Démocratie et bonne gouvernance: L’Afrique manque cruellement de leadership politique - Pour la troisième année, le Prix Mo Ibrahim n’a pu être décerné, faute de récipiendaire !
DOUALA - 18 OCT. 2012
© Frédéric BOUNGOU | Le Messager
Le jury du Prix Ibrahim réuni cette semaine à Londres en Angleterre est parvenu à un constat : pas de lauréat 2012 pour l’illustre distinction panafricaine qui récompense le leadership d’excellence en démocratie et bonne gouvernance parmi les dirigeants des pays africains. Faute de candidat crédible, le jury a donc informé le conseil d’administration de la Fondation éponyme qu’il n’avait pas retenu de lauréat pour 2012.
© Frédéric BOUNGOU | Le Messager
Le jury du Prix Ibrahim réuni cette semaine à Londres en Angleterre est parvenu à un constat : pas de lauréat 2012 pour l’illustre distinction panafricaine qui récompense le leadership d’excellence en démocratie et bonne gouvernance parmi les dirigeants des pays africains. Faute de candidat crédible, le jury a donc informé le conseil d’administration de la Fondation éponyme qu’il n’avait pas retenu de lauréat pour 2012.
Démocratie et bonne gouvernance: L’Afrique manque cruellement de leadership politique
Pour la troisième année, le Prix Mo Ibrahim n’a pu être décerné, faute de récipiendaire ! Le jury du Prix Ibrahim réuni cette semaine à Londres en Angleterre est parvenu à un constat : pas de lauréat 2012 pour l’illustre distinction panafricaine qui récompense le leadership d’excellence en démocratie et bonne gouvernance parmi les dirigeants des pays africains. Faute de candidat crédible, le jury a donc informé le conseil d’administration de la Fondation éponyme qu’il n’avait pas retenu de lauréat pour 2012. C’est la troisième année, depuis l’institution du Prix en 2006, que le jury ne parvient pas à proposer un lauréat convaincant. L’Afrique manquerait-elle à ce point d’un véritable leadership politique qu’on ne puisse trouver, au cours des 365 jours de l’année multiplié par trois, un de ses dignes fils s’étant illustré positivement ? Le Prix Mo Ibrahim « est décerné à un ancien chef d’État ou de gouvernement élu démocratiquement, ayant quitté ses fonctions au cours des trois dernières années dans le respect des normes établies par la Constitution nationale, et ayant fait preuve d’excellence au cours de son mandat », renseigne un communiqué de la Fondation. En tout cas, c’est le triste constat auquel renvoie l’absence de lauréat à ce Prix qui a justement été créé pour célébrer les bons exemples en la matière en Afrique. Enseignant et chercheur en sciences politiques, le Pr Aboya Manassé voit dans cet échec deux indicateurs principaux. D’abord le fait que 2012 n’est pas une année électorale en Afrique à quelques exceptions près. Ensuite, « le progrès en matière de bonne gouvernance se fait à très petits pas. Ce qui a priori n’offre pas une visibilité importante aux efforts qui peuvent être faits ci et là, à travers le continent », analyse-t-il. Institutions fortes et non hommes forts Ce constat, le président américain, Barack Obama, l’avait déjà fait lors de sa première visite en Afrique, notamment au Ghana en 2009. Parlant précisément de la bonne gouvernance, ne disait-il pas aux dirigeants africains que « nous devons reconnaître cette vérité fondamentale, à laquelle vous avez donné vie au Ghana: le développement dépend de la bonne gouvernance. C'est un ingrédient qui a fait défaut pendant beaucoup trop longtemps, dans beaucoup trop d'endroits (...) L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, elle a besoin d'institutions fortes ?». Comment les pays africains pourraient-ils avoir ces institutions fortes lorsque les satrapes installés à leur tête passent le temps à les tripatouiller au gré de leurs intérêts privés au détriment de l’intérêt public ? Là réside sans doute le plus grand frein à l’émergence d’un vrai leadership politique susceptible d’impulser la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique, vœu de la Fondation Mo Ibrahim qui n’a pas lésiné sur les moyens afin d’appâter les potentiels lauréats. Le Prix s’élève à 5 millions de dollars (environ 2,5 milliards Fcfa) versés sur dix ans, complété par la suite par un versement annuel à vie de 200 0000 dollars (100 millions Fcfa). Il s’agit par ailleurs de permettre aux lauréats de poursuivre leur engagement en faveur du continent africain une fois leur mandat national achevé. Manifestement, cette rondelette somme ne parvient pas (encore ?) à avoir raison de leur boulimie du pouvoir… Dommage. Heureusement, tous ne sont pas si gourmands. Quelques rares lauréats ont pu jusqu’ici convaincre le très sélectif jury. En 2011, il a été attribué au président du Cap-Vert, Pedro Verona Pires, pour sa « vision qui l’a conduit à transformer son pays en un modèle de démocratie, de stabilité et de développement. » Le dernier récipiendaire succédait ainsi à Joaquim Chissano du Mozambique (2007) et à Festus Mogae (2008). Et en 2006, Nelson Mandela a été nommé Lauréat d’honneur lors de la première cérémonie de remise du Prix. Comme 2012, les années 2009 et 2010, n’ont pas eu de lauréat. |
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