Déchéance - Détournement de l'argent public: Le Sénateur de la Vallée du Ntem, François-Xavier Menye Ondo, aux portes de Kondengui
Yaoundé, 26 Août 2013
© Michel Tafou | La Météo
La nouvelle ne fait pas encore grand bruit. Mais, le non moins notaire est menacé de levée d'immunité, dans le cadre d'une transaction foncière à problèmes qui pourrait également emporter le Dg de Camwater.
Déchéance - Le Sénateur Menye Ondo en terrain glissant
Sénateur nommé de la Vallée du Ntem, François-Xavier Menye Ondo a été fêté en grandes pompes le 24 août à Ambam. Cette joie communicative, sauf miracle de dernière minute, sera de courte durée, tant le ciel semble lourd de menaces pour l'honorable. A peine investi, l'homme est en effet, apprend-on de source fiable, sous le coup d'une action judiciaire à la suite de démêlés fonciers.
Notaire de profession, il a en effet été chargé, par la société publique Camwater, de l'acquisition d'un terrain à Etetak, bourgade des hauteurs de Yaoundé rendue célèbre par feu le Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Basile Emah. Le terrain en question est une surface de 4500 m2 a raison de 60 000 FCFA le m2. Soit un total 270 millions de FCFA. Curieusement, un membre de la famille propriétaire dudit terrain approché, avoue n'avoir reçu aucun radis jusqu'à ce jour. «Me François-Xavier Menye nous avait parlé de 10 000 FCFA le m2, tantôt de 15 000 FCFA le m2. Du côté de la Camwater, on nous a dit que l'argent a été décaissé. Malheureusement aujourd'hui, nous n'avons perçu le moindre sou», mentionne-t-il courroucé en évoquant toutes ces fortes commissions perçues çà et là, sur le dos de sa famille.
A sa suite, Pascal Blaise Ondoua, indiquent nos sources, s'est rappelé au bon souvenir de François-Xavier Menye Ondo, voici quelques temps à travers une lettre de dénonciation, dans laquelle le notaire est traité de tous les noms d'oiseaux. Il affirme avoir été «contourné» pendant les négociations, lui l'ami de la famille Emah, l'auxiliaire de justice, mais aussi le Directeur général de Camwater, Jean Williams Sollo, ayant négocié dans son dos avec un certain Brice Ombga, qu'on présente comme un homme-lige du Dg de la Camwater.
Aujourd'hui, le vieux Pascal Blaise Ondoua qui n'a plus que ses yeux pour pleurer, n'ayant pas reçu le sommes promises, a décidé de tout déballer. Qui plus est, note-t-il dans sa plainte adressée au Tribunal criminel spécial (Tcs), il est apparu que le montant final de la parcelle a été grossièrement gonflé, que les quittances sont fictives. Son cas a été rapporté il y a quelques jours par nos confrères de La Nouvelle Expression.
Cette publication a joint François-Xavier Menye Ondo au téléphone, au sujet des lamentations du vieux Ondoua contre le sieur Ombga. «Par mesure d'équité, je lui ai répondu de se rapprocher de Monsieur Omgba, a-t-il répondu. S'ils se rencontrent, qu'ils me fassent un PV de leur rencontre dans lequel ils vont préciser la somme qu'il faut payer à Monsieur Ondoua. Je tiens à préciser que ce monsieur et moi n'avons aucun rapport sur le plan judiciaire. Il aurait été contacté par deux membres de la succession pour gérer la même question. Par contre, la relation entre moi et M. Omgba est encadrée par une décision du juge du Tgi».
Auditions. Tout ceci semble bien aérien, insistent les connaisseurs de ce dossier, et surtout des proches de Me Menye Ondo qui lui prêtent bien d'autres casseroles des plus sulfureuses. «Le notaire à certes dressé des documents liés à la transaction, mais il n'a toujours pas payé de commissions à qui que ce soit. De même, on a du mal à décrypter ses combines avec le patron de Camwater», explique un homme proche du dossier qui estime que «l'affaire ressemble à une mafia qui a permis aux différents acteurs de vider les caisses» de la Camwater».
En effet, selon des indiscrétions, François-Xavier Menye Ondo, de même que Jean Williams Sollo, ont plusieurs fois déjà été entendus au Secrétariat d'Etat à la Défense (Sed) en charge de la gendarmerie. Ses conclusions ont été transmises au Tcs, qui lui-même vient de les soumettre au Président du Sénat, Marcel Niat Njifendji. Ne resterait plus alors qu'une réunion du bureau de la Chambre haute, suivie éventuellement d'une séance plénière visant à la levée de l'immunité du sénateur de la Vallée du Ntem. Il serait alors le premier à subir ce supplice et cette humiliation publique.
Si, jusqu'ici, le désormais honorable a toujours extraordinairement réussi à passer à travers les gouttes, il n'est pas évident qu'il s'en sortira indemne cette fois. «Le dossier est bouclé et solide. Il aura du mal à s'en sortir, malgré ses éternelles protections dont certains commencent à se lasser de sa propension aux dérapages de toute nature», analyse un vieil ami sous le sceau de l'anonymat. On prête ainsi au bouillonnant notaire de solides appuis dans le sérail. Il serait même, indiquent certains, sur le point de convoler en justes noces avec une Française, dans le dessein de changer de nationalité. Et échapper à la justice, désormais à ses trousses.
Restera alors le cas Sollo qu'on sait et ce n'est un secret pour personne- intègre, dont on se demande ce qu'il est bien allé chercher dans cette mafia. Lui qui vient à peine d'être remis en grâce par le Chef de l'Etat après une longue traversée du désert, et qui aujourd'hui, est de plus en plus cité dans des «dossiers compliqués». Chaud devant!