De nombreux citoyens sont parfois détenus illégalement dans les cellules des commissariats et des brigades de gendarmerie, sans aucun mandat signé du procureur de la république, et parfois, à l’insu du principal responsable du service.Les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, sont très souvent des lieux où l’on peut observer les meilleurs exemples de violations des droits et des libertés.
Et pourtant, le législateur a mis en place, tout un arsenal juridique, à travers le Nouveau code de procédure pénale pour la protection des droits des citoyens et des libertés. Malheureusement, certains agents de police et de gendarmerie, posent chaque jour, des actes qui vont à l’encontre de la loi, et s’arrogent le pouvoir d’incarcérer les citoyens, parfois sans motif valable. Une situation que déplore Me Antoine Pangué : « Ce sont les officiers de police judiciaire qui sont compétents pour ordonner des mesures de garde à vue. Il est vrai que sur le terrain, nous constatons que certains hommes en tenue (des policiers, des gendarmes), qui n’ont pas la qualité d’officier de police judiciaire, s’octroient le droit, la compétence pour ordonner des gardes à vue. Il s’agit dans ces cas, de gardes à vue abusives, parce que, n’est pas officier de police judicaire tout homme en tenue ». Ce qui en est à l’origine, c’est la corruption qui gangrène notre pays. En effet, dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, c’est celui qui possède de l’argent qui a le droit. Il peut ainsi jeter en cellule qui il veut, et quand il veut. Cette situation, de nombreux Camerounais en ont déjà été victimes, et lorsqu’ils en parlent, on a comme l’impression que notre pays est encore loin d’être un Etat de droit dont on nous parle chaque jour dans les discours politiques.
Dans ce contexte, c’est l’argent qui fait le droit. Force n’est plus au droit, mais à l’argent, car celui qui en possède peut se permettre toutes les exactions. Avec une certaine réserve, mentionnons tout de même que ces abus sont le plus souvent perpétrés par des agents de l’ordre, non pas au nom de la loi, mais à leur nom propre, dès lors qu’ils ont été corrompus. C’est donc pour cela que dans nos quartiers, pour une affaire banale qui nécessite un simple dialogue, un citoyen peut se retrouver dans une cellule, sans aucune convocation, ni un mandat signé du Procureur de la République. Le citoyen Jacques Désiré Talla, un aviculteur de Bafoussam en sait quelque chose, lui qui a passé huit jours dans une cellule du commissariat central de la même ville, sans aucun mandat !
A regarder de près, on constate que beaucoup parmi
les agents des forces de l’ordre, ne lisent presque pas le Nouveau code
de procédure pénale. Même quand ils le lisent, ils l’appliquent non pas
dans le sens de la protection des libertés, mais dans le but de
maintenir le pays dans un environnement de non droit. En rappel, le
Nouveau code de procédure pénale dans sa section IV, traitant de la
garde à vue, donne des précisions irrévocables :
Article 118 (1) : la garde –à-vue est une mesure de police en vertu de
laquelle une personne est, dans le cas d’une enquête préliminaire, en
vue de la manifestation de la vérité, retenue dans un local de police
judiciaire pour une durée limitée, sous la responsabilité d’un officier
de police à la disposition de qui il doit rester.
(2) : Toute personne ayant une résidence connue, ne peut, sauf cas de
crime ou de délit flagrant, et s’il existe contre elle des indices
graves et concordants, faire l’objet d’une mesure de garde-à-vue.
(3) : En dehors des cas prévus aux paragraphes (1) et (2), toute mesure
de garde-à-vue doit être expressément autorisée par le Procureur de la
République.