Produits de première nécessité, vêtements, scolarisation des détenus mineurs, défense des droits : de nombreuses associations viennent en aide aux détenus pour améliorer leur quotidien.Le 3 septembre dernier, un incendie ravage les cellules spéciales 18 et 20 de la prison centrale de Douala. Tout juste deux mois après, le 25 octobre, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) offre aux détenus, un four à micro-ondes et un congélateur d’une capacité de 500 litres. Quelques temps plus tôt, c’est la communauté nigériane qui manifestait sa solidarité, en offrant des vêtements, des sacs de riz, des cartons de savon, du sel, du sucre, à ses ressortissants... Dans la foulée, l’Association des réfugiés sans frontière avait, elle aussi, fait des dons de même nature. Outre ces aides de première nécessité, l’Association nationale Cameroun avenir (Anacav) organise un championnat de football pour les détenus au sein de la prison centrale de Douala, et Charité sociale humanitaire (Chasoh) prend en charge l’alphabétisation des détenus mineurs.
Défense des droits
Plusieurs raisons expliquent ces actions. "Ce qui nous motive ce sont les mauvaises conditions de détention des détenus. Leurs droits les plus élémentaires ne sont pas respectés : le droit à l’information, à la santé, à la nutrition. La dignité humaine n’est pas toujours respectée", explique Jacques Dooh Bell, chef d’antenne régional pour le Littoral de la CNDHL. Idem pour les autres associations qui veulent s’assurer que les détenus ont au moins le minimum pour vivre. En plus d’offrir des dons, Avocats sans frontière (ASF) assure la défense des droits des détenus abandonnés par leur famille et qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat. "Nous leur apportons une assistance juridique afin qu’ils puissent avoir la liberté parce qu’elle n’a pas de prix. Les détenus ont droit à un procès équitable", explique Me Nsali Mbébi Madeleine, membre d’ASF Cameroun.
L’association Chasoh n’a pas la tâche facile. La prise en charge de la scolarisation des détenus mineurs demande d’importants moyens financiers qui ne sont pas toujours disponibles. Cependant, "quand on a la volonté d’aider, les moyens viennent tout seul. Il ne faut pas forcément être très riche pour aider les nécessiteux. Je suis une fonctionnaire. Je prends un peu de mon salaire, un peu de l’argent que me donne mon mari et les divers dons que je reçois parfois", indique Mme Magne épouse Tagne Tapia, présidente de Chasoh.
Elle poursuit. "Je paye toutes les fournitures scolaires des mineurs emprisonnés et je prends en charge leurs enseignants qui sont eux aussi des détenus". Contrairement au Chasoh, d’autres associations bénéficient d’appuis financiers de divers ordres. La CNDHL bénéficie de l’aide du gouvernement camerounais et de certaines organisations des Nations Unies à l’instar du Programme des nations unies pour le développement (PNUD). Il en est de même de l’Association des réfugiés sans frontières (ARSF) et d’Avocats sans frontières (ASF) qui bénéficient respectivement d’une subvention de l’Union Européenne et du financement d’avocats sans frontières France en plus des cotisations internes des membres d’ASF Cameroun.
Des financements qui peuvent leur permettre des investissements futurs en faveur des détenus : CNDHL entend installer des tentes pour les détenus qui dorment à la belle étoile ; ARSF va poursuivre son "projet de défense des droits des détenus et de l’amélioration des conditions de détention ", lancé en 2010. "Il vise la formation des procureurs, régisseurs de prison, avocats, gendarmes et policiers sur l’application du code de procédure pénal. On entend aussi intensifier le paiement des contraintes par corps, des amendes des détenus afin qu’ils retrouvent la liberté", énumère Daniel Moundzego, son président.
D’où la satisfaction du régisseur de la prison centrale de Douala. "Ce sont des appuis sociaux. Ça va en droite ligne avec l’assistance aux détenus. C’est un complément parce que les moyens que l’Etat met à notre disposition ne sont pas suffisants au regard de l’effectif des prisonniers. C’est un appui salutaire", se réjouit Dieudonné Engonga Mintsang