La semaine dernière, Auguste Ekobena est reçu à l'hôpital de Bonassama à Bonaberi pour des orteils broyés. Le pauvre vendeur à la sauvette s'est fait écrasé les orteils par un taxi raconte t-il. Le même jour, Antoine a perdu son bras droit parce qu'il avait tenté de faufiler entre deux camions au niveau du feu rouge à Bessengué.Plus loin encore, c'est la route qui est barrée ou mieux encore ce sont les égouts qui vous chatouillent les narines.Telle est l'image de cette capitale dit-on économique du Cameroun, parmi tant d’autres.
Parfois dans cette ville, on ne sait plus où donner de la tête. La journée commence par un cycliste imprudent que vous évitez de justesse et qui vous gratifie d'une insulte après son forfait. Le temps de vous éloigner du trottoir pour éviter un autre acte d'incivisme des usagers de la route, c'est une moto taxi qui renverse en plein trottoir son passager. Si l'accident est minime et que la moto n'est pas abîmée, c'est le conducteur de la moto qui se relève et s'en va avec sa moto, laissant le passager sur le lieu de l'accident.
A l'entrée de la ville de Douala en provenance de l'Ouest, déjà à Bonaberi, alors que vous roulez en file, un car de marque Hiace d'une carrosserie douteuse laisse échapper une épaisse fumée noire. Quelques minutes plus tard, le véhicule tombe en panne. Il s'immobilise sur la chaussée. Chaque usager cherche à se frayer du passage
C'est à Douala que nous avons vu des taxis stationner en pleine chaussée pour attendre les clients. Et ce n'est pas tout, si vous habitez Bonaberi, il serait souhaitable pour vous, de vous rendre au Rond point Deido très tôt dans la matinée. Toujours des embouteillages, des fils interminables de véhicules.
Que dire du commerçant du coin ?
Il faut toujours disposer de la monnaie pour s'y rendre. Si vous achetez par exemple un stylo à 150 francs Cfa et que vous tendez 200 frs au boutiquier, il vous rétorque sous un air hautain, je n'ai pas la monnaie." Si vous ne voulez pas, prenez deux bonbons." Ajoute-il.
Alors que Tamba, taximan de son état doit déposer trois clients à la Rue de la Joie à Deido. Le chauffeur qui vient de s'engager sur le Boulevard de la Liberté à Akwa s'arrête soudainement, fâché au niveau de l'ancien Hôtel le Ndé. Au niveau de cet hôtel, des tentes sont montées le long du boulevard. Ce sont les habitants du coin qui s'apprêtent à fêter la jeunesse. Le week-end qui suivra, c'est une famille qui profitera de la présence de ces tentes pour organiser une veillée. Chacun se laisse faire que l’on soit voisin ou passant.En principe, il ne se passe presque plus une semaine sans qu'un deuil n'occasionne des barrages et occupations de la route commune.
Pour certains, c'est depuis les années de villes mortes qu'on a commencé à vivre cette situation à Douala. D'autres estiment que cet incivisme trouve sa source dans l'impunité qui règne au Cameroun. Au niveau des autorités locales, quelques fois des communiqués sont lus à la radio pour condamner ces agissements mais sans suite.
Voyez ces trottoirs, ces rues, ces carrefours occupées par des femmes qui braisent du poisson. Que disent les autorités locales devenues amorphes face à la montée de l'incivisme à Douala ? Que dire de cette jeune fille belle de nuits qui, assise jambes entrouvertes aux bons yeux des touristes et à la merci des moustiques du coin ? Rien n'y fait, les habitants de Douala donnent même l'impression d'accepter la situation et de vivre avec. Que faire ? Le Cameroun c’est le Cameroun..