Elecam : Ange du Rdpc, démon de l'opposition
Les contestations autour de l'organe en charge de l'organisation des élections ne douchent pas l'enthousiasme de ses dirigeants.
900.000
nouveaux inscrits. En plus des 4 millions d'électeurs déjà répertoriés
dans le fichier que le ministère de l'administration territoriale et de
la décentralisation a difficilement transmis à Elections Cameroon,
Elecam, c'est le nombre de Camerounais qui ont consenti, jusqu'ici, à
faire partie du corps électoral dans la perspective de la présidentielle
de 2011. Cette statistique divulguée par Elecam il y a quelques jours
montre l'ampleur de la tâche qui est celle de cet organisme, qui
ambitionne de constituer un fichier de 9 millions d'électeurs avant août
prochain, si l'on suppose que la consultation électorale devant
conduire au choix de celui qui présidera aux destinées du Cameroun est
théoriquement prévue pour octobre prochain.
Mais loin de l'ambition
herculéenne d'inscrire 5 millions de nouveaux électeurs (en plus des 4
millions recensés dans le fichier transmis par le Minatd), Elecam
devrait d'abord gagner le pari de la crédibilité, tant les critiques
fusent de partout, depuis sa mise en place, non seulement sur la
constitution de son conseil électoral, mais aussi sur son indépendance
structurelle vis-à-vis du Minadt, ancien manitou très contesté des
consultations électorales au Cameroun.
D'abord la constitution du
conseil électoral. Hormis le fait que trône à sa tête un certain Samuel
Fonkam Azu'u dont le nom a été cité dans une histoire d'immigration
clandestine vers les Etats-Unis au lendemain de sa nomination comme
président du conseil électoral d'Elecam, aussi bien la société civile
que les partis politiques de l'opposition continuent de dénoncer avec
véhémence la désignation d'anciens caciques du parti au pouvoir au sein
de cette structure que le Rdpc a préféré à la commission nationale
électorale indépendante réclamée par l'opposition depuis belle lurette.
Pour montrer leur détermination à contester la partialité d'Elecam,
certains partis politiques tels que le Sdf n'ont d'ailleurs pas hésité à
saisir les juridictions du pays pour réclamer la substitution des
membres du conseil électoral.
Quid de l'indépendance d'Elecam vis
à vis du Minatd? La polémique a repris du poil de la bête au terme de
la modification de la loi portant création d'Elecam, avant même que cet
organisme ne passe son galop d'essai qu'est la prochaine élection
présidentielle. En effet, en 2010, l'assemblée nationale du Cameroun a
voté une loi modifiant celle organisant le fonctionnement d'Elecam, afin
d'impliquer à nouveau le ministère de l'administration territoriale
dans l'organisation des élections au Cameroun. Argument pris de ce que
cette administration dont le rôle a toujours été décrié dans les fraudes
ayant émaillé les consultations électorales au Cameroun, dispose d'une
meilleure connaissance du processus et d'une meilleure couverture du
territoire.
L'émoi que cette rentrée en force du Minatd dans le
processus électoral a suscité, tant au sein de l'opinion publique que
des partis politiques de l'opposition, n'a point ému la classe
gouvernante. Idem pour la direction générale d'Elecam, qui continue de
clamer que l'organe désormais en charge de l'organisation des
consultations électorales au Cameroun ne sera l'otage d'aucun groupe de
pression. Une promesse dont on ne tardera pas à se rendre compte qu'elle
a été respectée ou alors qu'elle relève simplement de paroles en l'air.
Le mois d'octobre étant si proche.
Brice R. Mbodiam