Diagnostic: Maurice Kamto découvre les réalités de l'opposition
YAOUNDE - 14 NOV. 2012
© Parfait N. Siki | Repères
Le président du MRC, ancien ministre, ne supporte pas qu'on lui reproche ses accointances passées avec le pouvoir et fustige les monarques politiques de l'opposition.
© Parfait N. Siki | Repères
Le président du MRC, ancien ministre, ne supporte pas qu'on lui reproche ses accointances passées avec le pouvoir et fustige les monarques politiques de l'opposition.
La charge de M. Maurice Kamto est
ouvertement dirigée contre MM. Ni John Fru Ndi, Ndam Njoya et les
monarques de l'opposition. «L'espace politique de l'opposition est
accaparé par quelques leaders d'opinion et de partis qui se sont pour
ainsi dire «fonctionnarisés» dans une sorte d'apposition bureaucratique,
gérant des positions de rente», a déclaré le président du Mouvement
pour la renaissance du Cameroun (MRC), au cours d'un colloque organisé
le 8 novembre à Yaoundé et consacré à la reconstruction de l'opposition.
Cette confiscation de la scène politique de l'opposition n’est pas pour
arranger les intérêts de ce nouveau venu, véritable loup aux dents
longues, qui se heurte encore à quelques conservatismes pour se faire
une place en face du pouvoir. «Ceux qui se risquent à ce champ de
mines le feront à leurs risques et périls car, les praticiens de la
politique camerounaise se méfient des nouveaux venus», déclare l'ancien ministre.
Pour exister, M. Maurice Kamto comprend que son succès politique passera par une victoire dans une opposition où rien ne lui sera offert. Il y voit déjà une énorme difficulté, compte tenu de «l’émiettement extrême de l'opposition, où la lutte inavouée pour le leadership partisan et personnel absorbe le gros des énergies et distrait finalement de l'essentiel qui est la création des conditions de possibilité de l'alternance dans notre pays.»
Ce à quoi M. Maurice Kamto s'attaque, c'est la survivance de ce qu'il appelle lui-même «les héros et autres thaumaturges» de l'opposition. M. John Fru Ndi et les autres ne trouvent pas grâce aux yeux du président du MRC, leaders soudains venus de nulle part et accueillis sans bénéfice d'inventaire. «Il suffisait qu'ils fussent un peu plus courageux que la moyenne de ceux qui sautaient en silence sous la chape du régime unanimiste, et voilà qu'ils drainaient derrière eux et par vagues, la cohorte innombrable des hommes et femmes de ce pays qui aspiraient à respiraient l'air du grand large de la liberté». Pour l'ancien ministre, l'opposition a moissonné pendant cette période de facilité politique bien plus que ce qu'elle avait semé. Et M. Kamto de conclure: «Le temps du messianisme politique est révolu, c'est le travail politique qui construira le leadership à venir.»
S'il darde ainsi le mot pour s'ouvrir la voie, c'est que le président du MRC n'est pas accueilli avec des fleurs. Pis, il perçoit clairement des reproches à cause de son «impureté». Ses accointances passées avec le pouvoir, à cause de ses sept ans de présence au gouvernement, apparaissent aujourd'hui comme un boulet que M. Maurice Kamto refuse de traîner. Alors il fustige «cette exigence de perfection éthérée, désincarnée, de pureté d'hommes et de femmes pourtant en situation, engagés dans l'action...» Il plaide pour moins de manichéisme qui divise la classe politique en deux camps: les héros chevaleresques et anges postulés de la libération d'un côté, et les auteurs de la chute et de la déchéance nationales de l'autre. En plus simple, M. Maurice Kamto n'entend pas être disqualifié pour son passé récent et veut qu'on le juge sur des valeurs de vertu et d'ascèse.
En tout état de cause, à en croire l'ancien ministre délégué à la Justice, l'opposant pur n'existe pas: «Je crois qu'il faudrait trouver un tel leader ailleurs qu'ici». M. Maurice Kamto en veut aux intellectuels de faire du populisme, eux dont il attendait qu'ils fixent les normes des valeurs communes.
Pour exister, M. Maurice Kamto comprend que son succès politique passera par une victoire dans une opposition où rien ne lui sera offert. Il y voit déjà une énorme difficulté, compte tenu de «l’émiettement extrême de l'opposition, où la lutte inavouée pour le leadership partisan et personnel absorbe le gros des énergies et distrait finalement de l'essentiel qui est la création des conditions de possibilité de l'alternance dans notre pays.»
Ce à quoi M. Maurice Kamto s'attaque, c'est la survivance de ce qu'il appelle lui-même «les héros et autres thaumaturges» de l'opposition. M. John Fru Ndi et les autres ne trouvent pas grâce aux yeux du président du MRC, leaders soudains venus de nulle part et accueillis sans bénéfice d'inventaire. «Il suffisait qu'ils fussent un peu plus courageux que la moyenne de ceux qui sautaient en silence sous la chape du régime unanimiste, et voilà qu'ils drainaient derrière eux et par vagues, la cohorte innombrable des hommes et femmes de ce pays qui aspiraient à respiraient l'air du grand large de la liberté». Pour l'ancien ministre, l'opposition a moissonné pendant cette période de facilité politique bien plus que ce qu'elle avait semé. Et M. Kamto de conclure: «Le temps du messianisme politique est révolu, c'est le travail politique qui construira le leadership à venir.»
S'il darde ainsi le mot pour s'ouvrir la voie, c'est que le président du MRC n'est pas accueilli avec des fleurs. Pis, il perçoit clairement des reproches à cause de son «impureté». Ses accointances passées avec le pouvoir, à cause de ses sept ans de présence au gouvernement, apparaissent aujourd'hui comme un boulet que M. Maurice Kamto refuse de traîner. Alors il fustige «cette exigence de perfection éthérée, désincarnée, de pureté d'hommes et de femmes pourtant en situation, engagés dans l'action...» Il plaide pour moins de manichéisme qui divise la classe politique en deux camps: les héros chevaleresques et anges postulés de la libération d'un côté, et les auteurs de la chute et de la déchéance nationales de l'autre. En plus simple, M. Maurice Kamto n'entend pas être disqualifié pour son passé récent et veut qu'on le juge sur des valeurs de vertu et d'ascèse.
En tout état de cause, à en croire l'ancien ministre délégué à la Justice, l'opposant pur n'existe pas: «Je crois qu'il faudrait trouver un tel leader ailleurs qu'ici». M. Maurice Kamto en veut aux intellectuels de faire du populisme, eux dont il attendait qu'ils fixent les normes des valeurs communes.