La présentation de livre « Kotto Bass : Comme un oiseau en plein envol » consacré au célèbre artiste décédé, il y a plus d’une dizaine d’années, s’est transformée en une vendetta de l’expert en marketing à l’endroit de la journaliste qui a osé apporter un jugement critique sur l’ouvrage.
Cela ressemble à un règlement de comptes. La
soirée consacrée à la dédicace du livre écrit par Danielle Eyango et
consacré à l’artiste Kotto Bass. L’éditeur de l’ouvrage, qui n’est rien
d’autre que l’expert en marketing Ferdinand Nana Payong, n’a pas
apprécié que son produit soit sévèrement critiqué par Suzanne Kalla
Lobe.
Tout a l’air pourtant de bien commencer ce mardi 20 novembre 2012, quand
le panel, constitué de Jean Jacques Zé, le modérateur, Danièlle Eyango,
l’auteure et l’éditeur Nana Payong, en début de soirée, montent sur
l’estrade de la salle de l’institut français de Douala.
Le public, venu assez nombreux, écoute attentivement et successivement ces trois personnes. Les deux premiers jouent normalement leur rôle d’introduction et de présentation de la soirée et la troisième explique les circonstances qui lui ont permis à commettre cet ouvrage. Ce témoignage poignant de la jeune auteure qui ne cesse de s’essuyer les larmes à la suite de l’interprétation d’une des chansons de l’artiste décédé par son frère ainée, Henri Kotto, est suivi de deux autres de Kouogueng Moïse et de Moïse Mbantéké, respectivement producteur de l’artiste et animateur à la Crtv qui a été aux côtés de l’artistes avant sa mort.
Le public chahute
Vient ensuite le moment décidé par le modérateur de donner la parole au public. Suzanne Kalla Lobe, saisit de l’occasion pour faire part de sa déception par rapport au contenu de l’ouvrage qu’elle estime vide et ne rien apporter comme information sur la vie musicale de l’artiste. Pendant que l’auteure interpellée, plutôt flegmatique, essaie d’apporter une réponse aux préoccupations de la journaliste et expliquer sa démarche littéraire qui dit-elle, a été beaucoup plus thérapeutique eu égard aux liens étroits qu’elle avait avec l’artiste et de multiples péripéties connues après sa mort, c’est une levée de bouclier. Le public chahute. L’éditeur, Nana Payong, courroucé, au lieu d’aller dans le même sens que l’auteure, en apportant les arguments plutôt convaincants, tombe dans l’invective.
La soirée est transformée en joute verbale. Plusieurs antécédents, qui n’ont rien à voir avec l’objet de la soirée, sont soulevés par l’expert en marketing. Quelques personnes prennent la parole pour venir à la rescousse de la jeune auteure et de l’éditeur. Blando Tchatchoua, journaliste à la Crtv s’inscrit en faux contre les déclarations de Kalla Lobé et suggère d’éviter toute polémique en cette journée commémorative de la mort de l’artiste, pense-t-il, devrait être l’objet de mémoire. Ensuite, c’est au tour de Donovan, de prendre la parole et de tancer Suzanne. L’ancien animateur à Canal 2 International estime le point de vue de la journaliste d’Equinoxe Tv est contraire au progrès. « Je comprends pourquoi le Cameroun et l’Afrique ne progressent pas, c’est parce que nous refusons de poser un regard positif sur nous mêmes », s’exclame-t-il, dans un tohu-bohu, à l’endroit de Suzanne. Deux démarches jugées très peu intellectuelles par une partie du public présent dans la salle.
Si le premier pouvait bien se permettre de poser un point de vue contraire à celui de Suzanne, ce qui n’est que normal de l’appréciation que chacun peut avoir d’une œuvre et dans un débat intellectuel contradictoire, il paraît en même temps maladroit pour ce dernier de penser que la journée n’est pas indiquée pour ce genre de joutes. De même pour l’ancien animateur télé à Canal 2 International qui pense que la contradiction est anti progrès alors que c’est de celle-ci que naît la lumière. Et il est pour nous de rappeler que pour qu’il y ait évolution et progrès, il faut que même le bien soit remis en question.
N’entend-on pas souvent dire que quand une œuvre est créée, elle n’appartient plus à son auteur, c’est au public d’en apprécier et d’en faire ce qu’il veut. Nos deux confrères, dans leur volonté peut être inconsciente et complaisante de jouer le jeu d’un public constitué en majorité des membres de la famille, portés plus par l’émotion que par une attitude intellectuelle dans ce genre d’évènement, sont tombés dans les mêmes travers que l’éditeur qui n’a pas su se mettre au dessus des intrigues. Des tirs groupés qui se présentent comme une sorte de règlement de compte qui ne dit pas son nom à l’endroit de la célèbre journaliste restée égale à elle-même dans son caractère toujours critique très loin de la complaisance et du conformisme habituel, qui ne servent pas du tout l’ouvrage qui vient d’être mis sur le marché au prix de 10 000F. Un montant jugé élevé par le public en antipode à la dimension populaire de l’artiste.