Ellen
Johnson Sirleaf a suspendu son propre fils, Charles, qui n’a jamais
déclaré son patrimoine depuis qu’il a été nommé vice-gouverneur de la
Banque centrale du Liberia.
Paul Biya lit-il les journaux ? Il en a l’habitude, déclarent en chœur
et à l’unisson ceux qui sont dans son entourage. Quand le fait-il,
puisqu’il y a toute une escouade de journalistes du cabinet civil de la
Présidence de la République qui lisent pour lui chaque matin tous les
quotidiens et autres hebdomadaires paraissant au pays et lui en rendent
compte sous forme de revue de presse ?
Si Paul Biya avait lu l’hebdomadaire Jeune Afrique n° 2694 du 26 août au 1er septembre 2012, il serait tombé en page 13 sur la rubrique en baisse concernant Charles Sirleaf, le fils de la présidente libérienne qui a été suspendu par sa propre mère de ses fonctions de vice-gouverneur de la Banque centrale du Liberia ainsi que 45 hauts fonctionnaires pour «ne pas avoir déclaré leur patrimoine aux autorités de lutte contre la corruption».
La lecture de ce filet lui aurait donné matière à réflexion, lui dont la déclaration des biens et avoirs de hauts responsables du pays figure en bonne place, au titre XII intitulé «des dispositions spéciales» de la Constitution qu’il a promulguée le 18 janvier 1996. L’article 66 de cette constitution dispose :
Depuis, Paul Biya n’a jamais signé le décret d’application pour rendre
effectif l’article 66. S’il le fait, il tomberait lui-même sous le coup
de cet article et plusieurs milliers de gestionnaires de la chose ou de
la fortune publique prendraient tout droit la route qui mène en prison.
Le Chef de l’Etat est probablement l’homme le plus riche du pays, même
s’il a de sérieux rivaux qui lui disputent férocement et avec des
arguments solides la première place.
Si on applique à la lettre l’article 66, il y aura beaucoup de postes à pourvoir dans la haute administration, au sein du gouvernement parce que tous les occupants de ces postes, à quelques exceptions près sont de potentiels prisonniers. Paul Biya devrait imiter la présidente libérienne qui a donné-là un exemple de bonne gouvernance et de respect de la constitution de son pays, ce que le Chef de l’Etat camerounais traîne à faire. La déclaration des biens et avoirs bien appliquée pourrait bien aider le président Biya dans sa lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, une lutte qui est pour le moment à tête chercheuse.
Même un nouveau venu dans la fonction
présidentielle en la personne du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall a
déclaré ses biens une fois élu, même comme les méchantes langues disent
qu’il n’a pas tout déclaré. Il vaut mieux faire semblant que de ne rien
faire du tout. Glosent les observateurs avertis.