Église Catholique romaine: Mgr Tonye Bakot occupe toujours sa résidence
Yaoundé,
© Assongmo Necdem | Le Jour
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Après
la renonciation à ses charges, le désormais ex-archevêque métropolitain
de Yaoundé n'avait pas encore quitté l'archevêché hier.
Deux messes ont été célébrées à Mvolyé
hier soir. La première dès 16h30 à la Chapelle St Esprit, La seconde à
partir de 17h30 à la Basilique mineure Marie-Reine-Des-Apôtres.
L'après-midi de ce lundi 29 juillet est bien surchargé pour le personnel
laïc des deux paroisses. Deux jeunes hommes, membres d'une chorale,
s'activent à transporter les instruments de musique pour la Chapelle.
Dans la basilique, un homme et une femme apprêtent l'autel pour la
célébration eucharistique. A les voir travailler, ils ont le cœur à
l'ouvrage, malgré la nouvelle qui, à cette heure de la journée, a déjà
fait le tour de l'archidiocèse de Yaoundé. Celle de la renonciation de
l'archevêque. Mgr Simon-Victor Tonyè Bakot a donc renoncé au
«gouvernement pastoral de l'archidiocèse», selon les termes du
communiqué de presse rendu public par la Nonciature apostolique au
Cameroun.
Morceau choisi du texte «En date de ce jour, 29 juillet 2013, le Saint-Père François a accepté la renonciation (...) présentée par Son Excellence Mgr Simon-Victor Tonyè Bakot (...), et a nommé Son Excellence Mgr Jean Mbarga, Évêque d'Ebolowa, Administrateur Apostolique se de vacante du même Archidiocèse (...), c'est-à-dire avec plénitude de pouvoirs». La nouvelle est donc venue du Vatican. Selon le communiqué, elle devait rester sous embargo jusqu'à 12h00, heure de Rome (11h au Cameroun). Mais la rumeur circulait depuis quelques jours, et disait notamment que l'archevêque de Yaoundé a été viré. La vérité restait à découvrir certes, mais on y voit aujourd'hui les signes avant-coureurs du séisme de ce lundi matin.
Dernière messe
Une employée de l'archidiocèse, rencontrée à la Basilique, se souvient de la dernière messe dite par Victor Tonyè Bakot en tant qu'archevêque métropolitain de Yaoundé. «C'était samedi matin (27 juillet 2013) à l'occasion de la fête des chorales. Une très belle célébration. Monseigneur a exhorté les choristes à ne plus s'opposer aux curés des paroisses. C'était la dernière célébration pontifiée par Monseigneur», relate la dame. Personne ne se doutait de la suite des évènements, précise-t-elle. Mais tout à coup, un souvenir lui vient en esprit. Un évènement qui lui a semblé curieux cette matinée de samedi: la venue de Mgr Piero, le Secrétaire du Nonce apostolique, parti des hauteurs du Mont Febe où se trouve la Nonciature. «Il est arrivé au cours de la célébration, et a attendu un long moment dehors. Je crois que si ce n'était pas important, il n'aurait pas patienté aussi longtemps. Puis, à la fin de la messe, l'archevêque l'a reçu. Allez savoir ce que les deux hommes se sont dit», confie la laïque engagée.
Pourtant, lorsque la nouvelle tombe ce lundi, elle ne manque pas de créer la surprise. «De nombreux confères sont venus s'informer. Ils sont rentrés bredouille. Car ni moi, ni personne ici ne sait ce qui s'est passé. Nous n'attendions pas la renonciation de l'archevêque», confie, sous anonymat, un prêtre. C'est le silence total chez Messeigneurs Joseph Befe Ateba, l'évêque de Kribi, et Samuel Kleda, l'archevêque métropolitain de Douala et Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun. Joints à leur téléphone, ils se sont abstenus de tout commentaire.
Jusqu'à 16h, certains fidèles rencontrés à Mvolyé n'étaient pas au courant que leur archevêque avait quitté le poste. Un jeune homme vient de terminer sa prière au sanctuaire marial. Informé de la nouvelle, il a pour réponse: «Je ne sais pas quoi dire». Un des choristes qui préparent la messe du soir est encore dans le doute. «J'ai entendu parler d'une telle information, mais je n'en sais encore rien», déclare-t-il. Voilà une dame qui renvient d'une séance d'adorations lorsqu'elle tombe sur une amie catéchiste et rentre dans le secret de polichinelle.
«Dans une maison, si un père s'en va vivre ailleurs, les enfants ne peuvent pas être contents. Mais l’Église va continuer de fonctionner malgré notre souffrance», explique la catéchiste. Et son interlocutrice de rétorquer: «L’Église ne se résume pas aux hommes qui sont appelés à passer. Elle est bâti sur une pierre, c'est-à-dire Jésus-Christ». Un homme s'est joint à la discussion. Il ouvre la page des spéculations sur les raisons du départ de Simon Tonyè Bakot. «Son nom a été trop souvent cité dans des scandales sur la gestion des biens de la communauté. Il est quand même la vitrine de l’Église. On ne doit pas voir de la saleté. Rien que sur cette base, la Vatican aurait bien pu lui demander de démissionner. Ou alors, l'archevêque a pu se sentir mal et s'en aller. Il reste un homme, avec un cœur», explique le nouveau venu. Mgr Victor Tonyè Bakot a plutôt été piégé par son entourage, pense une laïque en service de l'archidiocèse depuis plusieurs années. «Son entourage était pourri et c'est lui qui a toujours payé les pots cassés», affirme-t-elle.
Remplacement
Toutefois, la dame s'enthousiasme déjà de la venue d'un intérimaire à la tête de l'archidiocèse: «Mgr Jean Mbarga connaît bien l'archidiocèse de Yaoundé où il a été administrateur sous feu Mgr André Wouking et après la mort de celui-ci, jusqu'à l'arrivée de Mgr Tonyè Bakot. Il est jeune et travailleur, le bon profil pour notre archidiocèse qui est très difficile à gérer. Je prie pour que le Pape le confirme dans ses nouvelles fonctions. Mgr Tonyè Bakot était aussi travailleur, mais depuis son accident en 2008, il était moins dynamique». La tâche s'annonce ardue pour Mgr Jean Mbarga qui doit en même temps s'occuper du diocèse d'Ebolowa.
Sur la nouvelle situation de Mgr Victor Tonyè Bakot, le communiqué de la Nonciature de Yaoundé reste muet. Dans l'après-midi d'hier, l'archevêque démissionnaire occupait encore l'archevêché. «J'espère que Monseigneur a une maison, car il devra libérer les lieux au profit de son remplaçant», affirme une source. Deux gendarmes filtraient les entrées et les sorties à l'archevêché. «Monseigneur ne reçoit pas, à moins qu'il vous attende», lance froidement l'un d'eux. Vers 15h 45, ils ont ouvert le grand portail au Révérend Libom Li Likeng de l’Église presbytérienne du Cameroun, venu rencontrer un proche, indique une autre source. Mais difficile de dire si le Révérend et Monseigneur se sont vus.
Morceau choisi du texte «En date de ce jour, 29 juillet 2013, le Saint-Père François a accepté la renonciation (...) présentée par Son Excellence Mgr Simon-Victor Tonyè Bakot (...), et a nommé Son Excellence Mgr Jean Mbarga, Évêque d'Ebolowa, Administrateur Apostolique se de vacante du même Archidiocèse (...), c'est-à-dire avec plénitude de pouvoirs». La nouvelle est donc venue du Vatican. Selon le communiqué, elle devait rester sous embargo jusqu'à 12h00, heure de Rome (11h au Cameroun). Mais la rumeur circulait depuis quelques jours, et disait notamment que l'archevêque de Yaoundé a été viré. La vérité restait à découvrir certes, mais on y voit aujourd'hui les signes avant-coureurs du séisme de ce lundi matin.
Dernière messe
Une employée de l'archidiocèse, rencontrée à la Basilique, se souvient de la dernière messe dite par Victor Tonyè Bakot en tant qu'archevêque métropolitain de Yaoundé. «C'était samedi matin (27 juillet 2013) à l'occasion de la fête des chorales. Une très belle célébration. Monseigneur a exhorté les choristes à ne plus s'opposer aux curés des paroisses. C'était la dernière célébration pontifiée par Monseigneur», relate la dame. Personne ne se doutait de la suite des évènements, précise-t-elle. Mais tout à coup, un souvenir lui vient en esprit. Un évènement qui lui a semblé curieux cette matinée de samedi: la venue de Mgr Piero, le Secrétaire du Nonce apostolique, parti des hauteurs du Mont Febe où se trouve la Nonciature. «Il est arrivé au cours de la célébration, et a attendu un long moment dehors. Je crois que si ce n'était pas important, il n'aurait pas patienté aussi longtemps. Puis, à la fin de la messe, l'archevêque l'a reçu. Allez savoir ce que les deux hommes se sont dit», confie la laïque engagée.
Pourtant, lorsque la nouvelle tombe ce lundi, elle ne manque pas de créer la surprise. «De nombreux confères sont venus s'informer. Ils sont rentrés bredouille. Car ni moi, ni personne ici ne sait ce qui s'est passé. Nous n'attendions pas la renonciation de l'archevêque», confie, sous anonymat, un prêtre. C'est le silence total chez Messeigneurs Joseph Befe Ateba, l'évêque de Kribi, et Samuel Kleda, l'archevêque métropolitain de Douala et Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun. Joints à leur téléphone, ils se sont abstenus de tout commentaire.
Jusqu'à 16h, certains fidèles rencontrés à Mvolyé n'étaient pas au courant que leur archevêque avait quitté le poste. Un jeune homme vient de terminer sa prière au sanctuaire marial. Informé de la nouvelle, il a pour réponse: «Je ne sais pas quoi dire». Un des choristes qui préparent la messe du soir est encore dans le doute. «J'ai entendu parler d'une telle information, mais je n'en sais encore rien», déclare-t-il. Voilà une dame qui renvient d'une séance d'adorations lorsqu'elle tombe sur une amie catéchiste et rentre dans le secret de polichinelle.
«Dans une maison, si un père s'en va vivre ailleurs, les enfants ne peuvent pas être contents. Mais l’Église va continuer de fonctionner malgré notre souffrance», explique la catéchiste. Et son interlocutrice de rétorquer: «L’Église ne se résume pas aux hommes qui sont appelés à passer. Elle est bâti sur une pierre, c'est-à-dire Jésus-Christ». Un homme s'est joint à la discussion. Il ouvre la page des spéculations sur les raisons du départ de Simon Tonyè Bakot. «Son nom a été trop souvent cité dans des scandales sur la gestion des biens de la communauté. Il est quand même la vitrine de l’Église. On ne doit pas voir de la saleté. Rien que sur cette base, la Vatican aurait bien pu lui demander de démissionner. Ou alors, l'archevêque a pu se sentir mal et s'en aller. Il reste un homme, avec un cœur», explique le nouveau venu. Mgr Victor Tonyè Bakot a plutôt été piégé par son entourage, pense une laïque en service de l'archidiocèse depuis plusieurs années. «Son entourage était pourri et c'est lui qui a toujours payé les pots cassés», affirme-t-elle.
Remplacement
Toutefois, la dame s'enthousiasme déjà de la venue d'un intérimaire à la tête de l'archidiocèse: «Mgr Jean Mbarga connaît bien l'archidiocèse de Yaoundé où il a été administrateur sous feu Mgr André Wouking et après la mort de celui-ci, jusqu'à l'arrivée de Mgr Tonyè Bakot. Il est jeune et travailleur, le bon profil pour notre archidiocèse qui est très difficile à gérer. Je prie pour que le Pape le confirme dans ses nouvelles fonctions. Mgr Tonyè Bakot était aussi travailleur, mais depuis son accident en 2008, il était moins dynamique». La tâche s'annonce ardue pour Mgr Jean Mbarga qui doit en même temps s'occuper du diocèse d'Ebolowa.
Sur la nouvelle situation de Mgr Victor Tonyè Bakot, le communiqué de la Nonciature de Yaoundé reste muet. Dans l'après-midi d'hier, l'archevêque démissionnaire occupait encore l'archevêché. «J'espère que Monseigneur a une maison, car il devra libérer les lieux au profit de son remplaçant», affirme une source. Deux gendarmes filtraient les entrées et les sorties à l'archevêché. «Monseigneur ne reçoit pas, à moins qu'il vous attende», lance froidement l'un d'eux. Vers 15h 45, ils ont ouvert le grand portail au Révérend Libom Li Likeng de l’Église presbytérienne du Cameroun, venu rencontrer un proche, indique une autre source. Mais difficile de dire si le Révérend et Monseigneur se sont vus.