Ebolowa: Emouvantes retrouvailles entre Paul Biya et les siens

YAOUNDE - 20 JAN. 2011
© NDZINGA AMOUGOU | Cameroon Tribune

Beaucoup d’émotion hier à la résidence présidentielle à Ebolowa lorsque le chef de l’Etat a reçu son ancien tuteur à Nden, Raphaël Mfou’ou Ebo’o; le vieil homme n’a plus rien à voir avec le fringant instituteur de 1947...

C’est un honorable vieillard aux jambes flageolantes. Il a aujourd’hui 97 ans et marche courbé en deux, soutenu à bout de bras par sa fille Marie Solange Akena Mfou’ou. C’est un homme complètement désorienté par le décor inhabituel qui arrive à la résidence ; il est obligé de passer au milieu d’une garde d’honneur, qui en grande tenue, sabre au clair, lui rend les honneurs.

Voici qu’il se retrouve nez à nez avec le président de la république qu’il n’a vu jusque-là qu’à la télévision. C’en était trop pour lui. Emu aux larmes, il s’écroule. Le chef de l’Etat, lui-même très ému, l’aide à se relever ; l’émotion se lit sur le visage des deux hommes ; Raphaël Mfou’ou Ebo’o doit ressentir la même émotion que le vieux Jacob a ressentie en retrouvant en Egypte son fils Joseph, devenu Premier ministre du pharaon, comme nous le relatent les Saintes écritures. Il doit certainement se demander si c’est vraiment le gamin qu’il a hébergé il y a 64 ans qui est là devant lui.

Obligé de quitter son village Mvomeka pour poursuivre ses études à l’école catholique de Nden à une soixantaine de kilomètres de là, c’est dans la maison Raphaël Mfou’ou Ebo’o que le jeune Paul Biya échoua. C’est aussi dans cette maison qu’il décrocha le premier parchemin de sa vie, le certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) à la mission catholique de Nden où enseignait aussi Raphaël Mfou’ou Ebo’o en 1947. Son diplôme en poche, le jeune Paul Biya vola vers d’autres horizons, toujours en quête de plus de savoir. Les deux hommes n’auront plus jamais l’occasion de se retrouver, chacun suivant son itinéraire, jusqu’à la rencontre d’hier.


Vote à 100%

En visite officielle dans la province du sud depuis lundi, le président de la république a tout mis en œuvre pour retrouver son ancien tuteur. La rencontre a eu lieu entre quatre murs, loin des oreilles indiscrètes. C’est un homme pas tout à fait remis de ses émotions qui raconte sa rencontre avec le chef de l’Etat à la presse : « j’ai vécu avec lui pendant un an et demi ; je l’ai vu pour la dernière fois en 1947 ; je savais bien qu’un jour j’allais le revoir ; et lorsque je l’ai vu tout à l’heure, j’ai pleuré, j’ai versé des larmes ; le surnom que je lui ai donné, c’est le roi Salomon camerounais, à cause de sa sagesse ; c’est un grand don de Dieu au peuple camerounais… »

Les audiences présidentielles avaient commencé à 11h15 par la délégation des responsables du RDPC du sud, une délégation forte de 45 membres et conduite par le président de la section RDPC de Mvila-centre, Raymond Mbita Mvae Beme ; à en juger par les chants de joie et les applaudissements qui fusaient à travers la porte close, on pouvait déduire que tout s’est très bien déroulé. Confirmation a été faite au sortir de l’audience par le porte-parole du groupe, Zibi Atangana Frédéric Magloire, le président de la section RDPC Dja et Lobo II à Zoétélé: « Nous lui avons promis un vote à 100% lors de la présidentielle de cette année ». Même son de cloche chez Mme Messina Esther Grâce, présidente de la section OFR de Dja et Lobo I : « nous sommes allés dire au président que nous le soutenons et que nous lui promettons un vote à 100% ».


Valeurs éthiques

Après les hommes politiques, succédèrent les hommes de Dieu, en commençant par l’évêque d’Ebolowa, Mgr Jean Mbarga. Selon lui le chef de l’Etat a tenu des propos élogieux pour les œuvres sociales que l’Eglise catholique promeut. Il a aussi manifesté un grand intérêt pour le service d’évangélisation, d’éducation et les valeurs éthiques défendues par cette église.

La délégation de l’Eglise presbytérienne camerounaise forte de six membres, était conduite par le pasteur le révérend Jean Libom Li Likeng. A2u sortir de l’audience, il a été très concis mais aussi énigmatique : « nous nous sommes dit des choses qui restent entre l’Eglise et un fils du pays qui est président de la république. Nous sortons de l’audience avec des sourires, c’est que nous avons été écoutés par le chef de l’Etat. »

Puis vint le tour des élus du peuple, avec d’abord les députés. Sur les 11 députés du sud, deux n’ont pas répondu à l’appel pour des cas de force majeure, la maladie notamment. Pour l’honorable Martin Oyono, député de l’Océan tout le monde est serein à la veille de la présidentielle, et comme l’a affirmé la député du Dja et Lobo ce sera un vote à 100% lors de la présidentielle.

Pour la délégation des maires et délégués du gouvernement, 29 personnes au total, c’est aussi la même sérénité. Leur porte-parole, Ndo Gervais, maire d’Ebolowa II, président régional des communes et villes du sud : « nous avons abordé des questions qui nous sont spécifiques, notamment la décentralisation mais aussi le fonctionnement des communes au quotidien ; mais nous avons aussi dit un grand merci pour tout ce qu’il a fait pour le sud .

En ce qui concerne la délégation des oncles maternels du chef de l’Etat et celle de la préfectorale conduite par le gouverneur du sud, Jules Marcellin Ndjadga, rien de particulier à signaler.


20/01/2011
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