Doctrine Juridique: Vous ne pouvez pas cacher l'éléphant dans les trous de souris. Le cas de la détention arbitraire du ministre d’État Marafa Hamidou Yaya

Source: Camer.be 14 10 2017

Cameroun, Doctrine Juridique: Vous ne pouvez pas cacher l'éléphant dans les trous de souris. Le cas de la détention arbitraire du ministre d’État Marafa Hamidou Yaya :: CAMEROON
En reconnaissant que le ministre d’État Marafa Hamidou Yaya était réellement en détention arbitraire, les Nations Unies font de facto valoir la doctrine juridique selon laquelle «Vous ne pouvez pas cacher des éléphants dans des trous de souris», laissant ainsi entendre que malgré la la propagande totalitaire qui prévaut au Cameroun, certains problèmes et défis ne peuvent pas être infiniment cachés, mais mériteraient donc d'être confrontés et traités au plus vite.

 

Comment expliquons-nous cela?

Le Cameroun est probablement le seul pays au monde à avoir un gouvernement entier en prison. Outre la tactique machiavélique bien connue et identifiée d'un chef de l’État de 85 ans au pouvoir depuis 35 ans, l'un des effets secondaires de cette inertie institutionnalisé est le manque de structures adéquates avec des compétences stables pouvant permettre d'absorber et résorber les crises de manière professionnelle au Cameroun. C'est à ce modèle de technocratie performante que se réclame Marafa Hamidou Yaya: c'est à dire l'idée d'une technocratie africaine au cœur et en phase avec sa modernité. Une technocratie qui comprend que les compétences nécessaires à la résolution des problèmes et l'efficacité requise pour ce faire sont la seule réelle police d'assurance, pas la fiducie administrative, l'autorité arbitraire, et l'approche légale despotique du droit sur laquelle repose et se fonde le dictateur Paul Biya.

D'où l'opération Épervier par laquelle le ministre d’État Marafa Hamidou Yaya a été reconnu coupable «de complicité dite intellectuelle de détournement de deniers publics», accusation née vraisemblablement de l'imagination fertile du dictateur et ses conseillers.

 

Le CL2P reconnaît tout le mérite de la campagne nationale initiée par le gouvernement camerounais d'avoir voulu lutter contre la corruption endémique au Cameroun. Cependant l'Opération Épervier doit être légalement poursuivie sans être pilotée à partir d'un cabinet noir directement sous les ordres du dictateur Paul Biya, dirigé par son cousin Jean Foumane Akame (son redouté conseiller juridique), à la merci de théories et interprétations juridiques les plus absurdes. Comme le démontre inlassablement le CL2P, «l’intelligence» supposée du ministre d’État Marafa Hamidou Yaya avec «les prévaricateurs de la fortune publique» n'a jamais été prouvée devant un tribunal au Cameroun. Il est donc clairement inconstitutionnel de priver le ministre d’État de ses droits humains inaliénables et élémentaires depuis plus de cinq (05) années. Mais le régime despotique légal de Paul Biya s'emploie néanmoins, y compris de manière ridicule, à cacher les éléphants dans les trous de souris.

 

Pourtant si ce régime avait mené l'Opération Epervier de manière objective pour notamment reconstruire une économie saine dans le pays, les résultats auraient été indéniablement là et tout le monde les aurait appréciés. Hélas selon Transparency International, le pays demeure l'un des plus corrompus de la planète. Parce que, en réalité, l'opération Épervier ne fonctionne pas. Le cas Marafa est l'exemple flagrant que le Cameroun n'est pas une république et une nation régie par la Loi, mais par un arbitraire moyenâgeux.

Il y a cependant des possibilités de résorber ce genre de despotisme légal. La solution passe inévitablement par des élections libres, transparentes et équitables, ainsi qu'une onction populaire autour d'un consensus démocratique. Cela exigera forcément que les prisonniers politiques soient libres de participer eux-aussi à la reconstruction d'un vrai processus démocratique, et que l'opération Épervier se transforme alors en référendum populaire. Et si le président Biya est le démocrate qu'il prétend être, pourquoi ne soumet-il pas son Opération Épervier à un référendum, laissant ainsi le peuple camerounais approuver les contours légaux de celle-ci? Est-ce trop demander dans une société qui se veut démocratique?

Version anglaise

Cameroon: You Can’t hide elephant in the mouse holes Legal Doctrine: The case of Senior Minister Marafa Hamidou Yaya

By recognizing that senior minister Marafa Hamidou Yaya was in fact in arbitrary detention, the United Nations push forth the legal doctrine that “You can't hide elephants in mouse holes” which means that some issues/problems/challenges cannot be hidden/concealed but have to be faced and dealt with.

Hence, The CL2P has not only predicted the Anglophone crisis but also the inability of an incompetent regime out of imagination to lay out a process out of that crisis and many crisis facing the country as well. How do we explain that?

Cameroon is probably the only country in the world to have a whole government in prison. Besides, the well-known and recorded Machiavellian tactic of the head of state in power for 35 years and 85 years-old, the side effects of that policy is the lack of competent structures of stability to absorb crisis in professional manner. That is the kind of technocracy that the like of Marafa Hamidou Yaya signed up for. The idea of an African technocracy at the core of its modernity. A technocracy that understands that problem solving skills and efficiency are the only insurance policy not administrative fiat, executive overreach and legal despotic reading of the law the dictator relies upon for his rule. Therefore, the Operation Epervier were senior minister Marafa Hamidou Yaya was convicted of “intelligence with the prevaricators of the public fortune.”

The CL2P supports the merit of the government’s agenda to fight endemic corruption in Cameroon. However, as first-order matter, the Operation Epervier must be enacted lawfully and not instituted by a dark Cabinet in the president office lead by Jean Foumane Akame and strained legal interpretations alone. As the CL2P, tirelessly, demonstrate, the senior minister’s “intelligence” was never proven in the court of law. Thus depriving the senior minister of his inalienable human rights is clearly unconstitutional. However, Biya’s legal despotic regime keeps trying to hide elephants in the mouse holes.

 
If the Biya’s regime had properly prosecuted the Operation Epervier to remake the nation’s economy, the results would have been there for everyone to see. However according to Transparency International, the country remains the most corrupt in the planet. In fact, consequently, the opposite is true and the Operation Epervier does not work. The Marafa’s case is a blatant example that Cameroon is not a republic and a nation of laws.

There are ways, however, that this kind of miscarriages of justice can be fix. It requires free and fair election and the popular unction and democratic assent to roll back this kind of legal despotism but that will require that the political prisoners be free and allow to participate and turn the Operation Epervier into a popular referendum. If the president Biya is the democrat he says he is, why do not he put his Operation Epervier to a referendum and let the Cameroonian people decide? Why is it too much to ask in a democratic society?

 

Olivier Tchouaffe, PhD, Contributor to the CL2P

© Correspondance : Olivier Tchouaffe, PhD, Contributeur Au CL2P


14/10/2017
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres