Malgré
les avertissements du ministre de la communication, et en dépit des
récriminations exprimées par l’ordre national des médecins, la publicité
des tradipraticiens, herboristes et autres naturopathes bat toujours
son plein sur les principales radios et télévisions nationales.
Il ne fait plus l’ombre d’un doute que le ministre de la Communication,
Issa Tchiroma est dépassé par les événements. Il y a encore quelques
jours, le Mincom annonçait des mesures de force à l’endroit des organes
de presse qui continueraient de violer allègrement la loi du 29 décembre
2006, en ses articles 42 et 43 relatifs à la publicité sur les
médicaments et les pratiques médicales.
L’article 49 dans son alinéa 1 précise pour sa
part que : «La publicité en faveur des médicaments et des établissements
pharmaceutiques n’est autorisée que dans les conditions fixées par le
ministre en charge de la Santé Publique, après avis du conseil de
l’Ordre des pharmaciens et de l’Ordre des médecins. (2) Les conditions
de publicité visées à l’alinéa 1 ci-dessus sont fixées par arrêté du
ministre de la Santé publique après avis de l’Ordre des pharmaciens, de
l’Ordre national des médecins et du Conseil national de la publicité».
On se souvient encore qu’Issa Tchiroma qui prenait part à la semaine de
médecins, organisée par l’Ordre des médecins du Cameroun du 11 au 16
Novembre 2012, avait dit prendre en considération les récriminations des
médecins. Ces derniers justement, avaient choisi le thème : « Lutte
contre la pratique illicite de la médecine », pour attirer l’attention
des uns et des autres sur la dangerosité des publicités mensongères qui
se font de plus en plus dans nos médias. À ce sujet, le président de
l’Ordre des médecins du Cameroun, le Dr Guy Sandjon, s’était saisi de
cette occasion pour interpeller le Mincom sur l’urgence d’une régulation
des publicités relevant du domaine de la santé publique.
En réponse aux doléances des médecins, le Mincom avait alors promis la
tolérance zéro aux contrevenants. Ainsi ceux des médias qui
continueraient à véhiculer des messages tendancieux à caractère
publicitaire sans obtenir au préalable l’aval de l’administration,
seront simplement traduits en justice. Pourtant, jusqu’à ce jour, les
mesures de force annoncées par le Mincom sont restées lettres mortes.
Et en dehors de l’opération coup de poing initiée
par le gouverneur de la région du Littoral, laquelle avait permis à la
fermeture de quelques formations sanitaires jugées dangereuses, rien n’a
plus été fait dans ce sens. On serait même tenté d’ironiser en disant,
qu’après la semaine des médecins et les promesses du Mincom de sévir,
les tradi-praticiens, herboristes et naturopathes ont mis les bouchés
doubles, en ce qui concerne le matraquage publicitaire médiatique.
Du côté des promoteurs de radios et de télé, la faute est à la
précarité. En effet la redevance audiovisuelle évaluée par année en
termes de milliards, ne profiterait qu’aux médias à capitaux publics.
Dès lors, il devient aisé de comprendre qu’en l’absence d’une subvention
de l’Etat, la seule aide à la presse privée ne pouvant à elle seule, ni
colmater les brèches, ni combler le gap, les medias privés, pour
survivre dans un paysage où règnent à la fois précarité et
clochardisation, en soient réduits à vivre de publicités de tous genres.
« Nous ne pouvons pas cracher sur l’argent, d’autant plus que nos
charges sont suffisamment lourdes », nous confie le promoteur d’une
radio locale. « D’autre part, tant que le gouvernement ne prendra pas
les mesures adéquates pour une meilleure redistribution de la redevance
audiovisuelle, nous seront obligés de trouver d’autres moyens de
contournements » se pourvoit –il.
Quand on sait, que les textes sur la communication sociale prônent la
tolérance administrative, on serait fondé de croire que les mesures de
forces, telles qu’annoncées par le Mincom ne sont qu’un pavé dans la
mare. Or le souci des pouvoirs publics devrait être la préservation de
l’environnement, celle de l’éthique et la morale à travers la protection
des couches sociales dite sensibles ou vulnérables que sont les femmes
et les enfants, des travers excessifs de certains. Entre balbutiement,
hésitation et laxisme des services d’écoute du ministère de la
communication, Dr « sait tout » lui, continue de séduire les citoyens
par ses décoctions miracles.