Demande
urgente de dissolution des unités motorisées de la gendarmerie appelées
brigades terre, devenues une source chronique de corruption et de
coupeurs de route au sens propre...Monsieur le Secrétaire d'Etat chargé
de la défense, En vous renouvelant son profond respect, la commission
indépendante contre la corruption et la discrimination vous livre la
scène ci-après:
Dimanche 24 août 2014, au lieu dit Bantoum 1, dans le département du
Ndé, sur l'axe Bafoussam - Yaoundé. Sous un arbre, deux gendarmes
opèrent comme de véritables coupeurs de route. La grosse moto est plus
avancée avec assis dessus, un élément abordant des épaulettes de
maréchal de logis chef, sifflet à la bouche. Plus en retrait, une petite
Toyota Corolla de couleur vive, portière chauffeur ouverte, et un
officier du rang d'adjudant chef débout. Camions et cars sont obligés de
s'arrêter sans même attendre. Chaque chauffeur met le pied à terre à la
hâte et sort un billet ou deux au vu et au su de tous les passagers et
des passants. Le billet est glissé dans le dossier et tendu directement
après une courte distance, à l'officier en retrait. C'est ok en une
fraction de seconde et tout peut circuler. L'officier est un simple
caissier, et son agent avancé n'est en réalité que le guetteur. Si
d'hasard un chauffeur tente de ne pas s'arrêter, il siffle à tue tête et
démarre pour le suivre.
Nous avons observé la scène d'abord à distance durant trente minutes,
le temps que ces braqueurs en tenue officielle coupent la route et
détroussent une vingtaine de pauvres citoyens. Nous nous sommes ensuite
approchés de l'adjudant pour nous signaler, en lui demandant s'il
devrait travailler ainsi. Il a voulu nous identifier et nous nous sommes
présentés. Honteux et embarrassé, il a vite fait de d'ordonner son
agent de laisser passer les véhicules durant ma présence.
Monsieur le Ministre, il y a trois ans exactement, la question nous
avait été posée de savoir s'il fallait dissoudre ces unités motorisées.
Nous avions alors hésité, et puis nous avions dit non, invoquant le
besoin d'une présence manifeste et visible de l'autorité des forces de
l'ordre sur les axes isolées entre les unités administratives.
Aujourd'hui, nous avons changé d'avis. Il faut éradiquer au plus vite le
nid de ces bandits qui propagent une image terrible et terrifiante de
notre pays. C'est triste mais c'est ainsi. L'existence de ces unités est
devenue indéfendable, parce que leur mobilité leur offre la latitude
d'attaquer et de voler les citoyens partout où ils choisissent
souverainement de se trouver. Lorsque nous avons posé la question à
l'adjudant de savoir à quelle unité il appartient, il a répondu
Bafoussam.
IL n'y a plus rien à faire ou à corriger pour redresser cette
pourriture. Ces gens ne travaillent pas pour le pays et ils représentent
une menace immense à l'heure où nous redoutons les terroristes partout
sur le territoire. Aucune concession n'est plus possible. La scène de
Bantoum 1 est la même partout sur les axes routiers du pays. Le
gouvernement ne doit plus s'accommoder de braqueurs sans dignité ni
honte ni réserve ni humilité qui agissent en portant des tenues
officielles des forces de sécurité.
Si rien n'est fait, et si ces braqueurs devraient continuer à perpétrer
leurs forfaits en toute impunité, la seule réaction des citoyens sera la
résistance civile, avec des scènes de désobéissance publiques et même
la possibilité de les déshabiller sans attendre les ordres de la
hiérarchie.
La Commission indépendante contre la corruption tient ce faisant, à
faire une distinction très nette entre ces brebis galeuses, et d'autres
unités de la gendarmerie plus assidues et mieux affirmées par rapport à
leur déontologie, et conscientes de leurs missions pour la protection
des biens et des personnes, pour le maintien de l'ordre public. Il y a
d'ailleurs lieu de féliciter grandement et très sincèrement le
secrétariat d'Etat à la défense, pour les campagnes de prévention qui
ont engendré au cours des douze derniers mois, une réduction
significative des accidents et la diminution des cas avérés de
conducteurs défaillants au plan règlementaires et techniques.
Dans l'attente de votre prompte et diligente réaction, la commission vous assure de sa haute considération citoyenne./.
© Correspondance : Shanda TONME, médiateur universel