Disgrâce: Les Duala ont-ils trahi Paul Biya?
DOUALA - 09 Avril 2012
© Victor NDOKI (Les Nouvelles du Pays) | Correspondance
Depuis la présidentielle, il souffle comme un mauvais vent dans le ciel des relations des Duala avec Paul Biya. A la lumière du dernier renouvellement des serviteurs de l'Etat, on a l'impression que le couple qui filait le parfait amour, il n'y a pas si longtemps encore, est à hue et à dia.
Lorsqu'en 1996, le Président de la République promulgue la nouvelle Constitution consacrant les droits des minorités, les Duala, aussi bien que d'autres minorités nationales, ont compris que Paul Biya était à leur écoute. Ceux-ci n'ont jamais eu de cesse de manifester leurs inquiétudes de peuple minoritaire dans une République qui faisait mine de ne rien voir. Cette reconnaissance, qui sonnait comme une grande victoire pour les minorités, scellait un véritable pacte d'amour entre ces derniers et le chef de I’Etat. Enfin, ils pouvaient dormir tranquille, sachant que la République veillait désormais sur leurs intérêts.
Dans la foulée, ils revendiquaient la direction de certaines entreprises publiques et parapubliques installées sur leur sol, comme cela est aussi de tradition à ailleurs. A défaut de les obtenir toutes, Paul Biya confiait, en 2008, la direction générale du Port autonome de Douala à l'un de leurs fils. Une chose inédite depuis la création du Port. C'est à Jean-Marcel Dayas Mounoume qu'est revenu l'honneur et le privilège de porter l'ambition des siens. Ainsi, perdure la lune de miel. D'autant plus que depuis longtemps, le chef de l'Etat a toujours su garder une bonne place aux fils Duala dans les arcanes du pouvoir. Camille Ekindi, conseiller technique à la présidence de la république, est quand à lui nommé à la tête du Crédit foncier, ou même Pierre Ekoulé Mouanguè à la Bourse des valeurs de Douala.
L'impair de la campagne
Voilà que survient la présidentielle 2011. Paul Biya s’attend naturellement à un renvoi d'ascenseur de la part de ses dévoués. Son parti, le Rdpc, les envoie à Douala, comme chef de délégation l'un des leurs, le plus élevé dans la hiérarchie du pouvoir: Laurent Esso, alors ministre d'Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République. Ce faisant, le parti au pouvoir espère obtenir une belle fédération autour de son homme de confiance pour obtenir des résultats optimaux à l'issue de l'élection présidentielle.
Il faut noter que Douala, ville cosmopolite dans laquelle les autochtones Duala sont devenus minoritaires, depuis des années, est devenue l'un des bastions de l'opposition, d'autant que certains de ses enfants tels que, Jean Jacques Ekindi, Anicet Ekanè, Olivier Billé, Henriette Ekwè et bien d'autres sont des grands opposants au régime. Dans cette ville, le Sdf et l’Udc y sont fortement représentés. Que dire des dissensions internes au Rdpc, l'Honorable Thomas Tobbo Eyoum, Coordonateur des activités du Parti dans le Wouri et les responsables de sections se regardent en chiens de faïences. Comment dans un tel climat délétère, obtenir la majorité des suffrages?
Malgré ces grosses difficultés, le candidat du RDPC fera l'un des meilleurs scores depuis 1992. A l’arrivée, Paul Biya s'en est tiré ave 51 % des suffrages exprimés en sa valeur. A Yaoundé, on croit savoir que Paul Biya a été mal récompensé par ses dévoués. Certes, la mission de l'ancien Sgpr à Douala n'a pas été des plus réussies, ses frères ayant péché par un manque criard de réalisme et de pragmatisme. Mais l'on doit tout de même reconnaitre que malgré l'absence des scores staliniens, malgré les pièges internes liés aux équipes du parti à Douala, le plus important aura été fait, à savoir, donner la victoire nette au candidat Paul Biya. Certaines personnes de la communauté de Douala n’ayant pas compris que c’est à la communauté Duala que les résultats probants profiteraient, ils ont passé le temps de la campagne à se tirer dans les pattes. Une attitude qui a sans doute contribué à faire chuter le score du Rdpc dans le Wouri.
La faute à Douala et non aux Duala
Mais il faut interroger l’impact de ce dysfonctionnement des Duala pendant la campagne électorale sur les résultats du Rdpc. Faut-il le rappeler, ce peuple fait partie des minorités de ce pays. Ce qui suppose leur influence généralement négligeable en termes de nombres. Que certains d'entre eux se soient loupés pendant la campagne présidentielle ne peut pas à lui seul expliquer le score moyen du RDPC. Ce score relève essentiellement du caractère cosmopolite de Douala qui est en proie à une forte concurrence des partis politiques en présence. Ses habitants, qui viennent d'horizons divers sont loin, pour la plupart, d'être des fervents militants du parti au pouvoir. Ceux-ci ont contribué à faire de douala une ville rebelle, difficile à conquérir.
Quoi qu'il en soit, les récents mouvements des commis de l'Etat montrent que Paul Biya est loin de les féliciter. Bien au contraire. Pour commencer les deux directeurs généraux les plus en vue ont perdu leurs postes. L'usage veut que dans son jeu d'équilibre, le Président Paul Biya remplace un responsable par son «frère du village». Pour bien montrer aux Duala qu'il s'agit d'une sanction, il les a remplacés par des personnalités venues de son groupe ethnique qui, reste, n'a pas fait mieux à Yaoundé, mettant d’ailleurs l’un d’eux en position de cumuler (Etoundi Oyono, Dg du Pad et de la maetur.
Il revient donc aux dualas, de taire les querelles inutiles et contre productives pour renaitre des cendres. Il est ici important de noter que Camille Ekindi et Jean Marcel Dayas Mounoume n'ont pas été pleuré par les leurs car n'ayant presque rien fait pour la communauté. Toutefois, les Dualas auraient préféré voir un des leurs les remplacer.
Actuellement, ils s'interrogent pour savoir quel autre Duala sera bientôt mis à l'écart de la direction des affaires du pays, aujourd'hui où les postes les plus en vue de la Présidence de la République se trouvent entre les mains des originaires d'une seule aire géographique. Ce repositionnement glouton des originaires du Centre et du Sud à la tête de presque toutes les structures puissantes, aura des conséquences indéniables dans les enjeux futurs, notamment lors des renouvellements des bureaux des organes de base du Rdpc, mais aussi pour les municipales et législatives à venir dans la ville de Douala.
© Victor NDOKI (Les Nouvelles du Pays) | Correspondance
Depuis la présidentielle, il souffle comme un mauvais vent dans le ciel des relations des Duala avec Paul Biya. A la lumière du dernier renouvellement des serviteurs de l'Etat, on a l'impression que le couple qui filait le parfait amour, il n'y a pas si longtemps encore, est à hue et à dia.
Lorsqu'en 1996, le Président de la République promulgue la nouvelle Constitution consacrant les droits des minorités, les Duala, aussi bien que d'autres minorités nationales, ont compris que Paul Biya était à leur écoute. Ceux-ci n'ont jamais eu de cesse de manifester leurs inquiétudes de peuple minoritaire dans une République qui faisait mine de ne rien voir. Cette reconnaissance, qui sonnait comme une grande victoire pour les minorités, scellait un véritable pacte d'amour entre ces derniers et le chef de I’Etat. Enfin, ils pouvaient dormir tranquille, sachant que la République veillait désormais sur leurs intérêts.
Dans la foulée, ils revendiquaient la direction de certaines entreprises publiques et parapubliques installées sur leur sol, comme cela est aussi de tradition à ailleurs. A défaut de les obtenir toutes, Paul Biya confiait, en 2008, la direction générale du Port autonome de Douala à l'un de leurs fils. Une chose inédite depuis la création du Port. C'est à Jean-Marcel Dayas Mounoume qu'est revenu l'honneur et le privilège de porter l'ambition des siens. Ainsi, perdure la lune de miel. D'autant plus que depuis longtemps, le chef de l'Etat a toujours su garder une bonne place aux fils Duala dans les arcanes du pouvoir. Camille Ekindi, conseiller technique à la présidence de la république, est quand à lui nommé à la tête du Crédit foncier, ou même Pierre Ekoulé Mouanguè à la Bourse des valeurs de Douala.
L'impair de la campagne
Voilà que survient la présidentielle 2011. Paul Biya s’attend naturellement à un renvoi d'ascenseur de la part de ses dévoués. Son parti, le Rdpc, les envoie à Douala, comme chef de délégation l'un des leurs, le plus élevé dans la hiérarchie du pouvoir: Laurent Esso, alors ministre d'Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République. Ce faisant, le parti au pouvoir espère obtenir une belle fédération autour de son homme de confiance pour obtenir des résultats optimaux à l'issue de l'élection présidentielle.
Il faut noter que Douala, ville cosmopolite dans laquelle les autochtones Duala sont devenus minoritaires, depuis des années, est devenue l'un des bastions de l'opposition, d'autant que certains de ses enfants tels que, Jean Jacques Ekindi, Anicet Ekanè, Olivier Billé, Henriette Ekwè et bien d'autres sont des grands opposants au régime. Dans cette ville, le Sdf et l’Udc y sont fortement représentés. Que dire des dissensions internes au Rdpc, l'Honorable Thomas Tobbo Eyoum, Coordonateur des activités du Parti dans le Wouri et les responsables de sections se regardent en chiens de faïences. Comment dans un tel climat délétère, obtenir la majorité des suffrages?
Malgré ces grosses difficultés, le candidat du RDPC fera l'un des meilleurs scores depuis 1992. A l’arrivée, Paul Biya s'en est tiré ave 51 % des suffrages exprimés en sa valeur. A Yaoundé, on croit savoir que Paul Biya a été mal récompensé par ses dévoués. Certes, la mission de l'ancien Sgpr à Douala n'a pas été des plus réussies, ses frères ayant péché par un manque criard de réalisme et de pragmatisme. Mais l'on doit tout de même reconnaitre que malgré l'absence des scores staliniens, malgré les pièges internes liés aux équipes du parti à Douala, le plus important aura été fait, à savoir, donner la victoire nette au candidat Paul Biya. Certaines personnes de la communauté de Douala n’ayant pas compris que c’est à la communauté Duala que les résultats probants profiteraient, ils ont passé le temps de la campagne à se tirer dans les pattes. Une attitude qui a sans doute contribué à faire chuter le score du Rdpc dans le Wouri.
La faute à Douala et non aux Duala
Mais il faut interroger l’impact de ce dysfonctionnement des Duala pendant la campagne électorale sur les résultats du Rdpc. Faut-il le rappeler, ce peuple fait partie des minorités de ce pays. Ce qui suppose leur influence généralement négligeable en termes de nombres. Que certains d'entre eux se soient loupés pendant la campagne présidentielle ne peut pas à lui seul expliquer le score moyen du RDPC. Ce score relève essentiellement du caractère cosmopolite de Douala qui est en proie à une forte concurrence des partis politiques en présence. Ses habitants, qui viennent d'horizons divers sont loin, pour la plupart, d'être des fervents militants du parti au pouvoir. Ceux-ci ont contribué à faire de douala une ville rebelle, difficile à conquérir.
Quoi qu'il en soit, les récents mouvements des commis de l'Etat montrent que Paul Biya est loin de les féliciter. Bien au contraire. Pour commencer les deux directeurs généraux les plus en vue ont perdu leurs postes. L'usage veut que dans son jeu d'équilibre, le Président Paul Biya remplace un responsable par son «frère du village». Pour bien montrer aux Duala qu'il s'agit d'une sanction, il les a remplacés par des personnalités venues de son groupe ethnique qui, reste, n'a pas fait mieux à Yaoundé, mettant d’ailleurs l’un d’eux en position de cumuler (Etoundi Oyono, Dg du Pad et de la maetur.
Il revient donc aux dualas, de taire les querelles inutiles et contre productives pour renaitre des cendres. Il est ici important de noter que Camille Ekindi et Jean Marcel Dayas Mounoume n'ont pas été pleuré par les leurs car n'ayant presque rien fait pour la communauté. Toutefois, les Dualas auraient préféré voir un des leurs les remplacer.
Actuellement, ils s'interrogent pour savoir quel autre Duala sera bientôt mis à l'écart de la direction des affaires du pays, aujourd'hui où les postes les plus en vue de la Présidence de la République se trouvent entre les mains des originaires d'une seule aire géographique. Ce repositionnement glouton des originaires du Centre et du Sud à la tête de presque toutes les structures puissantes, aura des conséquences indéniables dans les enjeux futurs, notamment lors des renouvellements des bureaux des organes de base du Rdpc, mais aussi pour les municipales et législatives à venir dans la ville de Douala.