En dehors des périodes électorales ou de la publication d’importants actes du chef de l’Etat, à l’instar des remaniements ministériels, la scène politique camerounaise est généralement terne. Or, cette scène a besoin de temps en temps d’être animée par des débats fécondants pour la démocratie camerounaise, et même dans l’optique de la formation d’une conscience nationale porteuse de progrès. La nature ayant horreur du vide, certaines organisations politiques, de la société civile, voire des individus qui éprouvent un besoin d’exister par tous les moyens, à tout prix et à tous les prix, font par moments irruption dans cet univers fertile, avec des révélations et autres « scoops » taillés à la mesure de leurs intentions afin, non seulement de se rendre intéressant, mais aussi pour servir des intérêts inavoués.
Il en est ainsi du « réquisitoire » dont est victime depuis quelque temps Franck Emmanuel Biya, fils aîné du président de la République. Le jeune opérateur économique est accusé d’avoir, grâce à des complices haut placés « spolié l’Etat du Cameroun des sommes pouvant dépasser 100 milliards de francs », suite au rachat de titres auprès de la Cameroon Télécommunications (Camtel). Par l’entremise d’Afrione, une entreprise dont il est le président du conseil d’administration.
Depuis que ce pavé a été jeté dans la mare, il ne se passe plus de jour sans que l’on lise dans les colonnes de certains journaux, ou que l’on entende à travers les ondes des radios et télévisions, des déclarations tendant à faire croire qu’il s’agit bel et bien, dans le cas d’espèce, d’un délit d’initié. Et leurs auteurs ne manquent pas de s’étonner du fait que jusqu’ici, ni la représentation nationale qui siège à Ngoa-Ekelle depuis quelques semaines, ni les structures en charge de la préservation de la fortune publique (ANIF, CONAC, CONSUPE, Justice), ne se soient pas intéressées à une si grosse « affaire ».
Il est libre de penser, dans ces conditions, que l’objectif visé par les initiateurs de ces fracassantes « révélations » était, non pas d’éclairer l’opinion sur une transaction pourtant reconnue comme normale et régulière par des spécialistes de la finance et des marchés des capitaux, mais de tenter une fragilisation du pouvoir suivant le principe bien connu : « Quand le bras faillit, on punit la tête ». En d’autres termes, la personne à blâmer ne serait autre que le chef de l’Etat lui-même.
Au moment où le président Paul Biya poursuit sans répit et sans faiblesse l’opération d’assainissement des mœurs publiques, selon l’engagement pris devant le peuple camerounais de n’épargner personne, quel que soit son statut social, il se trouve des prévaricateurs tapis dans l’ombre qui ne demandent qu’à faire diversion pour détourner l’opinion d’un combat capital. Car, ainsi que l’a révélé le récent rapport de la Conac sur la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics, le loup est dans la bergerie. Toutes celles et tous ceux qui recourent à des manœuvres peu orthodoxes du genre manipulation, intoxication ou calomnie pour tenter d’endormir l’opinion sur leurs propres exactions, ou de donner un coup d’arrêt au combat engagé contre le fléau qui mine la nation n’ont qu’à bien se tenir. La duperie ne passera pas. La diversion non plus.