Défense nationale: Trois journalistes inculpés par le tribunal militaire
© Frédéric BOUNGOU | Le Messager
Rodrigue Tongué, Félix Ebole Bola et Baba Wamé ont reçu «citation à inculpé» du juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé, pour détention d’informations menaçant la sécurité de l’Etat.
Demain, 28 octobre 2014, le coordonnateur de la rédaction et chef du service politique du quotidien Le Messager, Rodrigue Tongué, le secrétaire général de la rédaction du quotidien Mutations et président du syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), Félix Cyriaque Ebolé Bola et le chargé de cours à l’Ecole supérieur des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic), le docteur Baba Wamé (par ailleurs sous-directeur au ministère de la Communication) sont attendus chez la juge Mbia. Ils ont été notifiés par exploit d’huissier, vendredi dernier, d’une «citation à inculpé» pour n’avoir pas, courant juillet-aout 2014 «averti les autorités militaires administratives ou judicaires, d’informations de nature à nuire à la défense nationale ». C’est après leur audition au cabinet de la juge à partir de 9 heures que les trois journalistes pourraient prendre connaissance du dossier et des faits précis qui leurs sont reprochés.
Déjà dans son édition de mercredi passé, 22 octobre 2014, le Quotidien Le Jour indiquait que pour bétonner le dossier d’accusation contre Me Harissou, inculpé pour outrage au chef de l’Etat, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé, excipait que le notaire avait transmis aux journalistes, des informations relatives à une prétendue incapacité physique et psychologique du président Biya. Le même journal indiquait que joint au téléphone, le journaliste du Messager niait toute relation, tout contact avec Me Harissou, détenu à la prison centrale de Kondengui. Y a-t-il une connexion entre les informations révélées par le journal Le Jour et l’inculpation des journalistes ? Seul l’accès aux dossiers par leurs avocats et eux-mêmes demain, permettra de le savoir.
Pour l’instant, les organisations et regroupements professionnels de journalistes sont montés au créneau le weekend pour condamner, ce qui ressemble à l’ouverture d’un procès Kafkaïen. Les journalistes n’ayant été entendus au cours de l’enquête préliminaire ni par les officiers de police judicaire, ni par le commissaire du gouvernement (patron du parquet dans les tribunaux militaires) avant leur inculpation par le juge d’instruction. Reporters sans Frontière (Rsf), le syndicat national des journalistes camerounais (Snjc) dénoncent une grave atteinte à la liberté de la presse et redoutent que les journalistes soient placés en détention provisoire au bout de leur audition demain.
Frédéric BOUNGOU