Depuis Korhogo : Tout sur l'état d'esprit du président Gbagbo
L’analyse
historique du fondateur du FPI est claire et sans concession. La Côte
d’Ivoire de 2011 vit une occupation qui ne dit pas son nom. Comme la
France de 1940, sous le joug d’Hitler en dépit de l’existence d’un «masque» local.
Plus
que jamais debout. Selon des sources qui ont eu un accès direct à
Laurent Gbagbo, le président ivoirien renversé par l’armée française va
bien. Très bien même. Il jouit d’une «bonne acuité physique et intellectuelle».
Privé de journaux par des adversaires qui n’ont décidément aucun sens
de la grandeur, l’otage de Korhogo est pourtant toujours 100% politique,
et a une conscience très aiguë des enjeux aux points de vue national et
international.
Le président Laurent Gbagbo garde sa dignité
intacte et est un peu gêné de la – nécessaire – dénonciation de ses
conditions de détention par certains de ses avocats. Certes, il n’est
pas détenu au sein de la Résidence présidentielle de Korhogo,
contrairement aux propos (volontairement ?) inexacts d’Alassane Ouattara
lors de l’interview accordée à CNN lors de son récent séjour américain.
Mais Gbagbo «n’a pas de problème».
Il ne le dit pas clairement, mais il estime visiblement que ses
souffrances et son humiliation ne représentent pas grand-chose par
rapport à ce que de nombreux Ivoiriens anonymes ou connus endurent au
coeur de «l’hiver colonial» dans lequel la Côte d’Ivoire est
comme piégée. Et l’Afrique avec elle. Beaucoup d’entre eux ont perdu la
vie, et Gbagbo en est conscient, selon ceux qui l’ont entendu parler. En
ce moment, Laurent Gbagbo lit les Mémoires de Charles de Gaulle. Et
s’attarde sur la figure du De Gaulle résistant, en exil, apparemment
marginalisé par les vainqueurs du moment, alliés de l’Allemagne
hitlérienne, alors première puissance militaire mondiale. Et un mot lui
est apparu comme une illumination : celui de «figurants»,
utilisé par le patriote français de l’époque faisant face à l’occupation
de son pays, pour qualifier le gouvernement de Vichy, dirigé par le
maréchal Pétain. L’effet de miroir entre la France de 1940 et la Côte
d’Ivoire de 2011 lui semble frappant, même s’il se refuse à comparer
Nicolas Sarkozy à Adolf Hitler.
La Côte d’Ivoire est assujettie aujourd’hui, la France l’a été hier. Si le régime actuel est composé de «figurants»,
cela signifie qu’au fond, ils ne sont pas importants. Gbagbo, qui
considère qu’il a été arrêté en tant que président légitime et légal au
regard du droit de son pays, est donc arrêté par la volonté de Nicolas
Sarkozy. Son vrai contradicteur, son vrai adversaire donc. Au-delà des «figurants».
Très
clairement, Laurent Gbagbo ne reconnaît pas la légitimité d’Alassane
Ouattara, même s’il est bien entendu hors de question pour lui de
contester son pouvoir «de fait» en dehors des voix démocratiques. Fidèle à sa pensée du 11 avril, selon laquelle il fallait désormais régler «le volet civil»
de la crise ivoirienne, il fait confiance à son parti et à la coalition
de partis qui le soutiennent. Et il réaffirme son soutien à son
porte-parole, qu’il considère comme «son représentant», Koné Katina, ancien ministre du Budget.
La sécurité de Gbagbo entre les mains de l’ONU
Qui
assure la sécurité du chef de l’Etat renversé ? Des personnes qui l’ont
rencontré sont formelles. Des hommes du commandant Fofié Kouakou, vers
qui la «communauté internationale» a conduit Laurent Gbagbo malgré le fait que leur chef soit sous le coup de sanctions onusiennes pour «exécutions extrajudiciaires»
et autres délits supposés plus inquiétants les uns que les autres, sont
certes présents autour du prisonnier le plus célèbre de Côte d’Ivoire,
voire d’Afrique.
Mais sa «garde rapprochée» est bel et
bien constituée des soldats du contingent nigérien de l’ONUCI. Très
clairement, c’est donc l’organisation mondiale qui a la responsabilité
de la vie, de la santé et de la sécurité de Gbagbo. Déjà très décriée
pour son rôle partisan qui a exacerbé le conflit ivoirien, l’ONU ne va
tout de même pas, affirment les spécialistes, ruiner son crédit sur le
continent en reproduisant le comportement lâche qui a permis au camp
occidental d’avoir hier la peau de Patrice Lumumba, qui symbolisait à
l’époque l’espoir de tout le peuple congolais.