L’artiste, activiste politique, a écrit au secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (Onu), Ban Ki-moon, afin qu’il intercède auprès du gouvernement de Philémon Yang, Premier ministre, pour que les dommages subis lors de son incarcération à Nkongsamba puis à Douala soient réparés.De son exil américain, Lambo Sandjo Pierre Roger, alias Lapiro de Mbanga, alias Ndinga Man, alias Ngata Man, n’a pas sa verve ravinée. L’artiste a refait parler de lui.
L’ancien pensionnaire de la prison centrale de New-Bell, de la spéciale 18 en l’occurrence, vient de saisir par correspondance, le vénérable Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations-Unies à New York. Dans cette sortie épistolaire, Ndinga Man sollicite du patron de l’Onu d’intercéder auprès du chef du gouvernement camerounais afin que le Cameroun exécute en urgence, l’avis n° 32/2011 du groupe de travail sur la détention arbitraire institué par le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l'Homme à Genève.
Cet avis pris lors de la 62ème session du 29 août
au 2 septembre 2011 et dont la communication a été faite au président de
la République, au Gouvernement camerounais, à la Commission nationale
des droits de l’Homme et des libertés, le 26 janvier 2011, demandait à
l’Etat du Cameroun à travers son gouvernement, de prendre une décision
pour réparer les dommages causés au chanteur, activiste politique, bien
connu du landernau sociopolitique du triangle national.
En outre, le groupe de travail sur la détention arbitraire avait
également suggéré que des mesures de protection, de sécurité soient
prises en faveur de Lapiro de Mbanga. Pour n’avoir pas implémenté cette
autre demande Ngata Man «vulnérable et en insécurité dans mon pays», a
été «contraint de demander l'asile politique aux Etats-Unis d'Amérique
pour moi-même et ma famille où je suis installé depuis le 12 septembre
2012 à Buffalo N.Y.» fait-il savoir à Ban Ki-Moon.
Sur les mobiles qui ne font pas mystère des espoirs fondés sur cette démarche, Lapiro ne passe pas par monts et vaux pour indiquer au destinataire de sa missive que «votre prompte et énergique réaction amènera à coup sûr, le pouvoir politique de Yaoundé à respecter les résolutions des Nations-Unies que le Cameroun a ratifiées afin de cesser de mettre impunément en prison les citoyens en violation flagrante des lois nationales et internationales comme c'est le cas pour plusieurs individus qui croupissent dans les prisons camerounaises en ce moment pour des règlements de comptes politiques».
«Touche pas à ma Constitution»
En rappel c’est aux lendemains des émeutes qualifiées de la faim de février 2008 que Ndinga Man avait été interpellé et condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal de grande instance du Moungo en septembre de la même année, "pour pillage en bande, attroupement et obstacle sur la voie publique". Dans le même temps, l’artiste, auteur de «Mimba we», «No make erreur !» a injecté dans le marché du disque des albums aux titres évocateurs : «Touche pas à ma Constitution » où Lapiro dénonce les manœuvres politiques de Paul Biya visant à faire sauter le verrou de la limitation des mandats dans la Loi fondamentale.
Et plus tard, «Constitution constipée » dans l’air
du temps où le régime et ses affidés avaient réussi à faire modifier la
Constitution par le canal de l’Assemblée nationale où le Rdpc, parti au
pouvoir, domine avec une écrasante majorité digne de l’époque des
bolcheviks. Dès lors, les malheurs de Lapiro sont allés crescendo avec
un transfèrement puis un séjour de trois ans à la prison centrale de
Douala. En avril 2011, il hume enfin un air de liberté retrouvée avant
de se faire conduire à son domicile du quartier 12 de la ville de
Mbanga, sous bonne escorte du régisseur de la prison centrale de Douala,
Dieudonné Engonga Mintsang, himself.
L’intégralité de la lettre de Lapiro à Ban Ki-Moon
Buffalo le 17 décembre 2012
Excellence monsieur le Secrétaire général
J'ai l'honneur de venir auprès de votre haute
personnalité solliciter votre intervention urgente au chef du
Gouvernement Camerounais pour exécution.de l'AVIS n° 32/2011 (Cameroun).
En effet excellence monsieur le Secrétaire général, au vu d'une plainte
que j'ai porté contre l'Etat du Cameroun devant le Haut-commissariat des
Nations-Unies aux droits de l'Homme à Genève et dont communication a
été adressée au Gouvernement camerounais le 26 janvier 2011, le Groupe
de Travail sur la détention arbitraire a lors de sa soixante et unième
session du 29 août au 2 septembre 2011 rendu l'Avis n° 32/2011
(Cameroun).
Excellence monsieur le Secrétaire général, il ressort de cet Avis que le
groupe de travail demande entre autres au Gouvernement camerounais de
prendre une décision pour réparer les dommages qui m'ont été causés par
les actions arbitraires dénoncées dans l'Avis rendu.
Excellence monsieur le Secrétaire général,
Excellence monsieur le Secrétaire général, l'une des demandes du Groupe
de Travail au Gouvernement camerounais dans son Avis est que des mesures
de protections de sécurité soit prises en ma faveur; faute d'exécution
de cette autre demande du Groupe de Travail et me sentant vulnérable et
en insécurité dans mon pays, j'ai été contraint de demander l'asile
politique aux Etats-Unis d'Amérique pour moi-même et ma famille où je
suis installé depuis le 12 septembre 2012 à Buffalo New York.
Excellence monsieur le Secrétaire général,
votre prompte et énergique réaction amènera à coup
sur le pouvoir politique de Yaoundé à respecter les résolutions des
Nations-Unies que le Cameroun a ratifiées afin de cesser de mettre
impunément en prison les citoyens en violation flagrante des lois
nationales et internationales comme c'est le cas pour plusieurs
individus qui croupissent dans les prisons Camerounaise en ce moment
pour des règlements de comptes politiques.
Excellence monsieur le Secrétaire général, le Cameroun doit cesser
d'être un Etat voyou. Si le Cameroun est heureux et fier de la décision
des Nations- Unies qui lui ont rétrocédé la péninsule de Bakassi, le
Cameroun doit aussi savoir exécuter les décisions rendues contre lui par
cette même haute instance surtout lorsqu'il s'agit des droits de
l'Homme pour lesquels les politiciens au pouvoir de ce pays n'ont aucun
respect. Veuillez croire, Excellence monsieur le Secrétaire général des
Nations-Unies à l'expression de mon profond respect.
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Buffalo NY 14209
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