Discours: Paul Biya ignore Marafa à Memve’ele
YAOUNDÉ - 18 Juin 2012
© Serge D. Bontsebe | Mutations
A l’occasion de la pose de la 1ère pierre du barrage, le chef de l’Etat n’a rien dit des lettres de son ex-collaborateur.
Un peu moins de 10 minutes. Pour la pose de la première pierre du tout premier grand chantier de son septennat des «Grandes réalisations», Paul Biya s’est voulu sobre dans le discours. Traditionnels remerciements aux populations et aux élites locales, constat renouvelé de l’importance de l’énergie dans l’économie moderne et du préjudice que son déficit cause à la nation toute entière, énumération des projets énergétique à venir, le chef de l’Etat n’est pas allé plus loin (voir ci-dessous). Il a été peu démonstratif. Peu expressif. Loin en tous les cas, des discours prononcés lors de la campagne pour la présidentielle de 2011. Notamment celui prononcé à Kribi à l’occasion de la pose de la première pierre du port en eau profonde. Pas de bain de foule comme lors de ces sorties. Juste un salut lointain aux nombreuses populations venues l’ovationner.
Lors de son adresse, il y a cependant eu les formules lapidaires, incisives et décapantes qu’on lui connait. Tel ce «Eh bien, nous y voici effectivement» prononcé avec manière. Il a été ovationné parfois. Surtout lorsqu’avec beaucoup d’emphase et de façon convaincante, il a annoncé les autres projets qui vont suivre dans le cadre de la politique des «Grandes réalisations» qui se met «progressivement en mouvement».
Mais à la fin du discours, ce sentiment d’inachevé, qui a traversé tous ses interlocuteurs. Car s’agissant de sa première prise de parole depuis le début de l’activité épistolaire de son ancien collaborateur, Marafa Hamidou Yaya, le Chef de l’Etat était attendu. Jusque là quelques uns de ses collaborateurs ou camarades de parti étaient montés au créneau. L’un de ces avocats, le ministre de la Communication Issa Tchiroma, s’est récemment vu accusé, documents à l’appui, d’avoir été corrompu dans le cadre de la signature d’un contrat non exécuté d’entretien des avions de la défunte Camair. L’affaire s’était soldée par le crash d’un des avions non entretenus en 1995, avec à la clé, 71 morts sur le carreau.
Sur le site de la cérémonie de pose de cette première pierre, le silence présidentiel sur ces lettres de Marafa est devenu le sujet principal de toutes les conversations. «C’est un sujet embarrassant. Et le président (Paul Biya, ndlr) veut peut-être détourner l’attention de l’opinion en donnant l’image d’un gouvernement au travail, imperturbable. Parler de ces lettres aurait été contre-productif à cet égard» explique un universitaire et cadre du Rdpc.
«Je ne commente pas les commentaires»
«Le Chef a voulu rester au dessus de la mêlée, sur l’olympe.» explique pour sa part un membre du gouvernement présent à la cérémonie de Memve’ele. Qui ajoute: «Si les preuves publiées sur la supposée corruption du ministre Tchiroma sont assez solides, c’est à la Justice de faire la lumière. S’exprimer publiquement sur l’affaire pourrait influencer l’action de la Justice. Or le président de la République a toujours exprimé son parti pris pour l’indépendance de la Justice. Il ne pouvait donc pas le faire.»
C’est Paul Biya lui-même qui va expliquer son silence sur l’activité épistolaire de l’ancien Sg/Pr, lors de son arrêt à Ebolowa après la cérémonie de Memve’ele. «La Justice fera son travail et on tiendra compte de ses résultats. Pour le reste, je ne commente pas les commentaires» a-t-il répondu à la Crtv qui l’interrogeait.
De fait, notre confrère «L’oeil du Sahel» annonce dans son édition de ce lundi 18 juin 2012, que le secrétaire général de la présidence de la République a transmis au ministre d’Etat en charge de la Justice, le dossier des commissions supposées perçues par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma, pour des suites judiciaires.
© Serge D. Bontsebe | Mutations
A l’occasion de la pose de la 1ère pierre du barrage, le chef de l’Etat n’a rien dit des lettres de son ex-collaborateur.
Un peu moins de 10 minutes. Pour la pose de la première pierre du tout premier grand chantier de son septennat des «Grandes réalisations», Paul Biya s’est voulu sobre dans le discours. Traditionnels remerciements aux populations et aux élites locales, constat renouvelé de l’importance de l’énergie dans l’économie moderne et du préjudice que son déficit cause à la nation toute entière, énumération des projets énergétique à venir, le chef de l’Etat n’est pas allé plus loin (voir ci-dessous). Il a été peu démonstratif. Peu expressif. Loin en tous les cas, des discours prononcés lors de la campagne pour la présidentielle de 2011. Notamment celui prononcé à Kribi à l’occasion de la pose de la première pierre du port en eau profonde. Pas de bain de foule comme lors de ces sorties. Juste un salut lointain aux nombreuses populations venues l’ovationner.
Lors de son adresse, il y a cependant eu les formules lapidaires, incisives et décapantes qu’on lui connait. Tel ce «Eh bien, nous y voici effectivement» prononcé avec manière. Il a été ovationné parfois. Surtout lorsqu’avec beaucoup d’emphase et de façon convaincante, il a annoncé les autres projets qui vont suivre dans le cadre de la politique des «Grandes réalisations» qui se met «progressivement en mouvement».
Mais à la fin du discours, ce sentiment d’inachevé, qui a traversé tous ses interlocuteurs. Car s’agissant de sa première prise de parole depuis le début de l’activité épistolaire de son ancien collaborateur, Marafa Hamidou Yaya, le Chef de l’Etat était attendu. Jusque là quelques uns de ses collaborateurs ou camarades de parti étaient montés au créneau. L’un de ces avocats, le ministre de la Communication Issa Tchiroma, s’est récemment vu accusé, documents à l’appui, d’avoir été corrompu dans le cadre de la signature d’un contrat non exécuté d’entretien des avions de la défunte Camair. L’affaire s’était soldée par le crash d’un des avions non entretenus en 1995, avec à la clé, 71 morts sur le carreau.
Sur le site de la cérémonie de pose de cette première pierre, le silence présidentiel sur ces lettres de Marafa est devenu le sujet principal de toutes les conversations. «C’est un sujet embarrassant. Et le président (Paul Biya, ndlr) veut peut-être détourner l’attention de l’opinion en donnant l’image d’un gouvernement au travail, imperturbable. Parler de ces lettres aurait été contre-productif à cet égard» explique un universitaire et cadre du Rdpc.
«Je ne commente pas les commentaires»
«Le Chef a voulu rester au dessus de la mêlée, sur l’olympe.» explique pour sa part un membre du gouvernement présent à la cérémonie de Memve’ele. Qui ajoute: «Si les preuves publiées sur la supposée corruption du ministre Tchiroma sont assez solides, c’est à la Justice de faire la lumière. S’exprimer publiquement sur l’affaire pourrait influencer l’action de la Justice. Or le président de la République a toujours exprimé son parti pris pour l’indépendance de la Justice. Il ne pouvait donc pas le faire.»
C’est Paul Biya lui-même qui va expliquer son silence sur l’activité épistolaire de l’ancien Sg/Pr, lors de son arrêt à Ebolowa après la cérémonie de Memve’ele. «La Justice fera son travail et on tiendra compte de ses résultats. Pour le reste, je ne commente pas les commentaires» a-t-il répondu à la Crtv qui l’interrogeait.
De fait, notre confrère «L’oeil du Sahel» annonce dans son édition de ce lundi 18 juin 2012, que le secrétaire général de la présidence de la République a transmis au ministre d’Etat en charge de la Justice, le dossier des commissions supposées perçues par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma, pour des suites judiciaires.