Ces
deux phénomènes sont sans cesse grandissants. Selon plusieurs
personnes, elles permettent d’extérioriser des nombreuses frustrations
accumulées à longueur de journées.
Si l’injure est une religion, Douala sera un sanctuaire. Et les
résidants, des adeptes inconditionnels. Tant, le phénomène d’injures et
engueulades publiques a pris une proportion inquiétante dans cette
ville. Jeune comme adulte. Homme comme femme. Lettré comme illettré.
Tous sont rentrés dans la danse. A toute heure et en tout lieu, l’injure
est au rendez-vous. Comme dirait quelqu’un : pas un pas sans se faire
injurier ou assister à une scène d’enguelade.
Vendredi 31 août 2012. Il est 14 h. Au carrefour salle des fêtes d’Akwa, les voitures avancent à une vitesse de tortue. Les travaux effectués sur cet axe depuis plusieurs mois sont la cause. Un conducteur de moto en forçant le passage, gratte la peinture d’une voiture avec son engin. Courroucé, l’homme est sorti en lui demandant d’améliorer sa conduite. Il reçut en retour injures et menace de mort. « Fils de P… Un bandit comme ça. Tu t’amuses je casse ça et t’envoie à l’hôpital », vocifère le ben-skineur.
Des scènes d’irritation et d’injures sont récurrentes dans la ville de
Douala. Plusieurs personnes expliquent cela par la diversité de
mentalités recensée dans cette ville cosmopolite. « Les gens ici
viennent de partout avec leur mentalité différente. Il est difficile de
les canaliser d’où les débordements constant observés », soutien Martine
Dimodi.
Cette poussée fulgurante inquiète davantage les parents. Car, elle s’étend jusque dans les domiciles. Elevant ainsi la ville en capitale nationale des injures et engueulades publiques. Pour Etienne Nforgang, « ces scènes sont très vite captées par les enfants. De retour à la maison, ils le reproduisent exactement comme en route». Quant à Bidjoka, étudiant en droit et sciences politiques à l’Université de Douala, ce phénomène s’expliquer par le fait que «Douala est située dans une zone chaude.
Par conséquent, les esprits sont toujours
échauffés. Pour les abaisser, il faut se défouler et chez nous, ce sont
les injures qui priment. Ailleurs, comme dans le Moyen-Orient, le
défoulement, c’est la guerre ; voilà pourquoi, il y en a assez là-bas ».
80% de langage ordurier
S’agissant dudit phénomène, les sociologues ont aussi leur mot à dire.
François Guebou Tadjuidje, enseignant de sociologie à l’Université de
Maroua, l’explique comme étant le seul moyen de lutter contre les
frustrations sociales et conjugales accumulées à longueur de journées.
Finalement, la population « use d’un langage ordurier adopté à plus de
80% dans la ville de Douala…», explique François Guebou Tadjuidje.
Pourtant, dans les villes comme Buea, Yaoundé ou Bafoussam, les injures
et engueulades publiques sont moins fréquentes. Les habitudes et
l’éducation devraient être revues dans cette ville.