Descente aux enfers: Le dernier hold-up d'Emmanuel Edou

DOUALA - 06 SEPT. 2010
© Mekol Kpwem | L'Anecdote

Deux derniers péchés sont venus aggraver le cas du Dgsn déchu. Une lettre envoyée récemment à Atangana Mebara et la dissimulation de certains documents compromettants dans une résidence d'Ambam par les soins de son particulier pourtant fils de pasteur..



A la demande de nos nombreux lecteurs, nous revenons dans cette édition sur les crimes ayant entrainé le limogeage de l'ex-Dgsn à la tête de la Dgsn. Il faudra assurément du temps pour effacer les stigmates laissés par Emmanuel Edou à la tête de la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn). Près d'une semaine après sa disgracieuse déchéance, c'est le versant mondain de sa vie qui alimente la chronique dans les milieux de la police. Comme pour couvrir son déshonneur, il aurait choisi de jouer à la galanterie auprès d'une veuve qui venait de perdre son mari, très grande élite de la région du Sud, rapportent certains de ses proches. Ce qui est loin d'être une accoutumance pour cet homme qu'on dit très proche des églises, mais dont les perversions présumées pour les femmes d'autrui dépassent tout sens de la moralité. Il semble, à en croire des exégètes des sciences exotériques, que le but inavoué de ces amours contre nature serait de rechercher le pouvoir entre les cuisses féminines.

Toutefois ces récriminations d'ordre sentimental ne diluent en rien les autres griefs qui ont plombé son court magistère à la tête de la police. Présenté par certains comme un équato-guinéen, dont le frère direct a déjà servi comme ministre des Finances dans le gouvernement d'Obiang Nguema Mbazogo, ses actes à la Dgsn dégagent un parfum d'insouciance et d'outrecuidance qui s'expliqueraient par un déficit de patriotisme à l'égard du Cameroun. A l'instar de ses nominations qui sont restées au travers de la gorge des érudits de la science politique.

D'après des indiscrétions qui fusent aujourd'hui, il avait profité de la période de congé du Secrétaire général (habileté à préparer les avant-projets de nominations), pour demander à un de ses frères et affidé, un certain Ebedeng, de s'y atteler. Et son filleul ne s'est pas fait prier pour tripatouiller à sa guise, comptant sur l'approbation de sont mentor. Résultat, le Commissaire Ebedeng se tapera lui-même le prestigieux poste de Directeur de la gestion informatique et financière, tandis que son épouse, Officier de police, fera nommer toutes ses camarades à des postes de responsabilité. Conséquence de ce tripatouillage mal poli, le sacro-saint principe de l'équilibre régional est malmené, des commissaires principaux de police se retrouvent adjoint des officiers de 2e grade, la grogne monte dans les rangs.


AUTRES PÉCHÉS MORTELS

C'est du jamais vu dans les nominations à la police. Emmanuel Edou tombe son masque d'imposture en optant d'humilier publiquement son Secrétaire général. Non content de ne l'avoir pas associé aux récentes nominations, il ordonne, selon des sources proches de la police, qu'il soit installé au fond de la tribune lors d'une récente cérémonie solennelle à l'Ecole de police de Yaoundé, au mépris des règles de protocole qui l'auraient placé à la droite du Dgsn. La faute du pauvre Secrétaire général, avoir atteint l'âge de la mise en retraite.

D'ailleurs à la Dgsn, des responsables croient percevoir une once de haine de l'ex- patron à l'égard de tous ceux qui étaient présentés comme de virtuels délégués. Le Commissaire divisionnaire, Victor Hugo Mbarga Mbarga, dont le nom a été vite cité dans l'enquête policière sur le cambriolage au ministère des Finances, en aurait souffert dans son honorabilité. Dans les coulisses de la Dgsn il se susurre que le dédain d'Edou était si poussé qu'il avait rejeté toutes les sollicitations de ses collaborateurs lors du dernier concours d'entrée à la police, y compris une liste présentée comme émanant d'Etoudi.

Selon quelques notes de renseignements, la plus grosse bourde managériale de l'ex-Dgsn aura été sa décision de mettre sur écoute quelques hauts responsables du régime Biya, et certains directeurs de publication d'envergure. Un jeu policier très dangereux auquel s'est livré sans en mesurer les conséquences, ce grand policier d'un autre genre. Une outrecuidance qui, combinée à sa décision d'interdire de sortie du pays frappant certains hauts dignitaires dont Yves Michel Fotso, Marafa Hamidou Yaya ou encore Inoni Ephraïm, avait plongé le sérail dans l'émoi.

Aujourd'hui, certaines mauvaises langues croient savoir qu'il voulait régler un compte à son ancien patron au ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) où il était Ministre délégué, et d'avec qui il s'est séparé en farouche adversaire. Il venait de perpétuer la pratique en mettant le Directeur des impôts sur sa liste noire des personnes interdites de sortie du pays.

A l'opposé, les renseignements n'ont pas décelé en lui le même engagement suite à la rumeur du coup d'Etat qui a ébranlé Yaoundé il y a quelques semaines. Informé de sa préparation par le Directeur des renseignements généraux, porté à la tête de la Dgre par le décret présidentiel n° 2010/264 du 31 août, il n'y aurait consacré aucune mesure nécessaire de représailles. Mais la réunion de crise qu'il présidera trois jours plus tard sur le sujet n'avait pas intégré l'ex-Directeur des renseignements. Suffisant pour lire dans ces agissements des manœuvres de déstabilisation de l'opinion.

Une manœuvre qu'il avait entreprise depuis le déclenchement de l'affaire Bibi Ngota. Des sources affirment que c'est lui qui avait ordonné des enquêtes contre les journalistes. Mais à la survenance du décès de Bibi Ngota, il était de ceux qui orchestraient un gros ramdam contre le sgpr, une situation qui a écorné l'image du respect des Droits de l'homme au Cameroun. Autour de l'affaire, on parle des réunions secrètes auxquelles il prenait part en compagnie de «ses frères du Sud» pour saborder l’image de son chef hiérarchique le Sgpr, non moins baute personnalité de la république. Vu sous le prisme de la responsabilité, la lutte contre la grande criminalité n'aura pas été un point de réussite dans le mandat d'Edou. Au contraire elle s'est affirmée avec plus d'audace, tel qu'en témoigne la tentative de rapt dont a été l'objet l'épouse du Premier ministre sur la route de Buea en milieu du mois d'août. Et pourtant, lors de sa tournée de prise de contact à Buea en août 2009, Emmanuel Edou avait pris la juste mesure du fléau en ces termes: « je suis au courant de l'état de la criminalité dans cette région du Sud-ouest, caractérisé par les vols et attaques à main armée, les braquages dans les résidences privées, la feymania et la cyber-escroquerie ». Au moment où il quitte la barque, rien ne démontre un plan de riposte approprié initié par l'ex-Dgsn, ce qui laisse une frénésie galopante de la criminalité partout dans le pays, et particulièrement dans le Sud-ouest, marquée par des assassinats à répétition.


PÉCHÉS MIGNONS

L'image de l'ex-Dgsn aurait été moins hideuse s'il ne s'était compliqué la vie avec des histoires d'amour à même de faire tomber à la renverse. Pourtant très proches des milieux religieux, son instinct libidineux serait très poussé, si l'on en croit les insolites qui se racontent sur son compte.

Dans les milieux de la gendarmerie, il se dit qu'il avait perdu son poste de Secrétaire d'Etat à la Défense à la suite d'un délit d'adultère commis avec la femme d'un très haut gradé de l'armée. Son nom a aussi été évoqué dans l'environnement des enquêtes ouvertes sur la mort subite d'un ancien Directeur des Douanes du Cameroun, qui avait piqué la crise cardiaque après avoir été informé des rencontres entre l'ex-Dgsn et son épouse. Bien que tragique, ce feuilleton est venu raviver la mémoire de ceux qui en savent trop sur l'affaire Mouchipou Seidou. Des notes de renseignements attestent que l'ancien ministre des Postes et Télécommunications avait été poursuivi sur la base d'un rapport dressé par Edou, alors Sed. Mais alors, en profondeur, ce rapport n'était que l'expression d'une rancoeur à l'égard du ministre qui avait été piqué par le même virus des envolées libidineuses, contre une femme d'affaire présentée comme la dulcinée du Sed. Et aujourd'hui du fait du «mounchipougate», le ministre et la dame se retrouvent en prison, à l'initiative, pourrait-on dire, d'un homme d'Etat cocufié. Lorsqu'on ajoute à tous ces crimes une proximité très remarquée avec le nébuleux réseau G11, et particulièrement sa tête de file Jean Marie Atangana Mebara, beaucoup en viennent à conclure qu'Emmanuel Edou n'était pas le collaborateur loyal qui méritait sa place auprès de Paul Biya. Des fins limiers seraient en possession de la copie d'une lettre qu'il venait d'envoyer à son ami en prison, manifestement pour le réconforter et lui assurer de tout son soutien. En considérant les rapports incestueux qu'entretiennent les membres du G11 avec l'argent, d'aucuns n'excluent pas de voir le terrible rapace « Epervier » roder sur la tête de l'ex-Dgsn. Surtout que dans les coulisses de l'imposant immeuble, quelques indiscrétions font état de la disparition d'une grosse mallette le soir même de son limogeage par son Secrétaire particulier. Sa trajectoire a échu dans une résidence privée à Ambam déjà identifiée par les services de renseignements. Ce qui augure d'un rebondissement de cette déchéance.



07/09/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres