Des compatriotes sont légion qui ont contribué à sauvegarder la paix au péril de leur existence pendant le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984. Cependant ils préfèrent rester dans l’anonymat. Pourtant ils en seraient sortis si leurs devanciers avaient pu profiter de la reconnaissance de leur héroïsme par le sommet de l’Etat.
Cette correspondance adressée à Paul biya en rapport avec les évènements sanglants du 6 avril 1984 intervient après la sortie télévisée d’un certain oncle du très regretté Charles Ateba eyené, qui officiait à la radio diffusion nationale en qualité d’opérateur radio et avait été prié d’aller faire valoir ses compétences et ses droits à la retraite. Sans assurance d’avoir de quoi voir venir. Trente ans après ces événements sanglants, criant famine, retraité et menant au village une existence spartiate, il réclamait gratification.
Cet autre «héros de l’ombre» avait estimé qu’ayant été celui qui avait désorienté les insurgés en les aiguillant sur la mauvaise fréquence, opération qui avait ainsi fait échec aux mutins, la nation ou mieux, le chef de l’etat principal bénéficiaire de sa sagacité, lui devrait sinon une reconnaissance éternelle, du moins des rentes à vie ou un complément de pension viagère.
Ses complaintes avaient elles été entendues au sommet de l’etat ? Toujours est-il qu’il est l’un des pionniers des revendications des hauts faits anonymes de la République, et qui avait inauguré le bal des revendications et de réclamations des reconnaissances qui auraient dû profiter à ces héros patriotes, hélas restés méconnus trois décennies après les services rendus au bénéfice de la nation. bien d’autres par le plus grand hasard du destin, aujourd’hui devenus plus illustres, mais hier encore des couards et des indolents, beaucoup moins engagés qu’eux dans la défense des intérêts nationaux, ont profité à leur place des retombées des actes de ces patriotes. De fait, ils n’entendraient pas voir leur confort, leur train de vie et surtout les honneurs dont ils ont bénéficié durant des décennies, être compromis par ces pleurnichards qui leur raviveraient la vedette et grappilleraient un peu dans la cagnotte échue à leur traitement princier.
Ingratitude
Davantage, parmi les indignes heureux récipiendaires de ces auréoles, figurent de putschistes encore aux affaires et bien d’autres citoyens d’intelligence avec les mutins, des sympathisants ou des nostalgiques du passé. Ceux-ci pourraient bien faire grief aux bonaventure Christian Obada Mboé et consorts, d’avoir voulu, ou fait échec à cette entreprise qu’ils avaient pensée et matérialisée, et dont ils avaient souhaité qu’elle les débarrasse de « la bande à Biya » , ainsi appelée par les mutins dans leur discours du 6 avril 1984. en privé, ceux qui sont aux affaires par le concours inespéré de ceux qui les y ont portés malgré eux, reconnaissent toujours mais à leur corps défendant, leurs bienfaits.
Dans ces conditions, à quoi donc aurait pu s’attendre cet informateur qui aurait dû être providentiel et dont l’exploitation du rapport circonstancié sur les aspects du putsch à l’imminence avérée aurait pu conduire à éviter ce bain inutile de sang de ses compatriotes ? Il reste cependant que seul le chef de l’etat devrait prendre des mesures adéquates pour l’amélioration des conditions d’existence de ces compatriotes qui avaient eu le sens de l’honneur et de la patrie mais qui hélas, sont restés à l’ombre par le bon vouloir de ceux qui l’ont ainsi décidé, et redoutant que ces derniers leur fasse ombrage, comme cela semble être le cas aujourd’hui de bonaventure Christian Obada Mboé qui a décidé de briser le mur du silence.
Ceux qui ont joué un rôle déterminant dans la vie de la nation sans toutefois être sous les feux de la rampe, en tant que simples citoyens, gagneraient à matérialiser à nouveau la témérité dont naguère ils avaient fait preuve et à se faire connaitre ou reconnaitre par le principal bénéficiaire de leur immense sens patriotique. Peut-être qu’au bout de cette hasardeuse initiative, pourrait pendre l’espoir d’une vie prochaine meilleure ?