Denis Lavagne : Sélectionneur hors jeu
- Publié le Vendredi 14 septembre 2012 09:42
- Écrit par Emile Zola Ndé Tchoussi
Si la désignation de ce technicien français peu expérimenté à la tête
des Lions avait surpris, aujourd’hui, son limogeage sonne comme un
soulagement.
Le 10 septembre en soirée, c’est par une porte dérobée à
l’aéroport international de Douala que les membres de la délégation
camerounaises en provenance de Praia sont entrés dans le bus qui
devaient les conduire jusqu’à Yaoundé. Les policiers en faction qui
escortaient les officiels camerounais avaient une seule question sur le
bout des lèvres : «où est passé Denis Lavagne?» Comme s’ils en voulaient
particulièrement au désormais ex-sélectionneur de l’équipe de football
du Cameroun, puisqu’une décision du Minsep l’a suspendu de ses fonctions
hier soir! Une question très vite relayée par la presse qui s’inquiète
de l’absence, mais surtout du mutisme du coach des Lions indomptables.
Il
ne fait pas de doute : après la piètre prestation du Cameroun contre le
Cap-Vert (0-2), l’entraîneur des Lions indomptables a choisi de
rejoindre, à partir de Dakar, sa France natale (il né en 1964 à
Béziers). Un geste qui, assimilé à de la couardise a très vite alimenté
la rumeur sur sa démission. Déjà, peu disert avant ce match aller du
dernier tour éliminatoire de la Can 2013, le coach du Cameroun a
retrouvé la voix à la fin de la rencontre pour condamner ses joueurs :
«Ils n’ont pas su faire face à leurs responsabilités». De l’avis du
technicien français, la principale cause de l’échec des Lions est due «à
la mauvaise entame de match» et à «une première mi-temps ratée».
Du
bilan du deuxième acte, il indique qu’elle a été «meilleure que la
première mi-temps, mais pas suffisante pour revenir au score». Pour lui,
ses joueurs «n’ont pas su répondre présents au défi physique». Plus
loin, il se projette déjà sur le match retour: «le Cameroun s’est mis
dans une situation difficile, mais pas insurmontable». Après ces
déclarations, M ; Lavagne a pu créer l’unanimité autour de lui. A mots
couverts, officiels du Minsep et de la Fecafoot, déclarent: «Il doit
partir avant le match retour, question de créer l’électrochoc».
Si le
coach français impute la défaite des Lions aux joueurs, il est bien
connu qu’en football, plus qu’ailleurs, la responsabilité de l’échec
incombe d’abord à l’entraîneur. Pendant la phase de préparation de ce
match, Denis Lavagne s’est montré peu professionnel. Les Lions ne se
sont entraînés que sur gazon naturel, alors qu’ils savaient qu’ils
devaient jouer sur un terrain synthétique à Praia. En l’absence du
«clandestin» Christophe Manoeuvrier, qui exerce dans le staff technique
de Marseille, la préparation physique des Lions à Dakar fut bâclée.
Dans l’après midi du mercredi 05 septembre, les Lions de Denis Lavagne
ont accusé plus d’une heure de retard aux entraînements.
Bilan
A
la fin, l’on apprendra que le retard était dû à la réunion improvisée
que dirigeait le patron technique des Lions au Pullman hôtel, d’où
naîtra la désignation des capitaines des Lions. Mais ce jour-là, Denis
Lavagne a mis à mal les officiels camerounais et sénégalais, qui
attendaient les Lions pour une cérémonie dédiées aux victimes des
inondations à Dakar. Arrogant face à la presse, impoli devant les
autorités sportives camerounaise, Lavagne n’en fait généralement qu’à sa
tête.
En 11 mois passés à la tête des Lions, le bilan du technicien
français est mitigé. En match officiel, les Lions enregistrent, sous la
conduite de Lavagne, trois victoires et deux défaites. Nommé le 26
octobre 2011 aux chevets d’une équipe du Cameroun «malade d’un cancer
généralisé», l’ancien manager de Coton sport, qui ne possède pas de
diplôme d’entraîneur professionnel de football, n’a jamais pu faire le
bon diagnostic. Conséquence, au lieu d’une chimiothérapie, il a
continué, à travers une ordonnance floue, à administrer les comprimés de
paracétamol. Résultat, les Lions sont toujours à l’agonie.
Le
problème de Lavagne avec les Lions est qu’il n’a pas pu entamer les
nombreux chantiers auxquels il devait faire face. S’il est connu que
l’entrejeu constitue un bloc, on différencie bien les milieux défensifs
des milieux offensifs. Or depuis l’intronisation de Denis Lavagne, il
n’a jusqu’ici aligné que des récupérateurs de vocations (Landry Nguemo,
Stéphane Mbia et Alexandre Song). Du coup, le jeu des Lions manque
énormément de fluidité entre les lignes. L’autre chantier des Lions qui
consistait à trouver un remplacement à Njitap sur le flanc de droit de
la défense est toujours en suspend.
La reconversion de Mandjeck
comme latéral droit par Lavagne s’avère être un fiasco. Pis, en
cherchant à faire recruter des médecins français pour remplacer l’actuel
staff médical des Lions, il s’est mis à dos ses principaux
collaborateurs. Entraîneur formé sur le tas par son père, Léonce
Lavagne, l’éternel adjoint aux centres de formation de Sedan, Bastia,
Alès, Nîmes et Valence aura quand même pu obtenir, à 48 ans, ce qu’il
était venu chercher au Cameroun : étoffer son Cv.