Douala : Les candidats à l’épreuve de l’endurance
Douala : Les candidats à l’épreuve de l’endurance
Les services de la sous-préfecture de Douala 1er et du gouverneur reçoivent des centaines de diplômés en quête d’emploi.
A
la sous-préfecture de Bonanjo à Douala, la fiche de candidature pour le
recrutement massif à la Fonction publique, appartient à ceux qui se
lèvent tôt. Très tôt même. Claude Armand Tiague, 29 ans, a eu écho de ce
principe par le biais de ses nombreux camarades d’infortune qui l’ont
précédé dans ce parcours du combattant.
Je suis arrivé ici à 5
heures du matin, confie ce postulant à la fonction de «technicien
principal de génie électrique», l’un des nombreux postes à pourvoir à la
Fonction publique. «Mais ce n’est qu’à 8h30 que je suis entré en
possession de la fiche de candidature timbrée», poursuit-il sereinement,
en présentant le précieux sésame. Lequel permet au candidat de fournir
toutes les informations nécessaires à sa potentielle admission au rang
de «fonctionnaire». Après 5h30 de dure épreuve passée à retirer la
fiche, faire certifier diplômes et acte de naissance, Armand et son ami
Alain Enyegue se dirigent vers les services du gouverneur pour le dépôt
de leurs dossiers, soigneusement insérés dans des chemises cartonnées.
Mais quelques deux cents mètres plus loin, le duo a vite fait de
rebrousser chemin.
Motivation
La file indienne qui
barre l’entrée des services du gouverneur a en effet de quoi décourager
les deux compères. «C’est l’unique lieu de dépôt de dossiers pour les
candidats de la région du Littoral», lance Armand pour dédouaner les
centaines de candidats qui se pressent aux portes du gouvernorat du
Littoral.
A 11 heures et demie, le soleil qui pointe à l’horizon
freine l’élan d’Armand et son ami Alain. «J’ai déjà souffert pour en
arriver là, je préfère revenir demain pour déposer mon dossier»,
déclare-t-il sous le regard complice et compréhensif de son ami. Mais
ils sont manifestement peu nombreux ceux qui renoncent si près du but. A
la sous-préfecture, bien que les personnes qui acheminent les dossiers
auprès du sous-préfet et ses adjoints aient déclarés la fin du travail,
les candidats ont trouvé le moyen d’en «motiver» quelques-uns…
Plus
loin, à l’entrée des services du gouverneur, lieu de dépôt des
dossiers, 4 gendarmes postés à l’entrée, contrôlent une marée humaine.
D’ailleurs, une plaque située non loin de là avise : «les candidats sont
reçus individuellement». «Les horaires de réception de dossier sont
claires : de 8h à 12h et de 13h30 à 15h30». Il est déjà 13H3O et la
porte 217 des services du gouverneur n’est pas prête d’être libérée par
une centaine de candidats devenus compagnons de de misère par la force
des choses.
Les agents d’Elections Cameroon (Elecam) ne sont pas
loin. Inscrivez-vous ici, signale l’insigne de leur bureau, aménagé au
hall des services du gouverneur (qui abrite également la préfecture).
Mais l’essentiel est visiblement ailleurs pour les jeunes diplômés :
déposer enfin leurs dossiers et prendre le chemin du retour. Dans ce
dernier virage, Aïcha, une jeune dame, s’en tire haut la main. «Ouf !»,
lance-t-elle au bout de sa peine. Sous les regards envieux d'Armand et
Alain résolus à remettre à plus tard, le dépôt de leurs dossiers.
Monique Ngo Mayag