L'occasion de la célébration de la journée internationale contre les mutilations sexuelles dont la femme africaine en particulier est la victime la mieux connue mais aussi la plus pitoyable, la commission indépendante contre la corruption et la discrimination rappelle que cet état des choses, au-delà des pesanteurs coutumières, doit beaucoup à la complaisance de certaines élites et l'obscurantisme criarde des cadres institutionnels de protection de l'individu.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination s'associe passionnément à toutes les manifestations d'indignation contre la pratique de l'excision ainsi que toutes les violences faites aux femmes en général.
La Commission déclare que la pratique de l'excision constitue un crime insoutenable contre l'humanité et qu'aucun argument anthropologique, historique, culturel ou spécifique, ne saurait justifier une si grossière atteinte à l'intégrité du corps de la femme. Toute comparaison avec la circoncision pratiquée sur l'organe sexuel masculin est inadmissible, malvenue, et procède de la volonté malhonnête de certains esprits criminels de semer la confusion et perpétuer un sexisme cruel.
La Commission appelle à la fin de cette discrimination criminelle partout et invite les citoyens et citoyennes à se battre avec tous les moyens légaux, pour contribuer à son éradication totale.
La Commission réitère que l'on ne saurait parler de démocratie, de bonne gouvernance, de développement et de progrès tout court, sans au préalable mettre fin à toutes les violences faites aux femmes dont les mutilations sexuelles et toutes les autres formes de discrimination, en sont les symboles au quotidien. La chosification du corps de la femme, les mises en scène cinématographiques et théâtrales qui en font un être faible, un objet de distraction, un instrument de trahison et d'addiction, une esclave corvéable à merci et interchangeable, doivent être résolument combattues.
La Commission rappelle qu'il existe toujours sur la planète, des Etats membres de l'ONU à l'instar des monarchies du Golfe arabo persique, où la femme ne peut pas voter, ne peut pas conduire un véhicule, ne peut pas se promener librement dans la rue, ne peut pas jouir de nombreux droits et libertés consacrés par la déclaration universelle des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
La Commission assimile à autant de violences inacceptables, le refus de payer les pensions alimentaires, le refus d'exécuter les condamnations pécuniaires résultant des divorces, le refus par certains magistrats d'accéder à la demande de rupture du lien de mariage introduite par la femme, le refus d'institutionnaliser la parité hommes-femmes dans tous les postes de responsabilité nominatifs et électifs, l'exclusion injustifiée de certains corps de métier, la discrimination dans la détermination des droits successoraux.
La Commission recommande à la communauté des Etats réunis au sein des organisations internationales de caractère universel, de mettre la pression sur les Etats qui tolèrent les mutilations sexuelles, pour les amener à y mettre radicalement fin, et au besoin de conditionner la continuité de leur qualité de membre par l'effectivité de l'éradication de cette pratique criminelle sur leur territoire./.
Fait à Yaoundé, le 06 février 2013
Le Président de la Commission
SHANDA TONME, Médiateur universel