De nombreux charlatans écument les plateaux de radio et de télévision pour vanter des produits dont l'efficacité n'est pas prouvée.
Bien des hommes au Cameroun ont une conception plutôt martiale de l'acte sexuel. Il n'y a qu'à écouter les expressions qu'ils utilisent pour dire qu'ils ont fait l'amour : « Je l'ai bien blessée !», « j'ai tué », « je l'ai correctement cognée», «je l'ai bien mangée», «j'ai bien écrasé», etc. Pour atteindre ces performances sexuelles fantasmées, beaucoup ont recours à toutes sortes d'écorces et de potions : bitter-cola, cola du lion, ndong, etc.
«Le phénomène de ces charlatans, parce qu'il faut les appeler ainsi, est le symbole même de la déliquescence de notre société et de la faiblesse de l'Etat, regrette le docteur Anicet Mveng. Voyez comment, dans un pays, chacun peut se lever, aller dans n'importe quelle radio, vendre ce qu'il veut et qu'il considère comme un médicament. Les gens s'empoisonnent chaque jour sans même le savoir. Et on les regarde faire. » Le docteur Vincent Ndinda, pour sa part, pense qu'il y a un laxisme quant à l'application de la loi sur la publicité des médicaments, qui laisse la porte ouverte à toutes sortes de dérives.
Le marché des aphrodisiaques et autres «démarreurs» prospère, tout comme les cabinets de ces tradi-praticiens que l'on peut voir à tous les coins de rue à Yaoundé. Lorsqu'on voit également la frénésie avec laquelle ils communiquent dans les radios et chaînes de télévision, l'on comprend que la demande est forte. « On est dans un contexte culturel où l'homme semble se définir par sa virilité. Du coup, les gens sont prêts à tout prendre, à tout avaler pour avoir une supposée virilité. Or, il faut savoir que l'acte sexuel est plus psychologique que physique. Les performances dépendent aussi de l'activité qu'on exerce. Quelqu'un qui travaille de 8h à 23h n'aura jamais lamême forme au lit qu'un autre qui travaille moins », explique le docteur Vincent Ndinda.