Déstabilisation - Séjour bruxellois de Paul Biya: Comment le régime du renouveau veut casser l'opposition activiste de la diaspora

Douala, 15 Avril 2014
© Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus

Le séjour du Président de la République à Bruxelles les 2 et 3 avril 2014 à l'occasion du 4è sommet Union Européenne — Afrique a été émaillé d'incidents. Cette fois-ci, c'est le pouvoir de Yaoundé qui était à la manœuvre. Arrestations des activistes et division des mouvements étrangers de contestation du régime au pouvoir.

Pour parer à tout éventuel incident similaire à l'agression dans un hôtel parisien du couple présidentiel camerounais, Paul et Chantal Biya, par des militants de la diaspora activistes, des mesures de la sécurité présidentielle ont été renforcées et des stratégies ont été mise sur pied. Surtout qu'on sait qu'il y a des mouvements radicaux de Camerounais résidents en Europe qui ne ménagent aucun effort pour perturber les séjours privées, officiels ou de travail du Président Paul Biya. C'est ainsi que le 31 mars 2014, arrivés pour manifester pacifiquement devant l'hôtel Méridien de Bruxelles où était descendu le Chef de l'Etat camerounais, deux militants des mouvements étrangers d'opposition au régime au pouvoir, Dr Ndjoumi et Bertrand Teyou, ont été cueillis dès leur arrivée sur les lieux par les agents de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) dépêchés à Bruxelles pour la circonstance. On signale à près de 50 agents de cette unité spéciale déployés dans la capitale belge. Par la suite, les deux mousquetaires ont été remis aux agents du Commissariat centrale de Bruxelles. Les autres activistes ont été neutralisés à leur sortie de la gare centrale, situé à 100m de l'entrée de l'Hôtel Le Méridien, et éconduits discrètement. C'était le cas de Dr Moïse Essoh.

Les autorités camerounaises ne se sont pas arrêtées à la neutralisation des activistes camerounais de l'étranger. Dans un communiqué du 7 avril 2014, signés de Moïse Essoh et Brice Nintcheu, deux leaders des organisations membres du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (Code) ont dénoncé le fait que les services de renseignements camerounais déployés à Bruxelles multiplient des actions pour déstabiliser leur collectif. Ils s'inscrivaient ainsi en porte à faux avec un précédent communiqué, signé par Guy Fokou Kingué, qui se présente comme étant le Président de la Fondation Moumié et par ailleurs Porte-parole de la Diaspora progressiste de Belgique, dans lequel il était indiqué en objet que: «Toutes les revendications de la diaspora progressiste ont été remises en main propre au Commissaire James Kingué pour transmission au Chef de l'Etat». Laissant croire, soulignent Moïse Essoh et Brice Nintcheu que le régime du Renouveau avait réussi à retourner les militants des mouvements d'opposition de la diaspora camerounaise regroupé au sein du Code. «Ce communiqué, signé d'une inconnue parlant au nom de la diaspora progressiste de Belgique, fait abondamment référence au Code, semant ainsi la confusion chez les lecteurs et insinuant du même coup que des membres du Code auraient rencontré des agents des services de renseignements camerounais».

En effet, le communiqué décrié fait allusion aux manifestants interpellés, tout en indiquant que suite à cet incident, une rencontre a eu lieu, dans la salle de conférence d'un complexe hôtelier de Bruxelles, à la demande des officiers de la délégation Camerounaise, représentés par les Commissaires Divisionnaires James Kingue et Xavier Abanda et une autre personnalité étatique soumise au droit de réserve. En revanche, la Diaspora Progressiste de la Belgique était représentée par Elie Kadji, membre fondateur du Code, membre fondateur de la Fondation Moumié, président de L'Asbl-Cebaph et Marcel Tchangue, membre fondateur du Code, membre fondateur de la Fondation Moumié, coordinateur du Mouvement de Février 2008, en présence des journalistes Hugues Seumo de Bruxelles et Aziz Mounde de Paris. Et de poursuivre que: «La rencontre avait pour objectif de créer les conditions pour un dialogue permanent entre le gouvernement de la République du Cameroun et la diaspora progressiste du royaume de Belgique». Après avoir présenté les exigences du gouvernement et les revendications de ce pseudo-mouvement de la diaspora progressiste (voir ci-dessous), le communiqué s'achève sur cette note d'espoir: «Au terme de cette rencontre, toutes les revendications de la diaspora progressiste ont été remises en main propre au Commissaire James Kingué pour transmission au Chef de L'Etat». Non sans préciser que «La diaspora progressiste de Belgique s'est toujours inscrite dans le respect des institutions camerounaises et poursuivra sa démarche de contestation non-violente. Elle restera toutefois vigilante et déterminée à faire aboutir ses revendications».

En réplique, Moïse Essoh et Brice Nintcheu du Code ont aussitôt tenu à lever toute équivoque et dénonce cette grossière manipulation des services de renseignements camerounais. En affirmant que: - le Code n'a mandaté personne pour rencontrer les hommes de main de Paul Biya, ni pour ouvrir un dialogue avec son régime, et encore moins lui transmettre nos revendications, qu'il connaît d'ailleurs très bien puisqu'elles sont publiées depuis des années dans les médias; - aucun dialogue politique franc n'est pas possible avec Paul Biya, grand timonier de la fourberie politique, qui a démontré depuis la Tripartite en passant par le tripatouillage de la constitution, que le peuple camerounais ne doit surtout pas lui faire confiance; la présence des membres du Code à Bruxelles avaient pour objectif de dénoncer les crimes politiques de Paul Biya, malgré le bataillon d'agents dépêché sur place pour assurer sa sécurité. Ce qui a même donné lieu à de vives échauffourées, à l'intervention de la police belge et à l'arrestation de nos membres. Avant de préciser que le communiqué de la Diaspora progressiste impliquant le Code a été signé par un certain Guy Fokou Kingue, dont une recherche sommaire indique qu'il est le responsable pour le Benelux du parti Mrc, dont le Pr Maurice Kamto est le président.

Et d'ajouter que «Guy Fokou Kingue n'est, et n'a jamais été membre du Code. Le Code appelle par conséquent la direction nationale du Mrc à se désolidariser de cette grossière manœuvre des services de renseignements camerounais qui veulent se servir de ce parti pour tenter de déstabiliser la seule organisation patriotique, démocratique et citoyenne qui donne encore des insomnies au dictateur Biya et à sa clique». D'ailleurs, Moïse Essoh et Brice Nintcheu qui résident respectivement à Bruxelles et à Londres maintiennent que le Code originel va intensifier ses actions lors de toute présence de Paul Biya en Europe. Et rassure afin que nul n'en ignore «qu'aucun dialogue n'est pas possible avec cet homme et son régime, si ce n'est pour mettre en place une véritable démocratie de droits humains respectés et d'élections transparentes au Cameroun et négocier dans le même temps les conditions de son départ du pouvoir».

Les exigences de la délégation gouvernementale:

• La diaspora doit respecter les institutions de la république du Cameroun.

• La diaspora doit éviter par ses actes de ternir l'image et le rayonnement du Cameroun à l'extérieur.

• La diaspora doit avoir du respect pour le chef de l'Etat en évitant de poser tout acte susceptible de nuire à son intégrité physique et morale.


Les revendications de la délégation de la diaspora progressiste

• Exigeons la libération sans condition de Paul Eric Kingue, d’Enoh Meyomesse et de tous les prisonniers des émeutes de février 2008.

• Exigeons une commission d'enquête parlementaire sur les émeutes de février 2008.

• Exigeons le dédommagement de toutes les victimes des émeutes de février 2008 (familles, commerçants et autres).

• Demandons la mise sur pied d'un cadre de dialogue politique entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile.

• Dénonçons avec vigueur la gestion calamiteuse de l'ambassadeur du Cameroun en Belgique qui pratique une politique de division et partisane.

• Demandons la reconnaissance du principe de la double nationalité pour tous les Camerounais.

• Demandons la délivrance des diplômes aux étudiants dans les deux mois suivant la proclamation des résultats.

• Demandons des solutions pour l'emploi des jeunes au Cameroun.

• Demandons une solution efficace et définitive au problème d'eau et d'électricité qui minent la qualité de vie de nos concitoyens et entravent notre économie.

• Refusons la barbarie électorale et exigeons l'indépendance totale d'Elecam.

• Exigeons L'indépendance de la justice.

• Demandons que la lutte contre l'insécurité généralisée et le sentiment d'insécurité au Cameroun devienne une priorité de l'action gouvernementale.

• Demandons que des mesures soient prises pour assurer une transition politique pacifique au Cameroun.


16/04/2014
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