Denis Lavagne : Sélectionneur hors jeu

Si la désignation de ce technicien français peu expérimenté à la tête des Lions avait surpris, aujourd’hui, son limogeage sonne comme un soulagement.
Le 10 septembre en soirée, c’est par une porte dérobée à l’aéroport international de Douala que les membres de la délégation camerounaises en provenance de Praia sont entrés dans le bus qui devaient les conduire jusqu’à Yaoundé. Les policiers en faction qui escortaient les officiels camerounais avaient une seule question sur le bout des lèvres : «où est passé Denis Lavagne?» Comme s’ils en voulaient particulièrement au désormais ex-sélectionneur de l’équipe de football du Cameroun, puisqu’une décision du Minsep l’a suspendu de ses fonctions hier soir! Une question très vite relayée par la presse qui s’inquiète de l’absence, mais surtout du mutisme du coach des Lions indomptables.
Il ne fait pas de doute : après la piètre prestation du Cameroun contre le Cap-Vert (0-2), l’entraîneur des Lions indomptables a choisi de rejoindre, à partir de Dakar, sa France natale (il né en 1964 à Béziers). Un geste qui, assimilé à de la couardise a très vite alimenté la rumeur sur sa démission. Déjà, peu disert avant ce match aller du dernier tour éliminatoire de la Can 2013, le coach du Cameroun a retrouvé la voix à la fin de la rencontre pour condamner ses joueurs : «Ils n’ont pas su faire face à leurs responsabilités». De l’avis du technicien français, la principale cause de l’échec des Lions est due «à la mauvaise entame de match» et à «une première mi-temps ratée».
Du bilan du deuxième acte, il indique qu’elle a été «meilleure que la première mi-temps, mais pas suffisante pour revenir au score». Pour lui, ses joueurs «n’ont pas su répondre présents au défi physique». Plus loin, il se projette déjà sur le match retour: «le Cameroun s’est mis dans une situation difficile, mais pas insurmontable». Après ces déclarations, M ; Lavagne a pu créer l’unanimité autour de lui. A mots couverts, officiels du Minsep et de  la Fecafoot, déclarent: «Il doit partir avant le match retour, question de créer l’électrochoc».
Si le coach français impute la défaite des Lions aux joueurs, il est bien connu qu’en football, plus qu’ailleurs, la responsabilité de l’échec incombe d’abord à l’entraîneur. Pendant la phase de préparation de ce match, Denis Lavagne s’est montré peu professionnel. Les Lions ne se sont entraînés que sur gazon naturel, alors qu’ils savaient qu’ils devaient jouer sur un terrain synthétique à Praia. En l’absence du «clandestin» Christophe Manoeuvrier, qui exerce  dans le staff technique de Marseille, la préparation physique des Lions à Dakar fut bâclée. Dans l’après midi du mercredi 05 septembre, les Lions de Denis Lavagne ont accusé plus d’une heure de retard aux entraînements.
Bilan
A la fin, l’on apprendra que le retard était dû à la réunion improvisée que dirigeait  le patron technique des Lions au Pullman hôtel, d’où naîtra la désignation des capitaines des Lions. Mais ce jour-là, Denis Lavagne a mis à mal les officiels camerounais et sénégalais, qui attendaient les Lions pour une cérémonie dédiées aux victimes des inondations à Dakar. Arrogant face à la presse, impoli devant les autorités sportives camerounaise, Lavagne n’en fait généralement qu’à sa tête.
En 11 mois passés à la tête des Lions, le bilan du technicien français est mitigé. En match officiel, les Lions enregistrent, sous la conduite de Lavagne, trois victoires et deux défaites. Nommé le 26 octobre 2011 aux chevets d’une équipe du Cameroun «malade d’un cancer généralisé», l’ancien manager de Coton sport, qui ne possède pas de diplôme d’entraîneur professionnel de football, n’a jamais pu faire le bon diagnostic. Conséquence, au lieu d’une chimiothérapie, il a continué, à travers une ordonnance floue, à administrer les comprimés de paracétamol. Résultat, les Lions sont toujours à l’agonie.
Le problème de Lavagne avec les Lions est qu’il n’a pas pu entamer les nombreux chantiers auxquels il devait faire face. S’il est connu que l’entrejeu constitue un bloc, on différencie bien les milieux défensifs des milieux offensifs. Or depuis l’intronisation de Denis Lavagne, il n’a jusqu’ici aligné que des récupérateurs de vocations (Landry Nguemo, Stéphane Mbia et Alexandre Song). Du coup, le jeu des Lions manque énormément de fluidité entre les lignes. L’autre chantier des Lions qui consistait à trouver un remplacement à Njitap sur le flanc de droit de la défense est toujours en suspend.
La reconversion de Mandjeck comme latéral droit par Lavagne s’avère être un fiasco. Pis, en cherchant à faire recruter des médecins français pour remplacer l’actuel staff médical des Lions, il s’est mis à dos ses principaux collaborateurs. Entraîneur formé sur le tas par son père, Léonce Lavagne, l’éternel adjoint aux centres de formation de Sedan, Bastia, Alès, Nîmes et Valence aura quand même pu obtenir, à 48 ans, ce qu’il était venu chercher au Cameroun : étoffer son Cv.



14/09/2012
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