Drame: La présidentielle endeuillée à Bandjoun
YAOUNDE - 11 OCT. 2011
© Rousseau-Joël FOUTE | Cameroon Tribune
Lundi à 11 h, les membres de la famille de la nommée Virginie Djemo, épouse Takoguem, décédée la veille à Keng pendant une dispute liée au dépouillement de l'élection présidentielle, pleuraient à chaudes larmes sur la cour du bâtiment abritant la Compagnie de gendarmerie de Bandjoun.
Le commandant de compagnie n’a pas souhaité s’exprimer sur les circonstances du drame, afin, a-t-il dit, « de protéger le secret de l’enquête ». Approchée, Léa Nadège Bakam, se présentant comme la troisième fille de la défunte, raconte : « Ma maman a voté et a attendu la fin des opérations. Au moment du décompte, elle s’est approchée. Pendant le dépouillement, quand on disait RDPC, elle criait oh yé ! N’est-ce pas je vous ai dit ! Lorsqu’on a terminé, le RDPC a obtenu 106 voix. Elle a commencé à jubiler. Un certain Nestor Wafo qu’on dit être un repris de justice l’a poussé. Elle lui a demandé pourquoi il l’a fait. Il s’est retourné et l’a bottée. Elle est tombée et ne s’est plus relevée. La scène s’est déroulée à l’Ecole publique de Keng où il y avait un bureau de vote. Le président du bureau de vote était là ainsi que tous les représentants des partis politiques présents. Ils sont sortis et ont vu ». Juste après ce récit, le commandant de compagnie conduit la famille éplorée vers le bureau du préfet du Koung-Khi pour une réunion. Chemin faisant, la mère de la victime, Jeanne Magne, déclare que sa fille était bel est bien une militante du RDPC depuis quelques années, après avoir quitté le SDF. « C’est moi qui l’ai amenée au RDPC », a confié la dame, abattue. Nous mettons alors le cap sur le lieu où l’incident s’est produit. Le village Keng est situé à environ six km du centre-ville de Bandjoun. Lorsque nous y arrivons, nous sommes accueillis au domicile conjugal par Jean Pierre Takoguem, l’époux de Virginie Djemo. Assis sur la véranda, il ne s’est pas fait prier pour donner sa version des faits : « Je n’ai pas vécu la scène. On m’a rapporté que monsieur Nestor Wafo l’a cognée au bas-ventre et elle est morte. Selon ce qu’on m’a raconté, après les décomptes, elle a dit RDPC oh yé plusieurs fois. Je ne sais pas à quel point Nestor Wafo s’est senti froissé pour commettre cet acte. Si mon épouse a jubilé de la sorte, c’est parce qu’elle soutient le RDPC. Moi, je reste militant du SDF. Je n’ai pas changé », a tranché Jean Pierre Takoguem. Deux membres de la famille nous ont ensuite conduit au domicile du chef du quartier, Topi Tamgno, qui déclare ne rien savoir des convictions politiques du présumé meurtrier. Puis, nous allons chez le mis en cause. C’est une maison en briques de terre, isolée dans un champ. Deux numéros de téléphone mobile sont inscrits sur la porte fermée à laquelle est accrochée une peau de serpent. Manifestement, l’occupant des lieux est absent. En cavale, d’après la gendarmerie. Il est 12h30. Nous nous rendons à l’Ecole publique de Keng, théâtre de la dispute. C’est l’heure de la deuxième pause. Les écoliers gambadent sur la cour, sous l’œil vigilant de Pierre Tatsi, le directeur. Il dit avoir appris la nouvelle tard dimanche. Mais un élève du CM2, Elvis Tabu, rencontré au carrefour situé à un jet de pierre de l’établissement, se présente comme un témoin oculaire du meurtre et relate : « Les opérations de vote se déroulaient dans la salle de classe. On n’acceptait pas qu’on entre. Ils étaient en train de bagarrer. Le monsieur cognait la mère et elle est tombée. On l’a portée pour l’amener ici (NDLR : carrefour) et nous avons appris qu’elle est morte. On a cédé le passage au monsieur. Les forces de l’ordre ont été appelées mais à leur arrivée, l’accusé avait fui ». Les gendarmes affirment avoir déposé la dépouille à la morgue de l’hôpital de Ndja dans la nuit du 9 octobre.
© Rousseau-Joël FOUTE | Cameroon Tribune
Lundi à 11 h, les membres de la famille de la nommée Virginie Djemo, épouse Takoguem, décédée la veille à Keng pendant une dispute liée au dépouillement de l'élection présidentielle, pleuraient à chaudes larmes sur la cour du bâtiment abritant la Compagnie de gendarmerie de Bandjoun.
Le commandant de compagnie n’a pas souhaité s’exprimer sur les circonstances du drame, afin, a-t-il dit, « de protéger le secret de l’enquête ». Approchée, Léa Nadège Bakam, se présentant comme la troisième fille de la défunte, raconte : « Ma maman a voté et a attendu la fin des opérations. Au moment du décompte, elle s’est approchée. Pendant le dépouillement, quand on disait RDPC, elle criait oh yé ! N’est-ce pas je vous ai dit ! Lorsqu’on a terminé, le RDPC a obtenu 106 voix. Elle a commencé à jubiler. Un certain Nestor Wafo qu’on dit être un repris de justice l’a poussé. Elle lui a demandé pourquoi il l’a fait. Il s’est retourné et l’a bottée. Elle est tombée et ne s’est plus relevée. La scène s’est déroulée à l’Ecole publique de Keng où il y avait un bureau de vote. Le président du bureau de vote était là ainsi que tous les représentants des partis politiques présents. Ils sont sortis et ont vu ». Juste après ce récit, le commandant de compagnie conduit la famille éplorée vers le bureau du préfet du Koung-Khi pour une réunion. Chemin faisant, la mère de la victime, Jeanne Magne, déclare que sa fille était bel est bien une militante du RDPC depuis quelques années, après avoir quitté le SDF. « C’est moi qui l’ai amenée au RDPC », a confié la dame, abattue. Nous mettons alors le cap sur le lieu où l’incident s’est produit. Le village Keng est situé à environ six km du centre-ville de Bandjoun. Lorsque nous y arrivons, nous sommes accueillis au domicile conjugal par Jean Pierre Takoguem, l’époux de Virginie Djemo. Assis sur la véranda, il ne s’est pas fait prier pour donner sa version des faits : « Je n’ai pas vécu la scène. On m’a rapporté que monsieur Nestor Wafo l’a cognée au bas-ventre et elle est morte. Selon ce qu’on m’a raconté, après les décomptes, elle a dit RDPC oh yé plusieurs fois. Je ne sais pas à quel point Nestor Wafo s’est senti froissé pour commettre cet acte. Si mon épouse a jubilé de la sorte, c’est parce qu’elle soutient le RDPC. Moi, je reste militant du SDF. Je n’ai pas changé », a tranché Jean Pierre Takoguem. Deux membres de la famille nous ont ensuite conduit au domicile du chef du quartier, Topi Tamgno, qui déclare ne rien savoir des convictions politiques du présumé meurtrier. Puis, nous allons chez le mis en cause. C’est une maison en briques de terre, isolée dans un champ. Deux numéros de téléphone mobile sont inscrits sur la porte fermée à laquelle est accrochée une peau de serpent. Manifestement, l’occupant des lieux est absent. En cavale, d’après la gendarmerie. Il est 12h30. Nous nous rendons à l’Ecole publique de Keng, théâtre de la dispute. C’est l’heure de la deuxième pause. Les écoliers gambadent sur la cour, sous l’œil vigilant de Pierre Tatsi, le directeur. Il dit avoir appris la nouvelle tard dimanche. Mais un élève du CM2, Elvis Tabu, rencontré au carrefour situé à un jet de pierre de l’établissement, se présente comme un témoin oculaire du meurtre et relate : « Les opérations de vote se déroulaient dans la salle de classe. On n’acceptait pas qu’on entre. Ils étaient en train de bagarrer. Le monsieur cognait la mère et elle est tombée. On l’a portée pour l’amener ici (NDLR : carrefour) et nous avons appris qu’elle est morte. On a cédé le passage au monsieur. Les forces de l’ordre ont été appelées mais à leur arrivée, l’accusé avait fui ». Les gendarmes affirment avoir déposé la dépouille à la morgue de l’hôpital de Ndja dans la nuit du 9 octobre.