Docteur d’Etat ès ‘Sciences Mathématiques, Ingénieur en armement. Il a enseigné les maths à l’école d’ingénieur polytechnique de Yaoundé. Directeur général de SEPT-Cameroun (Société d’Etudes et de Promotion Techniques). Il nous parle de son glissement sur les sujets de participation citoyenne, de ses relations avec le feu Président Ahidjo et ses assurances quant à la psychose qui gagne les camerounais quand Paul Biya ne sera plus aux commandes.
« Quand je suis arrivé au Cameroun, certains ainés en service de l’Etat ont dit à Ahidjo que j’étais formé par la France pour le renverser du pouvoir. N’ayant pas suffisamment de preuves, il a préféré m’assigner à résidence surveillée. Je n’avais que 28 ans, son objectif était de détruire sans motif les intellectuels qui au contraire étaient mieux placer pour penser la philosophie du Cameroun. « J’ai été formé pour aider le pays et non pour le détruire. Mais malheureusement Ahidjo a cru que mon intention c’était de le renverser ».
C’est en 1977 que Dieu m’a inspiré de me jeter en politique pour changer positivement le pays. En août 1980 lorsque je rencontre le Dr Vroumsia Tchinaye à la recherche scientifique, nous partagions la même idée qu’Ahidjo se trompait de chemin ; qu’il orientait le Cameroun sur une pente très glissante. Sans répit, j’ai pensé à la création d’un parti politique. Le 12 aout 1980, nous avons écrit les statuts du parti.
Le RUN (Rassemblement pour l’Unité National) fût crée.
« Nous nous engagerons au travers de nos compétences, à éviter le désordre au Cameroun quand Biya quittera le pouvoir ».
« Le parcours du parti a été citoyen. Après les morts de Bamenda ; j’ai décidé de redonner vie à ce parti crée en 1980, le réaménager et le déposer pour légalisation à la sous-préfecture de Foumbot le 1er juin 1990. Après le lancement effectif du parti, Biya qui sentait un rayonnement de notre parti, nous a demandé d’aller aux élections. Nous avons trouvé cet acte démocratique, mais nous lui avons répondu que tout n’était pas réuni pour une transparence électorale. Il fallait changer les bases du pays avec une bonne constitution des lois électorales et républicaines pour que nous acceptions de présenter nos candidats.
Quand il a résisté, nous avons lancé l’opération ville morte. Celle-ci était pour le contraindre à convoquer une conférence nationale souveraine au sein de laquelle on devait résoudre tous les problèmes du Cameroun, mettre sur pied une bonne constitution et élaborer les lois électorales républicaines avant de prétendre mettre un organe chargé des élections indépendantes. En 1992, deux ans après, l’invitation de Biya nous interpellant d’aller aux élections que nous avons refusées, l’opposition camerounaise de courte ambition est allée à ces élections convaincues que les mêmes conditions inadéquates prévalaient. On a attiré leur attention sur le système de plein pouvoir de Paul Biya.
Aujourd’hui, il n’est pas envisageable qu’un parti d’opposition prétende à la majorité des sièges aux parlements ou encore plus gagner les élections présidentielles. Lorsqu’ils se sont entêtés, nous avons préféré mettre en veille nos activités politiques. Il fallait sacrifier une partie de notre carrière afin de permettre aux populations de vivre en paix et éviter la guerre. Ce que nous avons vécu dans certains pays africains est simplement déplorable. Dès ce moment, on nous confondait aux complices ou alliés de Biya.
Notre parti n’était pas crée pour s’opposer à Biya en personne, car le RUN a existé sous Ahidjo. Efficacement restés dans l’ombre, nous trouvons nécessaire de mettre aujourd’hui à contribution nos connaissances pour sauver le Cameroun du désordre et de la catastrophe orchestrée par Biya. Nous nous engagerons au travers de nos compétences, à éviter le désordre au Cameroun quand Biya quittera le pouvoir. Nous nous attelons chaque minute pour la cause sécuritaire dans notre pays mis en mal par des agitations inefficaces ».