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Alors que Germain Cyrille Ngota Ngota alias Bibi Ngota entame son dernier voyage sur terre, le bateau qui a coulé avec lui est un vieux bâtiment flottant baptisé le «Rio Del Rey» acquis en seconde main à 17 milliards FCPA par la Société nationale d'hydrocarbure.

Le 26 novembre 2008, une ambiance féerique illumine le Chantier naval de Gelibolu, ville turque située dans le détroit des Dardanelles qui sépare l'Europe et l'Asie. C'est que, le secteur d'activité du chantier naval qui bat de l'aile en Europe et notamment en Turquie vient de faire une opération financière sans pareil, en réussissant à vendre au Cameroun un vieux bâtiment en seconde main et repeint pour la circonstance, au prix officiel de 17 milliards FCFA, il se refaisait une cure de jouvence. De quoi permettre au Chantier naval de Gelibolu de se sauver d'un dépôt de bilan au détriment du contribuable camerounais. Une fortune pour un investissement dont la priorité et l'urgence, restent à démontrer pour un pays qui venait d'atteindre le point d'achèvement de l’Ippte. D'ailleurs, l'Administrateur directeur général (Adg), Adolphe Moudiki, dans son allocution de circonstance, lors de la rétrocession qui a eu lieu à 260 Km d'Istanbul, va présenter cette opération comme le plus important investissement jamais réalisé par la Snh sur fonds propres. «Il y a dans cet investissement de quoi commencer à concrétiser le rêve pour la Snh d'être demain un opérateur pétrolier à part entière.» Même si les experts du secteur s'étonnent que depuis des décennies, ce sont les sociétés Elf Serepca et autre Total qui exercent en offshore sans avoir besoin d'un quelconque «appui» extérieur. En outre, on se demande si la Snh a vocation à jouer les plaisanciers d'opérette. Dans ses missions, la Snh est réputée se charger de la promotion, la valorisation et le suivi des activités pétrolières sur l'ensemble du territoire national, de la gestion des intérêts de l'Etat dans le secteur pétrolier, de la commercialisation, sur le marché international, de la part de la production nationale de pétrole brut qui revient à l'Etat.

Seulement, l'acquéreur, qui n'est autre que la Snh va présenter cette barge hôtel aux camerounais et au Chef de l'Etat comme étant un bâtiment neuf. Dans les rapports adressés à la haute hiérarchie de l'Etat, il est indiqué que «cet immense bâtiment est le 40ème bateau jamais construit par ce chantier naval qui occupe le 6ème rang mondial dans la construction navale.» Baptisé le «Rio Del Rey» du nom du bassin sédimentaire d'où est tiré l'essentiel de la production de pétrole de notre pays, il est un bâtiment 70m de long, 20m de large, avec un tirant d'eau de 2,3 m. Il a une capacité d'hébergement de 132 à 150 lits. Le "Rio Del Rey", un bâtiment de quatre niveaux, avec une aire d'atterrissage pour hélicoptères (l'helpdesk) qui surplombe le pont supérieur. C'est courant 2009 qu'il bat pavillon au Cameroun. Il était dit que ce bateau permettra notamment à la Snh «d’apporter un appui logistique aux sociétés pétrolières opérant dans le domaine minier maritime du Cameroun.»


Le pot au rose

Pour l'acquisition de cette barge hôtel, il est échafaudé un montage financier maffieux avec la société sous-traitante ABC Maritime AG (sis rue P??temps / CH -1260) de Jérôme Personaz et partenaire technique et financier de la Snh à travers la société PAS (Petroleum Advising Service, sis 36, Rue de Lausanne CH-1201, Genève, Suisse.) de Francis Dooh Collins. La PAS a pour mission de négocier à partir de juillet 2007, d'un: «la recherche d'une barge hôtel, la définition du cahier de ses spécifications techniques, les négociations avec le vendeur de la dite barge en vue de son acquisition, et le suivi de la construction et la livraison de cette barge» Et d'autre part «L'acquisition d'un Tanker d'une capacité de 2 200 000 BBLS et sa transformation en navire flottant de stockage et d'enlèvement (FSO) devant être mise en service au Cameroun au cours du quatrième trimestre de l'année 2009». Mais à la vérité, il va s'agir de la réfection de ce bâtiment du Chantier naval de Gelibolu, réaménagé pour la circonstance. Le marché est signé de gré à gré, et le mode de paiement prévu est le virement. Ce que fait la Snh au compte au de la société intermédiaire lban au N° du chèque CH 1804835010005682024 Crédit Suisse, BASLE SWIFT CODE CRESCH 2240. Le coût total est de 17 milliards FCFA versés en deux virements. La commission est de 3% de la valeur de la barge qui aura été arrêtée d'accord partie comme l'indique une note de Mme Marie-Chantal Songue, Chef de la Division juridique à son collègue de la direction de la production de juin 2008 avec pour objet «Acquisition d’une barge hôtel». «Nous avons l'honneur de porter à votre attention les éléments de ce dossier à notre disposition ne nous nous permettent pas de constater et prendre en compte un accord des parties sur la rémunération de 3% de la valeur de la barge indiquée par PAS.» Avant d'ajouter que «Par ailleurs, nous rappelons à votre attention les instructions de Mr l'Adg prescrivant de couvrir les deux volets de l'assistance de PAS (stockeur unique et barge hôtel) par la rémunération mensuelle de 60 000 Dollars US (environ 25 500 000 FCFA) objet du contrat en vigueur, payée au prestataire depuis juillet 2007.»

Ce qui montre à suffisance qu'il y avait déjà les prémisses d'un conflit de paiement. On comprend pourquoi les acteurs de la connexion maffieuse vont solliciter l'intervention du Président du conseil d'administration (Pca) qui n'est autre que le ministre d'Etat, Secrétaire général à la présidence de la République, Laurent Esso pour entrer en possession des rétro-commissions. D'un montant global de 1,342 milliard de francs CFA que devrait être payés ou se repartir Francis Dooh Collins, Adg du PAS, Antoine Bikoro Alo'o, Dg du Chantier naval et industriel du Cameroun, Dayas Mounoumé, Dg du Port autonome de Douala et Jean Perrial Nyodog, Dg de Tradex. C'est pour entrer en possession de cette importante somme que le ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, aurait instruit l'Adg de la Snh de payer cette somme «dans les meilleurs délais et en toute confidentialité». De source bien informée, le "Rio Del Rey" aurait battu pavillon Suisse, avant d'être mis aux dernières nouvelles au service du Bataillon d'intervention rapide (BIR) dans les eaux troubles de Bakassi.

Pour tous ceux qui portent le deuil de Bibi Ngota, il n'ont qu'un souhait, que toute la lumière soit faite sur les conditions d'achat de ce bateau hôtel par la Snh. Mieux encore, que les personnes mises à contribution dans les transactions pour percevoir les rétro-commissions, qu'on dit maffieuses soient entendues.