Reconnu coupable de complicité de détournement de deniers publics, Télesphore Ekegue, alias Ekeg’s a été condamné, le 16 juillet dernier, à une peine d’emprisonnement à vie, dans l’affaire qui oppose l’Etat du Cameroun à Obouh Fegue. Les juges du Tribunal criminel spécial (Tcs) ont été sans pitié pour l’ancien directeur de la Société des eaux du Cameroun (Snec), Clément Obouh Fegue, et ses coaccusés, dans l’affaire qui les oppose à l’Etat du Cameroun.
Traînés en justice par le ministère des Finances, pour malversations financières à hauteur de 854,801 millions de Fcfa, l’ex patron de la Snec, décédé, ainsi que Telesphore Ekegue et Jacques Enyegue Nkolo sont désormais fixés, chacun, sur leur sort. Si dans le cas du défunt patriarche Etenga, l’action publique est éteinte, par contre pour Telesphore Ekegue, plus connu sur le diminutif patronymique «Ekeg’s», les incriminations ont été retenues à sa charge.
Ainsi donc, l’artiste musicien camerounais, auteur de la chanson à succès « Obere woa a nnem», qui n’a pas comparu lors de la dernière audience, s’en tire avec la plus lourde sanction prévue par la législation pénale pour détournement de plus de 500 mille francs : la prison à vie. Il faut noter que pour Ekeg’s, les faits ont été requalifiés, étant donné qu’il était précédemment poursuivi pour coaction de détournement de denier publics avec l’ancien Dg de la Snec. Par ailleurs, le tribunal a condamné M. Ekegue à payer une somme supplémentaire de 44,972 millions de Fcfa, comme « dépens ».
Rappel.
Pour la petite histoire, tout déclenche en 2000, lorsque Clément Obouh Fegue, alors Dg de la société des eaux camerounaise, admet que la structure dont il avait la charge doit de l’argent à 3 entreprises étrangères dont 2 sociétés françaises sensées fournir des prestataires à la Snec pour lesquelles des créances supposées d’un peu d’un milliard de francs doivent leur être payées. Et c’est, apprend-on, Telesphore Ekegue, à l’époque employé de la Snec qui se chargera de produire des procurations sensées avoir été accordées par les 3 entreprises étrangères, à la société électronique camerounaise (Elcadis), afin de percevoir lesdites dettes. Ne se doutant de rien, et eu égard de la dette de près de 19 milliards de Fcfa due à la Snec, le ministère des Finances fera virer 1,050 milliards de Fcfa dans les comptes d’Elcadis logés à la Bicec.
Seulement, on ne sait trop pourquoi (il n’est plus là aujourd’hui pour se justifier), M. Obouh Fegue, unique signataire sur ce compte, va prélever 850 millions de Fcfa sur cette somme pour les placer dans un compte personnel. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le reliquat de 195 millions de Fcfa, réclamé par le Dg d’Elcadis, Enyegue Nkolo ne trouvera pas d’écho favorable auprès du Minfi, Edouard Akame Mfoumou, car les entreprises étrangères ayant entre temps dénoncé la supercherie.
Plutôt, le patron des Finances de l’époque va bloquer le reste des fonds et déposer une plainte qui a fini par mettre les deux comparses la bourrasque vicieuse de l’opération Epervier. Le Tcs va réussir à établir que le promoteur d’«Ekeg’s production », entreprise de production qui avait pignon sur rue, voici plus d’une dizaine d’années, était le paravent de l’ex président de l’Association des élites du Centre-Sud, Clément Obouh Fegue, dans ces présumés transactions financières interlopes. Pour ces actes, ils ont été condamnés à payer 888,801 millions de francs de dommages et intérêts.