Contrairement au Gabon ou à la Guinée équatoriale, un scénario dynastique au Cameroun, visant à assurer la succession de Paul Biya, 81 ans, reste très improbable, au grand soulagement des chancelleries occidentales. Ce qui n'empêche pas le mutique Franck Emmanuel Biya de continuer à user de son patronyme pour faire fructifier ses affaires privées.
A l'instar du fils du chef de l'Etat camerounais, nombreux sont les descendants des dignitaires du régime prêts à profiter de leur nom pour se faire une place au soleil. Revue des troupes.
Héritiers présidentiels.
Même si ses deux dernières apparitions publiques aux côtés de son père ont soulevé des interrogations - la dernière, le 14 novembre, était à l'occasion de la pose de la première pierre du deuxième pont sur le Wouri à Douala -, Franck Emmanuel Biya n’a pas franchi le Rubicon politique, préférant rester dans le milieu des affaires à la tête de ses sociétés, dont Afri One. Les conseillers du palais d'Etoudi ont bien cherché à le convaincre de se présenter aux sénatoriales d'avril. En vain.
A l'inverse, les descendants d'Amadou Ahidjo continuent d'occuper assidûment le landernau politique. Dernière arrivée, Aminatou Ahidjo, la fille du premier président camerounais, a surpris lors des législatives de septembre en faisant campagne pour le RDPC. Elle pourrait faire son entrée dans le prochain gouvernement sur lequel Paul Biya entretient, comme à son habitude, le plus grand secret. Demi-frère d'Aminatou Ahidjo, Mohamadou Ahidjo, proche de l'opposant Bello Bouba Maïgari de l'uNDP, occupe toujours la fonction d'ambassadeur itinérant à la présidence.
Point de salut hors du RDPC.
Beaucoup d'autres descendants de ministres, responsables d'institution ou patrons de société publique n'ont su résister aux assauts du parti au pouvoir pour obtenir une rente. Première femme à diriger une formation au Cameroun l’union sociale camerounaise, Nicole Okala, la fille de l'ex-sénateur Charles Okala, avait juré de fusionner avec l’UNDP. Las. Elle a rejoint le RDPC en vue de remporter la mairie de Mbangassina, dans le Mbam.
Elle vient d'être élue sénatrice sous la même étiquette. Ama Tutu Muna, la fille de l’ex-président de l’Assemblée Salomon Tandeng Muna, a suivi le même chemin. Elle est l'actuelle ministre des arts et de la culture. Plus audacieux, son frère aîné, l'ex-bâtonnier Bernard Acho Muna, a fondé son parti d’opposition - l’Alliance des forces progressistes (AFP) après avoir milité au sein du Social Democratic Front (SDF).
Outre ses activités militantes, celui-ci vient d'être sollicité par Ban Ki-moon pour diriger la commission onusienne chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme en Centrafrique. Moins chanceux, Benjamin Achu Fru Ndi, le fils de John Fru Ndi, le patron du SDF et opposant historique à Paul Biya, a échoué aux municipales 2013 dans son fief de Bamenda. Pour sa part, le médecin Louis-Tobie Mbida, fils aîné de l'ex-premier ministre André Marie Mbida, n'a pas renoncé à relancer le Parti des démocrates camerounais (PDC). Il reste toutefois choqué par sa séquestration par la police en février 2011, alors qu'il préparait un meeting à Yaoundé dans le cadre de la campagne présidentielle. Il n’a pas pris part aux dernières législatives.
Privilégiant les affaires, d'autres préfèrent gérer l'empire laissé par papa, à l'instar de Mohamadou Bayero Fadil, fils d'Abdoulaye Fadil, baron du régime Ahidjo et personnalité influente de l’uNC-RDPC décédée en 1993. Outre le Complexe chimique camerounais (CCC), son groupe possède Le Méridien à Douala dirigé par son petit-frère Mamoudou, ainsi qu'une dizaine d'autres sociétés (Selcam, Sogedel…).
Martin Foncha, fils de l'ancien vice-président John Ngu Foncha, s'épanouit tout autant dans le business. DG de Colina All Life Cameroon après avoir dirigé la compagnie Alico, il préside depuis 2009 l’Association des sociétés d’assurances du Cameroun (ASAC). Quant à Serge Asso'o, fils du général Benoit Asso'o Emane, il dirige la compagnie Cam Iron et pilote, à ce titre, l'ambitieux projet d'exploitation du fer de Mbalam (sud).