups bats, injures, sabotage, déclarations mensongères. Pendant ce temps, les militants du Pdg n’ont de répit pour l’atteinte de l’émergence prévue en 2025. La justice sociale est rétablie, les pauvres et les laissés-pour-compte d’hier retrouvent déjà le sourire, la sécurité sociale est une réalité, les riches d’hier ont vu leurs privilèges réduits de moitié au profit des pauvres (ce qui justifie même les tirs groupés contre Abo), les voies de communication se modernisent, l’agriculture, le sport, les services, l’économie, le secteur minier et l’industrialisation se portent à merveilles, le Smig est le plus élevé de l’Afrique centrale.
Le Français et l’opposition gabonaise
C’est dans ce contexte qu’on doit situer l’ouvrage de Pierre Péan, considéré comme une stratégie, mieux l’arme fatale pour lyncher Ali Bongo Ondimba dans la course vers son deuxième mandat, au profit du candidat du Front, Jean Ping, dont la sonorité et la syntaxe riment mandarin. Pour Pierre Péan, la mayonnaise a bien pris, car son livre fait un buzz sans précédent au sein de l’opposition gabonaise qui s’est enfin levée pour contrattaquer Ali Bongo Ondimba en justice. On se rappelle que le 26 juillet 2014, Jean Ping avait accordé une interview à France24, où il indiquait : «Notre pays, le Gabon, va très mal et nous nous rendons compte que nous allons droit au mur et qu'il y a lieu de faire quelque chose». Et ce quelque chose, c’est Pierre Péan qui s’en est chargé. D’où la déclaration de Raphaël Ntoutoume Nkoghe, conseiller à la présidence de la République, dans une interview accordée au site Gabonreview.com : «pour moi, Monsieur Péan, qui a certes du talent, est un écrivain qui rédige sous la dictée ou sur commande.»
Une fois de plus, l’opposition gabonaise conforte la thèse négativiste de ceux qui pensent que l’Afrique est et demeure l’enfance du monde. Car, fallait-il attendre la sortie du livre de Pierre Péan pour que les Gabonais mettent leur pays à feu et à sang ? Tout le monde est unanime que l’ouvrage de M. Péan est dépourvu d’originalité et truffé de contre-témoignages et de rumeurs, dont le seul mérite est son dessein de nuire. L’ouvrage de Pierre Péan rentre dans le genre autobiographique ; et l’autobiographie ne peut être commandée que par le personnage. Normalement, c’est Ali Bongo Ondimba qui devait commander ce travail à Pierre Péan pour participer de sa communication à la veille des élections présidentielles. Mais en lieu et place, c’est un malin génie tapis dans l’ombre qui a commandé ce pamphlet. La mémoire d’Omar Bingo Ondimba (mort en 2008) ne s’est pas encore défaite de l’acharnement médiatique orchestré par la France pour une supposée affaire des biens mal acquis, que son héritier fait aujourd’hui l’objet d’un autre lynchage médiatique de la part d’un Français.
André Théophile Essomé