Dénise Epoté: «Les proches de Paul Biya m'ont empêchée de l'interviewer»
Yaoundé, 08 Mars 2013
© Serges Ekoumou | L'Indépendant
La Directrice de TV5 Monde/Afrique s'était à l'époque inquiétée des agissements des proches collaborateurs du Chef de l'Etat camerounais. Voici ses confidences. On a vu à la cérémonie d'ouverture ce que Bamako compte comme classe politique et professionnels de médias.
Croyez-vous avoir atteint la cible que vous visiez en venant ici ?
Je pense que les maliens se sont sentis honorés et je ne peux me permettre de répéter les propos tenus par le Chef de I'Etat lui-même qui a affirmé que c'était un honneur pour son pays que TV5 ait souhaité célébrer cette émission qui est une émission de référence dans la grille des programmes de TV5 Monde et surtout ce dixième anniversaire au Mali. Il s'est senti honoré parce que ce n'est pas la première fois qu'il est mon invité. Il a été mon invité en 2002 lors de son accession au pouvoir. En parlant des confrères maliens, eux aussi ont estimé que c'était un honneur fait au Mali que TV5 décide de célébrer les dix ans d'un magazine comme celui là dans leur pays. C'est pour ça que la presse malienne a été mobilisée. Quand on voit le nombre d'articles rédigés autour de ce dixième anniversaire, le nombre de reportages faits à la télévision malienne, sur le site de mali.com, ça traduit la reconnaissance des professionnels de ce pays à l'endroit d'un média international qu'ils choisissent de mettre sur orbite dans leur pays dans un contexte politique très difficile pour l'Afrique, pour la sous région avec la crise au Niger, la crise guinéenne, la crise en Guinée Bissau; dans cet environnement-là, le Mali, le Burkina Faso et peut être le Togo sont des havres de paix un peu plus que les autres. Cette stabilité dure quand même depuis 1991, date du coup d'Etat d'Amadou Toumani Touré (Att) qui aujourd'hui pourrait être un modèle pour certains militaires qui sont arrivés après lui. On se souvient des propos tenus par le Général Guet en 1999 au lendemain du coup d'Etat en Côte d'Ivoire. Il a dit: « je serai le nouveau Att de la Côte d'Ivoire». «Je ne m'accrocherais pas, je rendrai le pouvoir aux Civils»: propos tenus par le Colonel Mohammed Val en Mauritanie qui a dit que sa référence était Att et il a respecté. Plus près de nous, la Guinée avec Dadis Camara qui, en décembre 2008, a dit qu'il sera le nouveau Att. Mais malheureusement, il n'en prend pas le chemin.
Est-ce qu'il vous est arrivé de solliciter un invité qui a décliné l'offre en disant: « Ecoutez, je n'ai rien à faire avec votre émission», en évoquant d'autres raisons?
Jamais. Heureusement parce que c'est un camouflet d'aller vers un invité qui vous dit non je préfère ne pas venir. Non. Quand je regarde l'intégralité depuis dix ans, je dirais même que c'est 80% des invités qui sollicitent de venir. Les autres 20%, c'est moi qui décide de les inviter. C'est plutôt un honneur pour le magazine et de la crédibilité qu'ils accordent à ce magazine.
Ne peut-on donc pas vous accuser d'aller uniquement convaincre des gens intéressés de venir à votre émission? Par exemple, avez-vous déjà demandé à Monsieur Biya de venir à cette émission?
Pour l'instant non. Parce que ça n'a pas toujours été facile. Mais, c'est le moment de le dire, en 2001 lors du sommet Afrique/France, j'avais sollicité un interview du Président Biya auprès du Secrétaire Général de la présidence de l'époque, Marafa Hamidou Yaya, également, du Ministre de la Communication de l'époque, Jacques Fame Ndongo; ils m'ont dit que ce n'était pas possible compte tenu de l'agenda du Président. Je n'avais d'autres choix que de constater en fait que c'était un refus de leur part. Et l'émission n'a pas pu se faire. Mais je n'ai pas perdu tout espoir et continue d'espérer qu'un jour peut-être, le Président Biya m'accordera enfin cette interview. Sinon, tous les autres invités ont toujours accepté avec beaucoup de plaisir, soit de venir à Paris pour la faire, soit de me convier à venir chez eux pour faire cet entretien.
© Serges Ekoumou | L'Indépendant
La Directrice de TV5 Monde/Afrique s'était à l'époque inquiétée des agissements des proches collaborateurs du Chef de l'Etat camerounais. Voici ses confidences. On a vu à la cérémonie d'ouverture ce que Bamako compte comme classe politique et professionnels de médias.
Croyez-vous avoir atteint la cible que vous visiez en venant ici ?
Je pense que les maliens se sont sentis honorés et je ne peux me permettre de répéter les propos tenus par le Chef de I'Etat lui-même qui a affirmé que c'était un honneur pour son pays que TV5 ait souhaité célébrer cette émission qui est une émission de référence dans la grille des programmes de TV5 Monde et surtout ce dixième anniversaire au Mali. Il s'est senti honoré parce que ce n'est pas la première fois qu'il est mon invité. Il a été mon invité en 2002 lors de son accession au pouvoir. En parlant des confrères maliens, eux aussi ont estimé que c'était un honneur fait au Mali que TV5 décide de célébrer les dix ans d'un magazine comme celui là dans leur pays. C'est pour ça que la presse malienne a été mobilisée. Quand on voit le nombre d'articles rédigés autour de ce dixième anniversaire, le nombre de reportages faits à la télévision malienne, sur le site de mali.com, ça traduit la reconnaissance des professionnels de ce pays à l'endroit d'un média international qu'ils choisissent de mettre sur orbite dans leur pays dans un contexte politique très difficile pour l'Afrique, pour la sous région avec la crise au Niger, la crise guinéenne, la crise en Guinée Bissau; dans cet environnement-là, le Mali, le Burkina Faso et peut être le Togo sont des havres de paix un peu plus que les autres. Cette stabilité dure quand même depuis 1991, date du coup d'Etat d'Amadou Toumani Touré (Att) qui aujourd'hui pourrait être un modèle pour certains militaires qui sont arrivés après lui. On se souvient des propos tenus par le Général Guet en 1999 au lendemain du coup d'Etat en Côte d'Ivoire. Il a dit: « je serai le nouveau Att de la Côte d'Ivoire». «Je ne m'accrocherais pas, je rendrai le pouvoir aux Civils»: propos tenus par le Colonel Mohammed Val en Mauritanie qui a dit que sa référence était Att et il a respecté. Plus près de nous, la Guinée avec Dadis Camara qui, en décembre 2008, a dit qu'il sera le nouveau Att. Mais malheureusement, il n'en prend pas le chemin.
Est-ce qu'il vous est arrivé de solliciter un invité qui a décliné l'offre en disant: « Ecoutez, je n'ai rien à faire avec votre émission», en évoquant d'autres raisons?
Jamais. Heureusement parce que c'est un camouflet d'aller vers un invité qui vous dit non je préfère ne pas venir. Non. Quand je regarde l'intégralité depuis dix ans, je dirais même que c'est 80% des invités qui sollicitent de venir. Les autres 20%, c'est moi qui décide de les inviter. C'est plutôt un honneur pour le magazine et de la crédibilité qu'ils accordent à ce magazine.
Ne peut-on donc pas vous accuser d'aller uniquement convaincre des gens intéressés de venir à votre émission? Par exemple, avez-vous déjà demandé à Monsieur Biya de venir à cette émission?
Pour l'instant non. Parce que ça n'a pas toujours été facile. Mais, c'est le moment de le dire, en 2001 lors du sommet Afrique/France, j'avais sollicité un interview du Président Biya auprès du Secrétaire Général de la présidence de l'époque, Marafa Hamidou Yaya, également, du Ministre de la Communication de l'époque, Jacques Fame Ndongo; ils m'ont dit que ce n'était pas possible compte tenu de l'agenda du Président. Je n'avais d'autres choix que de constater en fait que c'était un refus de leur part. Et l'émission n'a pas pu se faire. Mais je n'ai pas perdu tout espoir et continue d'espérer qu'un jour peut-être, le Président Biya m'accordera enfin cette interview. Sinon, tous les autres invités ont toujours accepté avec beaucoup de plaisir, soit de venir à Paris pour la faire, soit de me convier à venir chez eux pour faire cet entretien.