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Moukouri Moulema : pourquoi j’ai démissionné

Le Secrétaire général adjoint n°1 explique sa démission par l’immobilisme constaté dans le parti, et demande le départ de Fru Ndi si le parti veut revivre…

“ C’est le résultat d’un désaccord profond sur la gestion du parti ”, explique Robert Moukouri Moulema, le Sga n°1 du Social democratic front, pour justifier sa démission. Il explique qu’il a rédigé, après plus de 12 mois de réflexion, sa lettre de démission depuis le 16 mars 2009, et qu’elle a été servie par voie d’huissier au secrétaire général du parti qui l’a déchargée le 18 mars. Il se dit par ailleurs gêné que son départ soit médiatisé, car il ne l’aurait pas souhaité, et accuse le secrétariat général d’avoir divulgué l’information. Mais cela ne l’empêche pas d’expliquer les raisons de son départ.
“ Nous sommes entrés au Sdf par souci de voir quelque chose changer, dans le sens d’une meilleure gouvernance, nous croyions en l’unité nationale, nous pensions que la vie politique doit être complètement détribalisée. Ces valeurs ne sont plus respectées, le Sdf est devenu une espèce de club d’amis, un groupe de requins qui rôdent autour du Chairman et qui font des salamalecs ”, dénonce-t-il. Il explique que le parti n’est plus rigoureux dans l’atteinte des objectifs, et passe plus le temps à animer des querelles intestines sans rapport avec les attentes du peuple. Pour lui, l’exclusion prononcée par le comité exécutif national (Nec) contre certains maires du parti dans le Nord-Ouest et à l’Ouest est une entorse à la démocratie et aux lois fondamentaux du parti, car la base seule doit élire son maire, il ne doit pas être “ nommé ” par le parti.

Déphasage
Sans ambages, Moukouri Moulema pointe un doigt sur le Chairman Fru Ndi, accusé d’être l’incarnation même de l’immobilisme qui caractérise le Sdf aujourd’hui. En tant que président, il est responsable des dysfonctionnements du parti, qui n’est plus coordonné au niveau central, victime d’un laxisme général, incapable de donner des comptes sur la gestion tant financière qu’humaine… “ On est en face d’un immobilisme qui veut que rien n’avance, tout est soumis à l’approbation d’une équipe secrète qui bloque tout”, accuse l’ex Sga.
Pour lui, l’une des solutions, sinon la principale pour sauver le parti, c’est le départ du Chairman : “ Fru Ndi est complètement en déphasage, il doit passer la main, de façon honorable. Or, rien ne laisse croire qu’il y pense même, la question de sa succession est taboue, personne n’ose aborder le sujet, alors que l’évidence est là, il est fatigué. ” Moukouri qui explique qu’il n’a aucune intention de détruire le Sdf, mais estime que le parti doit reprendre contact avec la base, revoir cette épée de Damocles que constitue l’article 8.2 des statuts du parti, faire de l’éducation politique, “ car le Sdf n’a plus de cellules, il y a une véritable érosion et personne ne semble s’en préoccuper. ” Pour le moment, l’homme n’a pas d’autre projet politique, il ne pense pas à intégrer un autre parti, même si cela n’est pas à exclure. Il se donne le temps de la réflexion jusqu’en 2011 pour voir s’il pourrait apporter son soutien à l’un des candidats à la présidentielle.
Joint au téléphone par Le Messager, le Chairman du Sdf, Ni John Fru Ndi minimise l’acte. “ En tant que militant, il a choisi librement de partir comme il avait choisit librement d’entrer au Sdf ”. Pour lui, le militant choisit librement de partir, comme il avait choisi de venir dans le parti. Il réfute également l’intention de régionaliser le parti. “ On ne peut pas aller dans les régions forcer les militants pour qu’ils s’occupent du parti ”, conclut le Chairman du Sdf.
 

Par Roland TSAPI
Le 24-03-2009



24/03/2009
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