Droit de l'Homme: La riposte du gouvernement face aux américains
Yaoundé, 02 Septembre 2013
© BORIS BERTOLT | Mutations
Le Ministre de la Communication, Issa Tchiroma et l'ancien bâtonnier, Akere Muna en sapeur-pompier.
Mercredi dernier au cours d'une conférence de presse, le Ministre de la Communication Issa Tchiroma n'a pas eu des mots tendres sur le dernier rapport des Etats-Unis sur la situation des droits de l'Homme au Cameroun. «Qu'on remette en cause ce que décide la justice camerounaise, c’est extrêmement grave. L’ancien Ministre d'Etat a été arrêté, traduit devant les tribunaux dans le cadre d'un procès libre, équitable, transparent et public. Il a été reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. A l'heure où je vous parle, il n'y a ni avion ni argent. Tous ceux qui, de près ou de loin, ont plongé sont devant la justice», a clairement indiqué le Ministre de la Communication.
Issa Tchiroma réagit ainsi parce que le rapport 2012 des Etats-Unis indique clairement que le procès pour lesquels Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso ont écopé de 25 ans de prison a été marqué par le fait que «beaucoup d'aspects de cette affaire avaient trait une interférence de l'exécutif». Il va plus loin en indiquant que «les problèmes les plus importants relevés en 2012 au Cameroun dans le domaine des droits de l'homme sont les abus des forces de l'ordre, notamment sur les détenus, le refus de procès libres et transparents et la restriction de la liberté de manifestations publiques».
Pascal Magnaguemabe
Mais, le Ministre de la Communication ne sera pas seul à monter au créno. Dans la même démarche, après accord de la présidence de la République, le vice-président de Transparency international, Akere Muna, va également venir à la rescousse pour démontrer qu'au final, il n'y avait rien de politique dans le dossier de l'affaire l'avion présidentiel. Suite à la plainte déposée aux Etats-Unis le 6 août 2012 par les avocats américains d’Yves Michel Fotso dans l'Etat de l'Oregon contre Paul Biya Pascal Magnaguemabe, Justice Soh, Jean Baptiste Bokam, le Colonel Amadou et Mbouem Innocent, la justice américaine a décidé d'abandonner toutes les poursuites pour incompétence territoriale. Ce d'autant plus que l'homme d'affaires camerounais avait déjà retiré sa plainte contre le Chef de l'Etat. Pour la partie camerounaise, il s'agit d'une «victoire».
L'ancien bâtonnier ne s'en cache pas lorsqu'il affirme avoir (défendu avec succès l'Etat du Cameroun» dans cette procédure et entend donner des explications sur la victoire camerounaise afin «d'éclairer l'opinion sur les tenants et les aboutissants de cette affaire». Akere Muna s'appuyer sur le verdict du 11 juin dernier aux Etats-Unis pour démontrer à l'opinion publique qu'il ne s'agit dans le cadre de l'affaire de l’avion présidentiel, «ni d'une stratégie d'épuration politique, ni d'une affaire politique. Qu'il s'agit bel et bien de l'Opération épervier», souligne notre source. Un avocat américain de l'Etat du Cameroun est d'ailleurs attendu à Yaoundé pour la conférence de presse de ce jour. Une question mérite d'être posée: A-t-on le droit de commenter une décision de justice?