Douala : 11 enseignants de l’université convoqués au conseil de discipline
Le Jour a appris que la plupart des enseignants concernés ont déserté les salles de cours et résident à l'étranger. La lettre de convocation datée du 30 mars 2010 ne mentionne pas les faits reprochés aux enseignants. L'un des enseignants convoqués, Jean Gatsi, est prié de « retirer à la Commune urbaine de Douala 5ème, sa convocation au conseil de discipline de l'université de Douala du jeudi 08 avril 2010 ». C'est en principe ce lundi 5 avril qu'il en sera notifié par le doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp), Modi Koko. Jean Gatsi, enseignant à la Fsjp, affirme qu'il ne s'est rendu coupable d'aucun manquement professionnel. « Je n'ai jamais reçu de demande d'explication, ni un avertissement encore moins un blâme relativement à mon travail d'enseignant. Je ne vois donc pas où est la faute que j'ai commise », se défend-t-il. Hier après-midi, le doyen de la Fsjp, le professeur Modi Koko a indiqué au Jour qu'il avait une obligation de réserve et que le conseil de discipline est confidentiel. Le recteur quant à lui était injoignable au téléphone.
Le 15 février 2010, les services du recteur ont enregistré une plainte administrative de Francis Jérôme Wandji, chargé de cours à l'université de Douala, contre Jean Gatsi. Francis J. Wandji raconte qu'il a reproché à Jean Gatsi d'avoir accusé ses collègues Alaka Alaka et Aloys Mpessa de manipuler l'étudiant Jacques Mang, qui accusait Jean Gatsi de sodomie. Francis Wandji affirme également qu'il a reproché à son collègue Gatsi d'avoir proféré des insultes contre le vice recteur, Nicole Claire Ndocko. « Depuis lors, je reçois des messages téléphoniques m'accusant de complicité de viol du Dr Alaka sur une fillette de six ans », écrit Jérôme Wandji. « Ce jour, 17 décembre 09 à 10h11, j'ai reçu du 94360087, un numéro de call box situé au carrefour Ange Raphaël, des menaces de mort, d'une voix d'homme, identifié par la callboxeuse comme un monsieur d'âge mûr. Suivant les propos de ce dernier, je vais payer pour le soutien que j'apporte aux fraudeurs Alaka et Mpessa », se plaint encore l'enseignant Wandji.
Les 11 enseignants convoqués
1) Jean Gatsi, Maître de conférences à la Faculté des sciences juridiques et politiques
2) Charles Foming, chargé de cours à la Faculté des sciences économiques et de gestion appliquée
3) Taga Ibrahim, chargé de cours Fs
4) Vincent de Paul Onana, chargé de cours à l'Iut
5) Manga Manga, Assistant Iut
6) Jean Bosco Baongla, assistant Iut
7) Antoinette Essomba Menyeng, chargée de cours Essec
8) Pascal Bayl Balata, chargé de cours Essec
9) Edimo Mongory, assistant Essec
10) Thomas Nganya, chargé de cours Enset
11) Jean-Claude Tchamba, assistant Enset
Écrit par Thierry Nyope |
Mercredi, 07 Avril 2010 15:40 |
Les raisons de cette traduction sont inconnues. Selon les sources universitaires, ils comparaîtront devant le Conseil de discipline convoqué par le recteur, Bruno Bekolo Ebe, le 08 avril prochain à 10 heures. La lettre de convocation datée du 30 mars 2010 ne mentionne pas les faits reprochés aux enseignants. Mais il se susurre qu'ils sont accusés d'avoir, pour la plupart, déserté les salles de cours et résident à l'étranger. L'un des enseignants convoqués, Jean Gatsi, estime qu'il ne s'est rendu coupable d'aucune faute. « Je n'ai jamais reçu de demande d'explication, ni un avertissement encore moins un blâme relativement à mon travail d'enseignant. Je ne vois donc pas où est la faute que j'ai commise », argue-t-il. Le doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques s'est quant à lui refusé à tout commentaire, sous prétexte qu'il est soumis à un droit de réserve. Les enseignants en question sont : Jean Gatsi, Maître de conférences à la Faculté des sciences juridiques et politiques ; Charles Foming, chargé de cours à la Faculté des sciences économiques et de gestion appliquée ; Taga Ibrahim, chargé de cours Fs ; Vincent de Paul Onana, chargé de cours à l'Iut ; Manga Manga, Assistant Iut ; Jean Bosco Baongla, assistant Iut ; Antoinette Essomba Menyeng, chargée de cours Essec ; Pascal Bayl Balata, chargé de cours Essec ; Edimo Mongory, assistant Essec ; Thomas Nganya, chargé de cours Enset ; Jean-Claude Tchamba, assistant Enset.
Thierry Nyope |
Ils ont comparu devant le Conseil de discipline convoqué par le recteur, Bruno Bekolo Ebe, le 08 avril dernier. Ces enseignants convoqués, d'après les informations clamés par le quotidien Camerounais le jour ont déserté les salles de cours et résident à l'étranger. La lettre de convocation datée du 30 mars 2010 ne mentionnait pas les faits reprochés à ces professeurs.
Les 11 enseignants convoqués
1) Jean Gatsi, Maître de conférences à la Faculté des sciences juridiques et politiques
2) Charles Foming, chargé de cours à la Faculté des sciences économiques et de gestion appliquée
3) Taga Ibrahim, chargé de cours Fs
4) Vincent de Paul Onana, chargé de cours à l'Iut
5) Manga Manga, Assistant Iut
6) Jean Bosco Baongla, assistant Iut
7) Antoinette Essomba Menyeng, chargée de cours Essec
8) Pascal Bayl Balata, chargé de cours Essec
9) Edimo Mongory, assistant Essec
10) Thomas Nganya, chargé de cours Enset
11) Jean-Claude Tchamba, assistant Enset
Le Cameroun à l'heure de la répression politique dans les universités
Le Professeur agrégé Jean Gatsi vient de recevoir sa convocation signée du Recteur de l'Université de Douala, Bruno Bekolo Ebe. Il doit répondre le 08 avril prochain des « publications de son site Web où il profère des injures et menaces à l'endroit des autorités de l'Université et du chef de l'Etat », peut-on lire dans le document que nous avons consulté.
Le dossier remis aux membres du conseil de discipline et que nous avons également consulté est visiblement vide. Il est composé essentiellement de trois documents : 1) deux pages photocopiées de commentaires anonymes des internautes publiés sur le blog de l'enseignant et datés des 25 et 31 août, 29 septembre, 31 octobre, 03 et 05 novembre 2009 ; 2) un extrait d'une interview publiée sur le site www.cameroun-info.net à la suite de sa grève de la faim de 2008, et 3) une lettre intitulée « Plainte administrative » du 17 décembre 2009 d'un chargé de cours Dr. WANDJI K, Jérôme Francis adressée directement au Recteur Bekolo Ebe. C'est donc un dossier complètement politique ; il n'y a rien qui permet de retenir une faute disciplinaire à l'endroit de l'enseignant de droit.
Le site en question est le blog camerounlibre accessible par le lien http://camerounlibre.blogspot.com . Sur ce site dédié à la liberté du peuple camerounais, Jean Gatsi demande notamment de « refuser à Paul BIYA le droit de détruire davantage le Cameroun ». C'est donc un site personnel véritablement tourné vers l'opposition au régime en place au Cameroun, même si de temps en temps on peut y lire des articles équilibrés ou ceux rédigés par des gens du pouvoir.
Ambiance morose à l'université de Douala
La nouvelle fait grand bruit à Douala en ce moment, notamment auprès des étudiants qui ne comprennent pas comment leur enseignant peut être traduit au Conseil de discipline en raison de ses opinions politiques. Cela est d'autant plus curieux que l'administration de l'université de Douala ne reproche à cet enseignant aucune faute professionnelle. « Il fait bien ses cours et nous respecte », déclare un étudiant. Par ailleurs, Jean Gatsi n'a jamais reçu de demande d'explication, encore moins une lettre d'observation, ni du Doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques où il enseigne, ni du Recteur de l'Institution. Or il s'agit là de préalables à la convocation d'un enseignant au conseil de discipline.
Un étudiant rencontré sur le campus nous a présenté un sms de sensibilisation envoyé à beaucoup de ses camarades, sans doute par le camp du professeur de droit qui a décidé de contrattaquer contre ce qu'il estime être « la violation de sa liberté d'opinion par le Recteur Bekolo ». On peut y lire ceci : « A diffuser : Le recteur Bekolo Ebe masque le vol de 850 millions par son frère à l'université en tentant de tuer le Pr. Jean Gatsi. Soutenez votre professeur ».
Ambiance morose donc, qui témoigne sans aucun doute de l'affrontement à venir entre les deux camps.
Du règlement de comptes à la volonté de détourner l'opinion sur les détournements à l'université de Douala
De responsables de l'université parlant sous anonymat nous révèlent leur gêne. Selon eux, ce conseil de discipline n'était pas opportun, à un moment où la paix règne sur le campus. D'ailleurs, Jean Gatsi est le seul professeur de rang magistral convoqué à ce conseil, puisque les autres enseignants convoqués on abandonné leurs postes depuis de longues années et vivent au Canada ou aux Etats unis. « On ne reproche aucune faute professionnelle à cet enseignant ; on lui reproche ses prises de position publiques contre le régime », déclare un enseignant.
C'est dire que c'est un « conseil de discipline à tête chercheuse », qui vient régler un compte personnel entre le Recteur et l'enseignant de droit, et sans doute repositionner le premier qui se trouve en extrême difficulté depuis la révélation du détournement par son cadet de près d'un milliard des comptes des établissements de l'université de Douala. A ce jour d'ailleurs, ce caissier principal, Maker Ebe, n'a jamais été entendu par la police judiciaire.
Le recteur serait donc entrain de détourner l'attention de l'opinion, histoire de faire en sorte que l'on ne parle plus de ces détournements, le temps que l'attention soit focalisée sur l'affaire qui l'oppose à l'agrégé de droit marginalisé, à qui il n'a jamais offert de toge comme il est de tradition, et dont la cérémonie d'adoubement n'a jamais eu lieu.
C'est un risque qu'il prend certes, mais pour se repositionner devant le régime, en ces moments difficiles pour lui, comme le « Monsieur sécurité » des universités camerounaises. Cela l'aidera peut être à rebondir et à étouffer l'affaire des détournements massifs à l'université de Douala.
Purge : la volonté du régime de Paul Biya de museler les enseignants-opposants
D'aucuns voient dans ce « conseil de discipline politique » la main du régime en place. En effet, Jean Gatsi est connu au Cameroun en ce moment pour ses opinions critiques à l'endroit du régime camerounais et de son chef Paul Biya. Sur son site camerounlibre, il ne passe pas par quatre chemins pour dénoncer les abus divers commis par le pouvoir en place (violation des droits de l'homme, corruption, tribalisme, etc.). Certains lui reprochent ouvertement de relayer les messages du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE) qui tente à l'heure actuelle de déstabiliser le Chef de l'Etat par tous moyens.
L'enseignant de droit affirme que depuis quelques semaines, il reçoit des menaces anonymes de mort sur son téléphone portable. Les instigateurs seraient la police politique du régime qui souhaiterait le faire taire ou carrément se débarrasser d'un formateur visiblement encombrant, dont les prises de positions publiques deviennent de plus en plus gênantes. Surtout que cet enseignant a créé, depuis janvier dernier un parti politique, le « Rassemblement pour la libération des camerounais (MPLC) » auquel adhèrent déjà de nombreux étudiants.
Il s'agirait donc d'une autre phase du durcissement du régime à l'endroit de tous ceux qui peuvent constituer un obstacle à la réélection de Paul Biya en 2011.
Le message s'adresserait ainsi à tous les enseignants camerounais qui oseraient prendre officiellement parti contre le régime en place depuis 28 ans.
La semaine qui commence promet d'être chaude sur le campus de l'Université de Douala. Jean Gatsi a promis de réagir de la plus belle manière face à cette énième provocation du Recteur. Nous scrutons la suite des événements.
J. D. SIGABET à Douala, Cameroun