L'ARRESTATION DE VINCENT SOSTHENE FOUDA, LES FORTES RESERVES DE LA FAMILLE SUR LES ENQUETES ,L'EXIGENCE D'UNE COMMISSION D'ENQUETE INTERNATIONALE. Ce vendredi, 10 Février 2012, il est 19heures, lorsque le téléphone du Dr Vincent Sosthène FOUDA sonne pour le dernière fois. la journée aura été longue, d'un tribunal à un autre, d'un lieu à un autre, d'un procureur à un autre. Nous allons au lit sous les bruits incessants de dizaines d'appels qui cherchent à connaître le sort de ce compatriote profondément choqué par l'affaire du Bébé de Vanessa Tchatchou.
Samedi, 11 février 2012, c'est à nouveau l'inquiétude, et des appels dans tous les sens.
A 8hs30, nous avons la confirmation que le Dr. est en cellule au commissariat central n°1. Nous nous y rendons immédiatement, dans l'espoir de lui porter un petit déjeuner. Le refus des policiers en service à l'accueil est catégorique: seul son épouse peut lui porter de quoi manger, et toute communication avec des tiers est interdite, d'ordre du patron.
11h30, nous y revoici, furtivement, face au Dr, en conversation avec son épouse venu le voir justement. Impossible de communiquer, puisque la garde assurée par de jeunes gardiens inspecteurs de police veille. nous réussissons à lui serrer la main, et un: courage!
13hs30, nous avons un appel d'urgence de l'épouse du Dr, laquelle nous déclare: "pardon, allez voir mon mari. Il refuse de manger et de boire. Il dit qu''il va entamer une grève de la faim jusqu'à ce que le bébé de Vanessa lui soit rendu. Mon mari est très ferme sur ses positions. Allez-y vraiment car s'il veut mourir, c'est moi qui vais mourir avant lui".
14hs30, nous sommes revenus au
commissariat et trouvons l'avocat du Dr (Me Assira) et son médecin en
conversation avec le commissaire central dans le bureau de ce dernier.
Impossible de revoir le Dr Fouda, déjà retourné dans la cellule.
Ce qui est grave, troublant, méchant, c'est de faire coucher le Dr Fouda
dans ce cachot puant et nauséabond. Il n'est ni criminel, ni bandit de
grand chemin, ni incendiaire. La pratique courante est d'ailleurs qu'une
telle personnalité, soit gardée à vue dans le poste de police, pet non
de le jeter dans une pièce obscure avec des criminels de tout poils. Que
faire? Nous sommes bouleversés mais impuissants. C'est aussi cela, le
pays, notre mode ou notre model de gouvernance, où conventions
internationales, lois de toute nature, civilités et standard de dignité
humaine de toutes les religions, n'ont aucun sens.
Des assurances obtenues par-ci et par-là, nous font dire que c'est une punition que l'on voudrait lui administrer, pour lui faire goûter les rigueurs de nos habitudes, pour aussi laisser passer la belle fête de la jeunesse avant de le relâcher lundi. Des sources encore plus crédibles valident cette thèse, en ajoutant même que personne n'accepterait de l'envoyer en prison pour ce motif de "trouble de l'ordre public". Mais qui sait? Tout peut arriver et tout est possible. Donc wait and see.
15hs30, alors que nous quittons le commissariat central, un véhicule qui nous suivait, fait de grands gestes de phares. Comme toujours, il n'y a pas lieu d'avoir peur lorsque l'on travaille pour la justice et des grandes causes, car à force de se méfier de tout et de soupçonner le danger partout, on devient prisonnier dans sa tête et son propre tortionnaire. Nous descendons de voiture, en même temps que notre interlocuteur inconnu.
Plaçons-nous un peu à côté, recommande-t-il. Et puis, le message:
"Je vous cherche depuis ce matin. Je veux vous prévenir que tout ce qui a
été fait est un pur montage pour aboutir à dire que le bébé appartient à
la magistrate. Vous allez voir, je suis dans les enquêtes au plus haut
niveau de la justice. Je suis profondément choqué par le rapport que le
Procureur général a presque déjà terminé, et ce rapport soutien que le
bébé de Vanessa est mort. On fait croire que la thèse de la jeune fille
qui dit avoir volé le bébé est vraie, alors que tout le monde, y compris
les rédacteurs de ce rapport, savent que c'est la magistrate qui les a
fabriqués de toute pièce avec l'aide de la gendarmerie de Nkolmesseng.
N'acceptez pas cette histoire rocambolesque. Comme la dame est une
grande magistrate, ses collègues et patrons ont juré de la défendre.
Même les machins de ADN, c'étaient pour voiler les yeux et faire
avaliser la thèse officielle déjà exprimée par Tchiroma. C'est triste
pour notre pays. J'ai vraiment honte d'être camerounais. Tout ce que je
peux vous dire, c'est que je suis moi-même magistrat. sachez qu'ils sont
puissants et que c'est un système prêt à vous broyer. Donc faites très
attention dorénavant".
Le monsieur est reparti très vite, dans une voiture de gros cylindre, toute noire.
Nous restons figés quelques dix minutes, et de grosses gouttes de sueurs parcourent nos fronts. Que faire et qui voir encore. Nous prenions la route pour aller porter son repas de mi journée à Vanessa à l'hôpital distant de dix kilomètres, pour ensuite continuer les contacts privés pour le sort de Sosthène. Les choses se compliquent donc.
Une heure après, nous voici à l'hôpital. Une seule
personne va aller rencontrer Vanessa pour lui porter la nourriture.
Restés à l'extérieur, nous sommes approchés par un oncle de Vanessa qui
jusque-là, était resté très discret:
" Mais papa, j'ai appris que le gouvernement va donner l'enfant de
Vanessa à la Magistrate. Est-ce que c'est vrai? dans tous les cas, nous
ne voulons plus rien savoir de ces enquêtes et nous allons exiger une
commission d'enquête internationale. Tous les prélèvements pour dit-on
faire des analyses d'ADN sont faux et sans valeur nous. On vous dit que
l'on a prélever tout le monde, mais quand, où, comment, et avec qui
comme témoin? Nous allons demandé à notre avocat de tout contester. tant
qu'il n'y a pas cette commission internationale, nous resterons sur
notre position. D'ailleurs, ce qu'il faut aujourd'hui, ce n'est pas des
enquêtes, c'est la restitution du bébé et l'arrestation de tous ceux qui
ont monté le vol. On les connaît tous, mais on tourne autour du pot
pourquoi donc"?
Cette opinion est de plus en plus partagée par beaucoup de citoyens qui ne croient pas à l'impartialité des pouvoirs publics et prédisent que Vanessa aura du mal à se voir restituer son bébé.
18hs30, alors que je formule encore ces lignes, un appel retenti. C'est l'épouse de Sosthène. Elle sort du commissariat et s'inquiète.
" Où est Sosthène?
Comment çà?
Mais il n'est pas au commissariat. Je sors de là et on me dit que son médecin et son avocat l'ont amené vers un hôpital pour des examens. Il semble que vous étiez avec non?
A suivre.
Fait Yaoundé, le 11 février 2012