Décès de Pius Njawé: Les larmes de crocodiles
YAOUNDE - 19 JUILLET 2010
© Dieudonné Mveng | La Météo
«Nous» avons tous consacré le temps, peut-être par jalousie, à médire de «Le Messager» et de son directeur de publication, inutile de faire du mauvais théâtre autour de la dépouille de l'illustre disparu...
Lors des 41 e assises de l'Union de la presse francophone, tenues à Yaoundé du 17 au 22 septembre 2009, l'Ivoirien Alfred Dan Moussa, président en exercice de cette organisation, prenant la parole devant un parterre de personnalités variées qui venaient des quatre coins de la planète, relevait avec plaisir dans son discours, qu'il était content d'être au pays de Paul-Biya, de Ni John Fru Ndi, de Roger Milla, et de Pius Njawé. Bien qu'étant absent du palais des Congrès qui accueillait ce beau monde ce jour là (le directeur de publication de Le Messager fêtait le trentenaire de son canard), l'ombre du célèbre journaliste y planait. C'est dire combien cette star de la plume qui vient brutalement de nous quitter était un personnage dont la notoriété sur le plan international, ne faisait plus l'ombre de quelque doute.
Comme Alfred Dan Moussa, je n'ai pas attendu que le président de Free media group décède, pour lui dérouler un quelconque tapis rouge. Parce que j'ai la conviction qu'il était un grand journaliste, je lui ai toujours de son vivant, rendu un hommage des plus sincères et mérités. Et le dernier acte que j'ai posé dans ce sens est récent. La Météo, dans une édition baptisée retro 2009, revenait alors dans sa première sortie de l'année 2010, sur les faits et les hommes ayant le plus capté l'attention du monde au cours de l'année 2009.
Evidemment, parmi les élus honorés sur la base des critères précis dans la publication, se trouvait en bonne place, Pius Njawé. Le journaliste émérite en était tellement aux anges que le lendemain, la même nouvelle faisait l'un des titres phares de son quotidien. «Pius Njawé honoré par La Météo», pouvait-on lire à la Une de Le Messager. L'homme prit même la peine de joindre la rédaction de votre journal au téléphone, question de dire merci à toute la rédaction pour «l'estime que vous avez bien voulu porter à ma modeste personne». Et d'ajouter en guise de conclusion: «je suis tellement content que cette reconnaissance me vient plutôt des compatriotes, puisque dans mon pays, c'est généralement mes propres frères journalistes, les directeurs de publication en l'occurrence, qui passent l'essentiel de leur temps à me vilipender». Cette réaction de Pius Njawé tranche curieusement avec cette effervescence pour le moins surprenante qu'on observe aujourd'hui autour de l'organisation des obsèques du célèbre journaliste, quand on sait par ailleurs que les circonstances de la brutale disparition du self-made-man restent des plus brouillées.
Au-delà des nombreux témoignages dont tous s'accordent à titre posthume, malheureusement, à reconnaître que le regretté historien du présent était l'un des messies de la liberté de presse au Cameroun, je dis pour ma part qu'il faut arrêter le mauvais cinéma. «Nous» avons tous consacré le temps, peut-être par jalousie, à médire de «Le Messager» et de son directeur de publication, inutile de faire du mauvais théâtre autour de la dépouille de l'illustre disparu. Je suis également amusé d'entendre dire ici et là, qu'aucun effort ne sera ménagé pour que Le Messager continue d'être en kiosque, après avoir vécu, de loin, les difficultés que le groupe a connues il y a quelques temps, sans pour autant qu'une aucune bonne volonté ne puisse voler à son secours. Je regrette simplement pour ma part une ou deux petites choses. L'homme meurt sans avoir vu sa radio, Freedom Fm émettre. L'homme meurt aussi sans avoir vécu l'alternance qu'il avait tant souhaitée en 2011. En tant que journaliste, le plus urgent pour moi n'est pas l'organisation des obsèques grandioses à Pius Njawé. Mais de chercher à connaître les circonstances exactes de sa mort subite. Car, au-delà de nos divergences, au-delà de nos intérêts pour la plupart égoïstes, nous sommes d'abord des journalistes. Ayons donc à l'esprit que hier, c'était Bibi Ngota. Aujourd'hui, c'est Pius Njawé. Demain, à qui le tour?
© Dieudonné Mveng | La Météo
«Nous» avons tous consacré le temps, peut-être par jalousie, à médire de «Le Messager» et de son directeur de publication, inutile de faire du mauvais théâtre autour de la dépouille de l'illustre disparu...
Lors des 41 e assises de l'Union de la presse francophone, tenues à Yaoundé du 17 au 22 septembre 2009, l'Ivoirien Alfred Dan Moussa, président en exercice de cette organisation, prenant la parole devant un parterre de personnalités variées qui venaient des quatre coins de la planète, relevait avec plaisir dans son discours, qu'il était content d'être au pays de Paul-Biya, de Ni John Fru Ndi, de Roger Milla, et de Pius Njawé. Bien qu'étant absent du palais des Congrès qui accueillait ce beau monde ce jour là (le directeur de publication de Le Messager fêtait le trentenaire de son canard), l'ombre du célèbre journaliste y planait. C'est dire combien cette star de la plume qui vient brutalement de nous quitter était un personnage dont la notoriété sur le plan international, ne faisait plus l'ombre de quelque doute.
Comme Alfred Dan Moussa, je n'ai pas attendu que le président de Free media group décède, pour lui dérouler un quelconque tapis rouge. Parce que j'ai la conviction qu'il était un grand journaliste, je lui ai toujours de son vivant, rendu un hommage des plus sincères et mérités. Et le dernier acte que j'ai posé dans ce sens est récent. La Météo, dans une édition baptisée retro 2009, revenait alors dans sa première sortie de l'année 2010, sur les faits et les hommes ayant le plus capté l'attention du monde au cours de l'année 2009.
Evidemment, parmi les élus honorés sur la base des critères précis dans la publication, se trouvait en bonne place, Pius Njawé. Le journaliste émérite en était tellement aux anges que le lendemain, la même nouvelle faisait l'un des titres phares de son quotidien. «Pius Njawé honoré par La Météo», pouvait-on lire à la Une de Le Messager. L'homme prit même la peine de joindre la rédaction de votre journal au téléphone, question de dire merci à toute la rédaction pour «l'estime que vous avez bien voulu porter à ma modeste personne». Et d'ajouter en guise de conclusion: «je suis tellement content que cette reconnaissance me vient plutôt des compatriotes, puisque dans mon pays, c'est généralement mes propres frères journalistes, les directeurs de publication en l'occurrence, qui passent l'essentiel de leur temps à me vilipender». Cette réaction de Pius Njawé tranche curieusement avec cette effervescence pour le moins surprenante qu'on observe aujourd'hui autour de l'organisation des obsèques du célèbre journaliste, quand on sait par ailleurs que les circonstances de la brutale disparition du self-made-man restent des plus brouillées.
Au-delà des nombreux témoignages dont tous s'accordent à titre posthume, malheureusement, à reconnaître que le regretté historien du présent était l'un des messies de la liberté de presse au Cameroun, je dis pour ma part qu'il faut arrêter le mauvais cinéma. «Nous» avons tous consacré le temps, peut-être par jalousie, à médire de «Le Messager» et de son directeur de publication, inutile de faire du mauvais théâtre autour de la dépouille de l'illustre disparu. Je suis également amusé d'entendre dire ici et là, qu'aucun effort ne sera ménagé pour que Le Messager continue d'être en kiosque, après avoir vécu, de loin, les difficultés que le groupe a connues il y a quelques temps, sans pour autant qu'une aucune bonne volonté ne puisse voler à son secours. Je regrette simplement pour ma part une ou deux petites choses. L'homme meurt sans avoir vu sa radio, Freedom Fm émettre. L'homme meurt aussi sans avoir vécu l'alternance qu'il avait tant souhaitée en 2011. En tant que journaliste, le plus urgent pour moi n'est pas l'organisation des obsèques grandioses à Pius Njawé. Mais de chercher à connaître les circonstances exactes de sa mort subite. Car, au-delà de nos divergences, au-delà de nos intérêts pour la plupart égoïstes, nous sommes d'abord des journalistes. Ayons donc à l'esprit que hier, c'était Bibi Ngota. Aujourd'hui, c'est Pius Njawé. Demain, à qui le tour?