DIRIGEANTS AFRICAINS ET CONDAMNATION DE TAYLOR: un silence lourd de sens
DIRIGEANTS AFRICAINS ET CONDAMNATION DE TAYLOR: un silence lourd de sens
Officiellement, les dirigeants africains ont passé sous silence la condamnation de leur ex-homologue, Charles Taylor, reconnu comme le bourreau de nombreux Sierra-leonais, tués durant la longue et atroce guerre civile. Aucun d’eux n’a pipé mot, à l’exception de Boni Yayi du Benin qui a lâché cette formule laconique très connue en Afrique : « la justice a fait son travail, je n’ai rien à redire… ».
Ce silence est, on ne peut plus lourd de sens. Car, on peut bien se demander ce qu’ils auraient à redire sur le verdict de ce procès sans se faire écharper, quand on sait qu’à travers Taylor, beaucoup se reconnaissent. On n’a d’ailleurs pas besoin de les entendre pour savoir leur position sur la condamnation de Taylor par la justice internationale. Leur attitude envers la CPI a été clairement affichée quand celle-ci avait lancé un mandat d’arrêt contre cet autre bourreau africain, Omar El Béchir.
Espérons seulement que cette condamnation ne leur offre pas à nouveau l’occasion de se lancer dans de longues diatribes truffées de flèches caustiques contre la CPI qu’ils qualifient, à dessein, de justice sélective, érigée en un instrument des Blancs contre les Noirs. Ce procès aura-t-il un effet dissuasif sur ces dirigeants africains qui peinent encore à tourner définitivement le dos à Machiavel ?
Ces derniers ont en tout cas intérêt à se raviser et à faire leur introspection à temps, au risque de subir, tôt ou tard, les foudres d’une Cour pénale internationale déterminée à faire rendre gorge à tous ceux qui s’érigent en bourreaux contre leur peuple. Et ce sont les nombreux Africains, orphelins de leurs instances judiciaires nationales, qui ont désormais de quoi se féliciter.