(1) Un néologisme est apparu dans le parti : « débassaïser » . Lancé par quelques cadres bassa’a connus pour leur démagogie et leur légèreté, ce mot d’ordre ne signifie rien, et pourrait plutôt introduire des orientations politiques dangereuses dans un contexte où le pays bassa’a est le principal fief de l’U.P.C. Peut-on débassaïser un Comité de Base de l’UPC en pays bassa ou débassaïser une Section de l’UPC en pays bassa’a ? Cela n’a aucun sens. Alors, que peut signifier aujourd’hui « débassaïser » l’UPC en général ? Rien. En devinant le problème qui préoccupe les uns et les autres, celui de détribaliser le parti, nous voulons ici le poser correctement.
I . BIEN POSER LE PROBLEME
(2) Le véritable problème de l’UPC n’est pas celui
du surnombre des Bassa’a : si les militants, Cadres et Dirigeants
bassa’a qui sont en surnombre étaient d’authentiques militants
progressistes ou révolutionnaires, l’UPC ne s’en porterait que mieux. A
notre sens, les difficultés actuelles de l’UPC tiennent donc au fait que
notre parti est de moins en moins un parti progressiste, fonctionne de
moins en moins comme une organisation progressiste et lutte de moins en
moins comme une organisation progressiste. En d’autres termes, le
problème de l’UPC est celui de l’opportunisme. La recherche et la mise
en place des voies et moyens pour sortir le parti de cette situation ne
sont possibles qu’à partir de ce constat serein.
(3) Il faut mettre en garde ici contre le discours démagogique de ceux
de nos camarades bassa’a qui, réagissant contre le mot d’ordre certes
erroné de « débassaïser » se posent en défenseurs de la tribu avec
l’argument bien connu selon lequel « les autres tribus n’avaient qu’à
consentir les mêmes sacrifices que les Bassa’a ».
Le plus souvent, ceux qui tiennent ce discours sont des compatriotes n’ayant personnellement jamais consenti un sacrifice dans la lutte mais cherchant à exploiter les sacrifices des populations bassa’a pour leurs ambitions personnelles, au point de perdre de vue les dimensions nationales de notre lutte et de considérer l’engagement révolutionnaire des autres Camerounais en dehors du pays bassa’a comme une abstraction, une virtualité…
A en croire ces compatriotes, on en veut seulement aux Bassa’a, tout est pour le mieux dans l’UPC. Or, le fait même que l’appel à « débassaïser » ait été lancé par des cadres bassa’a signifie qu’il y a problème. Que ce problème soit certes mal cerné, et la solution proposée erronée et irréelle, n’empêche pas qu’il existe. Alors de quoi s’agit-il ?
II PRINCIPALES MANIFESTATIONS DU PROBLEME TRIBAL
(4) Le fief autosuffisant.
La triple mission que lui assignent les statuts
(article 6) à savoir, populariser les mots d’ordre du parti, dénoncer
tout ce qui est contraire à l’intérêt des populations et aider les
masses à s’organiser, place d’emblée le Comité de Base de l’UPC dans une
vision dynamique et conquérante du travail militant. A tel point que
naguère (et il faudrait revenir à cette pratique), la première mission
d’un Comité de Base était de recruter d’autres militants et de créer
d’autres Comités de Base. Cette dynamique devait se répercuter aux
Sections du Parti dont la première mission était aussi de créer d’autres
Sections.
Il est normal que l’UPC, comme tout parti politique ait ses fiefs. Ce
qui est contraire à la tradition upéciste originelle, c’est que le fief
se replie sur lui-même, rompe avec la dynamique conquérante du
militantisme upéciste, inculquée depuis le Comité de Base, pour
s’installer dans une logique d’autosuffisance, parce que « les autres
régions n’ont qu’à faire comme nous ». Le fief de l’UPC est alors gagné
par une sclérose tribale qui fait que même dans d’autres régions, ses
ressortissants continuent à voir l’UPC comme une affaire de congénères.
(5) Ici s’impose un rappel historique.
Dans les années 1954 ; c’est un Bamoun, le Dr Félix Roland Moumié, Président de l’UPC, travaillant avec des cadres locaux, Owono Mimbo et Endangte Edouard, qui organisa le Département du Dja et Lobo en première région d’implantation upéciste du pays. A la même époque, en Sanaga Maritime, c’est le Vice-Président Kingue Abel, un Bamileke, qui fut l’organisateur du Parti à Ngambé et ses environs ; tandis qu’à Edéa où il était enseignant et s’était marié à une fille de la région, Ernest Ouandié, Vice-Président de l’UPC à l’époque, assurait une solide implantation de l’UPC en pays bassa’a, complémentairement au travail abattu par Ruben Um Nyobe, Secrétaire Général de l’UPC dans ce qui devint plus tard le Nyong et Kellé.
On notera que pour ces dirigeants upécistes, il ne s’agissait nullement de trouver des « proconsuls » locaux de leurs ethnies comme représentants du parti, (comme le firent plus tard de pseudo-secrétaires généraux Bassa’a), mais de former des cadres locaux qui prenaient en main le travail politique chez eux.
Au sens où certains l’entendent aujourd’hui, en
réduisant l’UPC à leur région ou à leur tribu, on aurait pu dire que
Moumié et Kingué n’avaient « pas de Base chez eux », surtout après leur
exil, et faisaient du « militantisme au sommet ».
Au vrai sens upéciste, le fief du parti doit être pour celui-ci une
véritable base stratégique à partir de laquelle il conquiert
méthodiquement toutes les régions limitrophes et environnantes. Une
Section de l’UPC doit élaborer à cet égard son programme de contacts, de
formation de cadres, de missions de sensibilisation ….Les upécistes
doivent réapprendre à faire en sorte que leur parti fasse tâche d’huile.
(6) La fausse théorie de l’UPC dans le sang
Dans le monde entier, partout où il ya répression,
celle-ci entraîne dans les populations qui en sont victimes des
motivations sentimentales positives ou négatives pour la poursuite de la
résistance populaire.
On connaît le célèbre mot d’Ernest Ouandié :
«Le sang des patriotes est une semence de patriotisme »
Cette phrase fait référence à une motivation sentimentale positive.
Dans leurs systèmes éducatifs, les patriotes exaltent la motivation sentimentale positive et les contre-révolutionnaires ou les régimes réactionnaires exaltent la motivation sentimentale négative.
Prenons l’exemple de la veuve d’un patriote qui est tombé au champ d’honneur en laissant des enfants. Si cette veuve est elle-même patriote, elle peut dire aux enfants : « Votre père s’est sacrifié pour cette noble cause, restez fidèles à son combat ». Elle prépare ainsi les enfants à une motivation sentimentale positive pour la lutte. C’est donc une question d’éducation.
Si la veuve que nous avons prise en exemple est
sans formation politique ou réactionnaire, elle pourra tenir à ses
enfants le langage suivant :
« La politique est très dangereuse, elle a détruit notre famille, n’y
touchez surtout pas, ou si vous voulez en faire, soyez toujours avec le
pouvoir, faites votre vie… » .
Dans ce cas, la motivation sentimentale proposée par la mère est négative. C’est aussi une question d’éducation.
Naturellement, le système éducatif néocolonial a travaillé à une
motivation sentimentale négative des jeunes par rapport à la lutte de
l’UPC. Dans tous les cas il n’y a pas d’esprit de lutte, il n’y a pas de
combativité dans le sang. On remarquera qu’une motivation sentimentale
positive ou négative n’a pas toujours les résultats escomptés : les
réactions des sujets peuvent être contraires à ce qu’on en attend d’eux.
L’environnement social, l’intelligence et l’esprit critique des
personnes visées jouent un grand rôle.
Même parmi les upécistes, des opportunistes
peuvent développer des thèses pour démobiliser les militants par rapport
à la lutte. Les mêmes qui vous diront qu’ils ont « l’UPC dans le Sang »
affirmeront, comme au temps de Kodock : « les Bassa’a ont trop
souffert, il faut que d’autres luttent aussi, nous devons manger à notre
tour ».
C’est ainsi que les mêmes sacrifices qui ont servi de motivation
sentimentale positive servent d’arguments pour prôner la démobilisation
ou la collaboration.
Il reste qu’un patriote qui affiche une motivation sentimentale positive par rapport aux sacrifices héroïques des siens doit bénéficier d’un préjugé favorable. « Le sang des patriotes est une semence de patriotisme ». Mais attention, vigilance ! Le sacrifice héroïque des siens ne sert jamais de prétexte à des revendications intempestives de postes de responsabilité que chez des opportunistes cyniques. Les patriotes sincères font preuve d’engagement sérieux dans l’abnégation. Cela ne doit jamais être perdu de vue.
(7) Des Directions médiocres à base tribale.
La Direction politique d’un mouvement révolutionnaire est « une machine de guerre pour gagner » que l’on met en place au vu des compétences les meilleures formées et détectées par rapport aux parcours militants de ses membres.
Depuis quelque temps, l’UPC ne répond plus à ce schéma qui paraissait jadis comme une exigence impérieuse et incontournable. Elle ne s’organise plus pour lutter et moins encore pour vaincre, mais pour collaborer et être associée au pouvoir néocolonial, s’il s’agit des « modérés », ou pour végéter dans un radicalisme verbal pour les néo-nationalistes révolutionnaires. Par delà les proclamations démagogiques comme « UPC parti du peuple » ou «UPC parti de défense des intérêts du peuples » avec une attention méticuleuse aux luttes populaires ou au « panier de la ménagère », notre parti apparait, dans toutes ses tendances, plus éloigné que jamais d’un projet sérieux de lutte pour ce changement démocratique auquel aspire le peuple camerounais.
L’appropriation tribale du parti, processus quasi «
subconscient », résultant d’une conception du fief politique en repli
identitaire, transforme la Direction de l’UPC, non pas en organe de
lutte pour la dynamisation de cette dernière et la conquête
organisationnelle du pays (en vue de la conquête démocratique du
pouvoir), mais en structure bureaucratique de négociation colonisée
selon les ratios ethniques, en dehors de toute préoccupation
d’efficacité révolutionnaire.
Conséquence de la corruption et du bas niveau politique de la base qu’on
a cessé de politiser et de former depuis des décennies, on peut se
permettre « d’élire » des Directions à base de tribalisme : les
militants de l’UPC on ainsi perdu au fil des années jusqu’au droit
d’élire démocratiquement leurs dirigeants, même chez les « radicaux » ;
véritable tragédie. Ces militants en sont conscients, et la plupart des
cadres savent bien que la plupart des dirigeants sont incompétents et
n’ignorent pas que la compétence politique ne signifie pas être bardé de
diplômes. (UM NYOBE n’était pas un universitaire). Mais ils sont
eux-mêmes gagnés par l’opportunisme : « on va faire comment » ? Et
s’accommodent de structures dirigeantes qui ne les bousculent pas et qui
ne s’attaquent pas à des questions complexes comme « détribaliser le
parti » ! Mais, est-ce vraiment possible de détribaliser l’UPC?
Parfaitement…
III. LES TROIS AXES DE LA DETRIBALISATION : BATAILLE IDEOLOGIQUE, BATAILLE DE L’UNITE, FORMATION DES CADRES.
(8). La bataille idéologique proprement dite en ce
qui concerne la détribalisation ( parce qu’il y a lutte idéologique
dans tous les domaines) consiste avant tout à faire comprendre à tous
les militants de l’UPC toutes tendances confondues que la situation
actuelle, la dérive actuelle est mortelle pour le parti, antinomique à
la lutte pour le changement démocratique dans notre pays . C’est en ce
sens que la détribalisation de l’UPC concerne en réalité tous les
Camerounais.
Contrairement à ceux qui proposent de « débassaiser » l’UPC, c’est en
priorité les Upécistes bassa’a, la base militante bassa’a et les cadres
bassa’a qu’il faut sensibiliser et Mobiliser pour réussir la
détribalisation. C’est eux qui peuvent et doivent faire échec aux
principaux vecteurs du tribalisme que sont les opportunistes qui donnent
l’assaut aux postes dirigeants dans l’UPC pour rechercher la
participation au pouvoir néocolonial.
En effet, la détribalisation n’est pas et ne saurait se confondre à une démarche qui consisterait à enlever des Bassa’a pour mettre des ressortissants d’autres ethnies. Elle consiste principalement à politiser et organiser les autres régions et les autres ethnies du pays et à promouvoir des cadres et des dirigeants à tous les niveaux selon l’unique critère de la compétence, quelle que soit leur ethnie, Bassa’a compris …
En d’autres termes, la détribalisation est une politique à double levier: d’une part, elle maintient et promeut les dirigeants bassa’a compétents et écarte les incapables, tous ceux qui manquent de dynamisme et ne peuvent pas faire avancer le parti et ne comptent que sur le pouvoir, sur l’aide des sous-préfets sur les hautes instructions de la hiérarchie, et d’autre part elle responsabilise au même moment les patriotes des autres ethnies qui font peuvent de dynamisme, d’intelligence, et de combativité.
(9) La bataille de l’Unité est une bataille essentiellement organisationnelle. Mais elle comporte une importante phase idéologique sans laquelle on ne peut aboutir à l’unité au plan organisationnel. Lorsque le parti se divise, ses différents groupes se distinguent par des positions politico-idéologiques plus ou moins claires. Dans le contexte africain où les affinités ethniques jouent un grand rôle, les tendances ou groupes qui résultent de la division d’un parti politique mettent toujours à profit ces affinités de manière plus ou moins explicite. La réunification passe alors par la lutte (idéologique) pour battre en brèche les positions politico-idéologiques des uns et des autres qui peuvent de plus en plus difficilement justifier leurs sectarismes, leur refus de l’unité, ce qui favorise la réussite de négociations unitaires.
Ainsi, aujourd’hui, la thèse de la justification
de l’alliance avec le parti au pouvoir et selon laquelle « L’UPC ne peut
rien faire sans le RDPC » est totalement en faillite : elle est en
faillite parce que la question inverse : « Qu’a fait l’UPC avec le RDPC ?
» ne reçoit aucune réponse positive. Un jeune partisan de cette
alliance nous a répondu : « Nous avons eu des Députés ». Faux ! L’UPC a
eu ses dix-huit Députés avant l’alliance avec le parti au pouvoir. C’est
au contraire cette alliance qui a fait perdre à l’UPC presque toute
crédibilité auprès des masses jusqu’à ce qu’elle se retrouve avec zéro
députés à l’Assemblée Nationale ! Il est stupéfiant qu’après la faillite
incontestable du Ministre d’Etat Kodock, ceux qui sont loin d’avoir sa
carrure politique et ses atouts puissent rêver de relancer cette
politique.
Il en est de même du refus de l’unité de l’UPC par la thèse erronée
selon laquelle « seuls ceux qui sont semblables peuvent s’unir » ou
encore, « il faut plusieurs UPC pour que le peuple puisse choisir celle
qui défend le mieux ses intérêts ». L’incongruité de ces théories et la
stérilité des conditions que leurs auteurs posent aux autres upécistes
pour l’unité sont plus évidentes que jamais.
Mais la seule faillite des thèses anti unitaires au plan idéologique ne suffit pas. Il ne faut même pas, à notre avis, attendre l’unité upéciste des seuls conciliabules entre dirigeants. Il faut que la base militante, dans chaque tendance et globalement, s’approprie des instruments du débat politico-idéologique pour interpeller ses cadres et ses dirigeants. C’est pour faciliter ce travail que nous avons élaboré Le Manifeste Unitaire de l’UPC en 7 points.
C’est à ce niveau qu’intervient la bataille
organisationnelle pour l‘unification : interpeller systématiquement les
cadres et les dirigeants, de préférence à travers leurs organismes de
base, préparer l’électeur upéciste à sanctionner les upécistes anti
unitaires… En règle méthodologique, il s’agit de travailler à
l’unification du parti avec une offensive unitaire partant de la base et
engageant celle-ci, au premier chef dans la lutte contre
l’opportunisme.
(10) La formation des cadres est incontestablement l’axe d’attaque le
plus important pour faire rapidement avancer la détribalisation. Elle
permet de privilégier les zones où le parti est faiblement implanté
voire totalement absent, et, à terme, d’irriguer tous les organes du
pari de jeunes cadres issus de ces zones, diminuant ainsi
progressivement, le poids des cadres ressortissants des fiefs.
Pour organiser le IIème front de l’Armée de Libération Nationale du Kamerun, nous avons appliqué cette démarche au plan militaire, en intégrant des camarades venus des maquis de Sanaga-Maritime et venus du pays bamiléké, comme Georges (Nontap) et Sylvain(Nenkuo) ou Lau (Sindjui) aux jeunes Bangando , Ndjem et autres formés avec eux aux Cabinda et qui se retrouvèrent commandants d’unités opérationnelles comme Luciano …
Au moment, la formation des cadres dans les fiefs politiques élève leur niveau politico-idéologique, et rend les militants moins influençables par les manoeuvres tribalistes, plus critiques et plus vigilants vis-à-vis de leurs cadres et dirigeants dont ils deviennent mieux à même d’évaluer la compétence ou l’incompétence.
La formation des cadres est aussi le meilleur
créneau par lequel on peut le plus efficacement gérer la question du
genre, de la discrimination entre les hommes et les femmes. En relançant
l’Ecole des Cadres de l’UPC et du MANIDEM (il s’agit du MANIDEM
originel et non de la falsification montée avec la complicité du RDPC)
dans les années 1974 nous insistions pour qu’il n’y ait aucune
distinction de sexe. C’est ainsi que les jeunes recrues féminines purent
suivre la même formation politique que les hommes : les Henriette Ekwe
(Nyangono), Suzanne Kalla Lobè (Idake /Samory) , Mendomo , Ndzié She et
beaucoup d’autres ont gardé la marque de cette formation upéciste. Une
dirigeante de l’UDEFEC organisation féminine de l’UPC, militante de
l’aile Kodock, en qui m’entendant parler de formation politique, s’était
récemment écrié avec nostalgie qu’en vingt ans d’UDEFEC de Kodock, elle
n’avait jamais entendu parler de formation politique. « Notre activité
se limitait à chanter, çà danser et à faire la cuisine lors des
rencontres du parti », confiait-elle à haute voix à son compagnon.
Au Deuxième Front de l’ALNK que ce soit au Cabinda ou dans les forêts de
Djoum , les tours de cuisine sous maquis étaient assurés par les hommes
et les femmes, sans distinction : seuls les officiers en étaient
dispensés pour des raisons de service, et les malades naturellement.Dans
notre lutte , l’égalité de l’Homme et de la femme est un principe
naturel
Il est arrivé que dans certaines Sections de l’UPC du Nyong et Kellé et
de Sanaga Maritime, autant que je sache, on parle aussi de formation des
cadres, mais il s’agissait de promouvoir le culte de la personnalité et
de corrompre les éléments les plus éveillés pour en faire des « Apôtre
de AFK » (sic).
Un des objectifs principaux de la formation des cadres dans les fiefs du parti doit être d’y éliminer la suffisance tribale, et de restaurer rapidement le dynamisme expansionniste et conquérant du militantisme upéciste.
IV. LA GERONTOPHOBIE, ARME ULTIME ET MALSAINE DES MEDIOCRES.
(11) Un sujet de controverse ! Kissamba peut-il et
doit-il être encore utile à l’UPC face aux nombreux défis actuels qui
menacent le parti dans sa survie et risquent d’hypothéquer la lutte du
peuple camerounais ? Il faut en juger sereinement, l’intéressé lui-même
reste vigilant pour savoir si « ses capacités d’analyse, de théorisation
et d’écriture » restent dignes d’un responsable politique respectable
et si sa maitrise des problèmes stratégiques et tactiques de la lutte,
face à un régime retors et à une opposition envahie par des experts en
intrigues et manipulations du faux est à la hauteur des difficultés de
l’heure.
Mais que ceux qui ne peuvent opposer à sa production intellectuelle
jugée sans intérêt, une production intellectuelle supérieure,
choisissent plutôt de l’agonir d’insultes triviales en n’ayant pour
argument que le nombre de ses années en âge est désolant.
Que des militants révolutionnaires qu’il a formés
directement ou par relais n’aient plus pour arme contre lui que la plus
vulgaire des gérontophobies n’est-il pas l’expression de leur propre
dégénérescence avant l’âge ?
Qu’on en vienne, dans une organisation révolutionnaire, à promouvoir des
« Présidents de Section » au tombereau d’insultes qu’on a déversées sur
« Le Vieux », est, permettez nous de le dire, le signe d’une morbidité
organisationnelle. Cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre
mission de dialogue et de médiation pour l’unité du parti. Lors de notre
dernière tournée à ce sujet, nous avons été chaleureusement reçu par le
camarade Kingué Etouke, chargé du rassemblement des upécistes chez les «
fidèles » : c’est ce que nous retenons.
D’aucuns nous reprochent « d’écrire beaucoup ». Um
Nyobe qui écrivait « beaucoup » sous maquis n’aurait certainement pas
fait moins aujourd’hui. Même s’il s’agit d’un travail militant « au
sommet », l’essentiel est qu’il puisse être utile à la base.
De nombreux patriotes nous ont souvent témoigné leur reconnaissance en
appréciation de notre apport à la structuration et à l’enrichissement de
leur pensée politique progressiste. Ces témoignages, tant de cadres
militants que de patriotes non militants de l’UPC, sont une réelle
satisfaction et prouvent que par nos modestes écrits nous contribuons
aussi à la formation des cadres et au rayonnement de l’UPC. Soit dit en
passant ceux qui affirment qu’il y a belle lurette que les Camerounais
ne lisent plus Kissamba, et qui montent régulièrement au créneau pour
insulter le vieux au moindre de ses articles, ne se trahissent-ils pas
comme ses plus assidus lecteurs ?
C’est de la mauvaise foi manifeste de prétendre
que nous sommes fixés sur le rétroviseur et ne pensons qu’à restaurer
une UPC ringarde : notre réflexion s’enrichit certes de références au
passé, mais elle s’efforce toujours d’apporter au présent de la lutte
des propositions novatrices et de se projeter sur l’avenir national et
africain.
Il ne nous surprend pas que notre référence au socialisme suscite chez
quelques camarades des réactions d’anti communisme primaire. On a vu
brandir récemment la bannière de l’anti communisme contre la réforme du
système de protection sociale et sanitaire du Président Barack Obama aux
Etats-Unis. La justice sociale a toujours rencontré des adversaires
bornés dans toutes les sociétés. Il est seulement triste qu’on en trouve
aussi dans notre pays, surtout parmi des cadres qui se réclament de
l’UPC !
Ce n’est pas parce que l’arme de l’anti communisme fut brandie contre l’UPC au cours de la lutte pour l’Unification et l’Indépendance du pays, que nous devrions renoncer aujourd’hui à la quête de la justice sociale dans notre pays ! D’ailleurs, le monde occidental capitaliste est devenu moins grossier qu’au temps de la bipolarisation et de la guerre froide, même si certains de ses serviteurs africains sont restés bloqués dans des comportements d’une époque révolue.
V. ALLONS DE L’AVANT !
(12) Interpellation réciproque ! Plusieurs Présidents de Section de l’UPC ont interpellé directement et pathétiquement Kissamba pour qu’il « prenne ses responsabilités » et se mobilise plus résolument dans l’action pour restaurer l’Unité de l’UPC. En dehors même des participants de la Réunion du Comité Directeur du 21 Mars où nous nous sommes retrouvés avec eux, parce qu’il n’appartient pas au RDPC de régler les problèmes de l’UPC et parce que le pouvoir pouvait bien choisir un autre jour pour arrêter le camarade BIYICK au lieu de tenter de torpiller cette réunion pour avantager un groupe qu’il soutient ouvertement, nombreux sont des militants de l’UPC qui pensent que leur modeste vétéran que nous sommes peut et doit faire quelque chose pour redonner cohésion vigueur et force au grand parti nationaliste …
Qui peut douter qu’aujourd’hui, ce soutien des upécistes à un doyen qui a
fait ses preuves et payé en lourds sacrifices le prix d’un dévouement
conséquent à la cause du peuple, ce soutien franc et massif, pourrait
être une des premières mesures les plus significatives de la
détribalisation du parti impulsée sur les trois axes ci-dessus ?
Vous m’avez interpellé, je vous interpelle à mon tour, Camarades et
j’interpelle les Directions ! Il ne s’agit pas ici de chasse aux postes.
En saluant la Déclaration Commune des Membres du
Bureau du Comité Directeur du 11 Avril 2012, et la convocation d’une
réunion du Bureau du Comité Directeur élargie, pour le 26 Avril 2012,
qui pourrait convoquer un COMITE DIRECTEUR UNITAIRE
a)Le Doyen suggère que des dispositions soient d’ores et déjà prises
pour rechercher la participation active à ce Comité Directeur Unitaire
de l’UPC des fidèles,
b)Le Cdt Kissamba lance un vibrant appel au changement du style de
travail de la Direction (Sende Biyick Zoning) fait de trop de lenteurs,
d’hésitations, de demi-mesures face à une bande d’arrivistes cyniques,
ouvertement soutenue et encouragée par le parti au pouvoir et jouissant
de l’appui des médias du service public. A cet effet, le doyen propose
qu’à partir de la réunion du 26 Avril, le Bureau du Comité Directeur de
l’UPC se réunisse toutes les semaines, alternativement à Yaoundé et à
Douala, pour redynamiser fortement le Parti.
VIVE L’U.P.C. ! VIVE LE CAMEROUN !
Yaoundé le 21 Avril 2012