L’ex Dg de la Sonara s’est introduit, le 18 février 2013, dans ses anciens bureaux muni d’une autorisation écrite du Pca. Valable pour les journées du 18 au 21 février, la lettre est curieusement signée le 19 février 2013. De quoi se poser bien de questions.
Aux dernières nouvelles, M. Metouck reste gardé à vue par la direction de la police judiciaire de Buea. Il y a été conduit lundi dernier suite à son incursion dans son ancien bureau où il aurait profité pour passer, selon des témoins, à la broyeuse des documents vraisemblablement compromettants à son égard. Toutefois, l’ex Dg pour sa défense excipe une lettre du Pca de la Société nationale de raffinage (Sonara) lui donnant autorisation de se rendre à l’entreprise du 18 au 21 février 2013 à l’effet de «préparer la transmission des dossiers au directeur général». Suspecte correspondance quand on sait que la passation de service s’est tenue le vendredi 15 février dans la foulée de la lecture du décret présidentiel, et que c’est lors de cette cérémonie que des documents sont officiellement transmis.
Autre curiosité, excepté le caractère postdaté de la lettre de John Ebong Ngole : le Pca dit avoir préalablement obtenu l’aval du nouveau Dg Ibrahim Talba Malla de concéder à l’ancien patron des lieux la permission de pénétrer dans le bureau qui fut le sien pendant plus d’une décennie. «C’est faux !», clame-t-on en coeur dans l’entourage de Talba Malla. La surprise y est grande de lire que le nouveau Dg a donné son assentiment alors qu’il a découvert la lettre en question dans les journaux, comme monsieur tout le monde, s’indigne un proche du secrétaire à l’organisation du Comité central du Rdpc.
Même sidération mêlée de colère au ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee), tutelle technique de la Sonara. «Le ministre Basile Atangana Kouna n’a nullement été mis au parfum de la curieuse autorisation de John Ebong Ngole», peste un cadre du Minee. Pourquoi le Pca John Ebong Ngole s’est-il aussi mouillé pour Charles Metouck ? De sources concordantes, le premier n’est pas exempt de la concussion du deuxième puisqu’il l’a couvert de sa complicité à la fois passive et active. La Météo a appris que des proches de John Ebong Ngole ont été interpellés pour avoir fait partie de la curieuse expédition de Metouck dans les locaux de la Sonara.
Les dessous d’un limogeage
Selon une source bien renseignée, Charles Metouck doit, entre autres scandales, sa chute à la fronde discrète mais subtile de la multinationale pétrolière Total, par ailleurs grand actionnaire de la Sonara, contre sa personne. La raison ? Les travaux d’extension et de modernisation de l’usine de raffinage de Limbe (300 milliards finançait pour grande partie grâce à des prêts bancaires). Il se dit que la préférence de l’ancien Dg pour des prestataires «non qualifiés» a eu raison du soutien que Total lui vouait. Lequel fleuron pétrolier français s’en est ouvert au président de la République, dans une missive monstrueuse de preuves contre Charles Metouck. C’en était assez à la présidence où depuis plus de deux ans, des rapports et comptes rendus des contrôleurs d’État se suivaient et se ressemblaient dans leurs démonstrations de la gabegie qui battait son plein à la Sonara.
C’est la somme que le ministère public et la Société nationale de raffinage (Sonara) réclame à Charles Metouck, selon une source judiciaire. Un présumé détournement que seul le Tribunal criminel spécial (Tcs) a le pouvoir de connaître. Après le menu fretin de Buea, Charles Metouck devra être conduit à Yaoundé (sans doute lui sera-t-il réservé un bail à la prison de Kondengui) d’où il sera fréquemment escorté pour le Tcs. Un des rares privés à s’être vu confier la direction d’une entreprise, cet ingénieur chimiste est depuis 1992 le Pdg de Scimpos (fabrication de mousses et résines industrielles). Il est également l’un des poids lourds du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Dure est pour lui la descente aux enfers !