Denis Atangana, l’un des quatre étudiants interpellés à Soa: Notre inculpation est un coup monté

YAOUNDÉ - 04 Juillet 2012
© Mélanie Ambombo | Mutations

L’un des quatre étudiants interpellés à Soa revient sur leur première audience tenue hier à Mfou. "Nous avons opté pour le régime de déclaration et, la déclaration a été signée par moi-même mercredi. Je l’ai déposée au bureau du courrier. Les archives de l’université peuvent l’attester. Dire que notre manifestation n’était pas déclarée, c’est faux."

Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre interpellation vendredi dernier à Soa?

Vendredi dernier à Soa, je partais de ma chambre située en face de l’université pour me faire un transfert téléphonique. J’ai été stoppé par un car de police dans lequel j’ai par la suite été embarqué et conduis au Groupement mobile d’intervention (Gmi) de Soa, sous la commande de l’officier Akono le chef de la sécurité publique de Soa. Là bas, il a refusé que j’appelle mes parents en me précisant, que mon identité est désormais grillée et que je ne peux plus me présenter à un concours organisé au Cameroun. Je ne savais pas que d’autres membres de notre collectif, l’Association des droits des étudiants du Cameroun (Addec), avaient été interpellés. J’ai su plus tard que Hervé Zouabeth, Souleymanou Ndjouonkou et Tchaleu Bathélemy avaient été mis aux arrêts.


Quelles étaient vos conditions de détention?

C’est vendredi à plus de 17h, que l’officier Akono nous informera qu’il agissait sur les ordres de la présidence de la République. Nous serons gardés dans une cellule lugubre et très étroite, exposés à la fois aux odeurs nauséabondes et aux moustiques. En plus, nous n’avions ni lit ni matelas. Les visites nous étaient interdites, nous recevions les paquets qu’ils nous apportaient à travers les trous de notre cellule.


Comment s’est opéré votre transfèrement pour le tribunal de première instance de Mfou?

Dimanche, nos avocats avaient promis de revenir le jour suivant pour une audition. Mais autour de 22h, pendant que nous dormions l’officier Akono nous a réveillés, nous disant qu’il nous conduisait au commissariat central N°1. Le matin, ils ont refusé comme à notre arrivé dans ce commissariat, que fassions signe à nos avocats. C’est dans le véhicule dans lequel nous avions été embarqués qu’un autre détenu nous a permis de faire un bip à maître Meli qui nous a par la suite rappelés et rejoints avec nos autres avocats à Mfou.


Aviez-vous une autorisation de manifestation vendredi dernier?

L’université a un régime spécial. C’est un lieu clos et non un espace public comme tous les autres. Et là, il existe le régime de déclaration et celui d’autorisation. Nous avons opté pour le régime de déclaration et, la déclaration a été signée par moi-même mercredi. Je l’ai déposée au bureau du courrier. Les archives de l’université peuvent l’attester. Dire que notre manifestation n’était pas déclarée, c’est faux. La lettre que le recteur a adressé au chef de police de la sécurité publique de Soa démontre bien qu’il a reçu une demande l’informant sur une manifestation publique qu’il a diabolisé .Il a dit que nous avions pour intention de mettre l’université à sang et de boycotter les examens académiques de fin de second semestre. L’audience est mise à délibéré et nous comparaitrons le 17 juillet prochain.


Comment s’est déroulée l’audience d’hier

L’audience s’est déroulée selon les règles de l’art. On nous a dit que c’est l’université qui nous accusait, ce qui est déjà très faux car c’est un communiqué que le recteur avait envoyé à l’officier Akono et c’est sur la base de ce communiqué que nous nous sommes retrouvés à Mfou .Nous nous sommes attendus à voir l’ancien recteur Jean Tabi Manga, le signataire dudit document, comparaitre hier devant la barre et dire ce qu’il nous reprochait exactement . Malheureusement, on a vu la partie civile en lieu et place du recteur. Nous étions sereins car nous savions que notre démarche et nos revendications étaient justes. On comprend qu’il y’a eu beaucoup de manigances.


Etes-vous satisfaits du limogeage de Jean Tabi Manga?

Nous ne sommes pas satisfaits parce que nous voulions le départ de trois responsables. Un seul est déjà tombé. Nous faisons confiance à notre chef d’Etat tant que ces deux doyens sont encore en poste, les problèmes de Yaoundé II ne seront jamais résolus. Nous pensons aux primes de l’excellence, distribuées aux non méritants, au problème du restaurant universitaire où les étudiants s’alignent, pendant près d’une heure pour s’alimenter alors que l’Etat subventionne leurs repas. Au niveau des procédures d’inscriptions à Soa, il n’y a qu’un seul guichet d’inscription, les étudiants partent de chez eux à 4h et ne parviennent pas souvent à s’inscrire. Nous décrions le mauvais état des infrastructures certains amphithéâtres ne sont pas éclairés.


Quelles sont vos prochaines actions?

L’Addec compte mettre à la disposition des institutions et des universités d’Etat du Cameroun, des propositions concrètes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études des étudiants dans leurs établissements universitaires et dans leurs mini-cités.


04/07/2012
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