Encore eux ! Les élèves du collège de la Retraite à Yaoundé ! Quelques-uns viennent de se faire remarquer négativement, écopant de ce fait même une exclusion définitive de l’établissement. Motifs : escalade du mur d’enceinte, vol organisé des fournitures scolaires des camarades, dépravation des mœurs. « Certains des élèves exclus avaient pris l’habitude de solliciter les clés des salles de classe sous prétexte d’y étudier après les cours. Ils ont été surpris en plein ébats sexuels, la semaine dernière, par la Sœur vice-principale du collège.
Et çà, à la Retraite, on ne pardonne pas », explique un enseignant de
l’établissement. Le même sort a été réservé à des jeunes filles de 5e
et 4e au collège Vogt. Pour dépravation des mœurs aussi et
exhibitionnisme. « Elles se retrouvaient régulièrement au sein de
l’école pour se montrer leurs sexes et même peut-être plus. La mèche a
été vendue par une de leurs camarades », assure un surveillant.
Après les expulsions d’élèves à la Retraite pour homosexualité, trafic
et consommation des drogues, insolence caractérisée, voie de fait sur
enseignant, indiscipline… ces autres cas font frémir l’opinion publique.
« N’y a-t-il donc plus aucun endroit où nos enfants soient à l’abri ?
On les inscrit au sein de ces établissements pour leur éviter justement
ces mauvaises rencontres ! », entend-on ici et là depuis la
multiplication de ces affaires. « Il faut faire attention à ne pas se
tromper de débat.
On ne découvre le monstre que lorsqu’il a bien grossi. Dans ces cas
là, il n’y a pas grand-chose à faire : il faut l’accepter tel quel ou le
brûler vif », analyse Alice N., professeur de philosophie dans un lycée
de la place.
Oui, le mal gagne l’école. Il prolifère tellement qu’il n’épargne plus
aucun secteur. Enseignement privé laïc et confessionnel, établissements
publics, écoles primaires et maternelles. « Au mois de janvier dernier,
nous avons découvert un enfant de huit ans, élève au primaire, se
livrant à des attouchements sur une fillette de la maternelle, trois
ans. Nous étions choqués. De fait, ça été comme une révélation : nous ne
regardons plus ces enfants de la même manière. Nous avons dû redoubler
d’attention et essayons maintenant de leur parler de morale dès le plus
bas âge », confie la directrice d’un complexe scolaire à Yaoundé.
De l’avis d’un sociologue approché dans le cadre de ce dossier, nos
enfants ne constituent pas un monde à part. La morale publique dont
parlent les hautes autorités du pays est un tout. Pendant que les aînés
affichent de mauvais comportements, les plus jeunes regardent et
copient. « Birago Diop disait : « Tout ce que dit le petit maure, il l’a
appris sous la tente ».
Cela n’est plus vrai de nos jours. Les mauvaises manières et autres habitudes négatives sont souvent acquises au contact d’autres enfants ou adultes : sur le chemin de l’école, au sein de l’établissement même, dans le quartier, pendant les activités sportives ou récréatives, dans les internats… », analyse le sociologue. Reste plus à la communauté éducative – parents, enseignants et autres encadreurs - qu’à resserrer les rangs derrière les élèves. En ouvrant l’œil. Surtout le bon.