S’il est un fait récurrent, c’est celui des déballages a postériori de membres du gouvernement entrés en disgrâce et pire, interpellés pour leurs crimes économiques. Aussi peut-on d’emblée dire que se fondant sur cette réalité, on ne devrait pas attendre des différentes dénonciations, au travers de lettres ouvertes, de révélations extraordinaires de Marafa Hamidou Yaya qui affiche simplement à l’occasion, quelque nostalgie pour avoir été évincé de la mangeoire. C’est le cas effectivement de le croire, tant les révélations contenues dans ses différentes lettres devenues le fonds de commerce de certains de nos confrères auront pour la plupart été rédigées du moment où il était encore en fonction. C’est donc dire qu’en avalisant leur non publication en leur temps, l’initiateur de celles-ci adhérait de fait aux dysfonctionnements institutionnels qu’induisent les critiques qu’elles mettent aujourd’hui en exergue, pour entériner la thèse de la cabale politicienne à son encontre. Analyse faite, son attitude est plutôt assimilable à quelque sursaut d’orgueil de naufragé qui, se sentant inexorablement condamné, en vient à vouloir faire porter le chapeau de son infortune à ceux des potentiels sauveteurs qui le prévinrent pourtant de ne point s’aventurer dans quelque mer trouble. L’allégorie ne rend peut-être pas exactement compte de la situation nouvelle qui est celle de Marafa Hamidou Yaya, mais on ne saurait en dire qu’elle s’en éloigne foncièrement.
En effet, si tant il est vrai que les réformes et autres propositions qu’il fit au chef de l’Etat étaient si pertinentes comme il le prétend aujourd’hui, pourquoi n’avoir pas insisté pour leur mise en œuvre effective afin, à la fois de diluer les insuffisances qu’il présente comme porteuses de menaces certaines pour la paix à plus d’un titre ? En l’absence de réponse probante à cette première interrogation, bon nombre d’observateurs avertis de la scène sociopolitique camerounaise en viennent simplement à conclure qu’en fait de révélations, Marafa Hamidou Yaya étale au grand jour les jérémiades d’un pouvoiriste qui se sait désormais découvert et qui dès lors, ne prend plus de gants pour tomber le masque qui lui permit d’entretenir une mesquine collaboration durant les nombreuses années où il participa aux gouvernements respectifs de celui contre lequel il insinue en réalité quelque propension au sadisme à l’encontre de ses proches collaborateurs progressistes, au sens premier du terme. Ce d’autant plus qu’en filigrane, la subsistance de dysfonctionnements institutionnels décriés par ce dernier seraient plutôt motivés par quelque volonté malveillante du chef de l’Etat de perpétuer quelque statu quo, tout au moins en ce qui concerne l’avènement d’une société camerounaise effectivement démocratique. Mais ce qui semble le plus curieux dans le déballage entamé de Marafa Hamidou Yaya, c’est qu’il ait formellement reconnu avoir adhéré à cette option, en se portant garant à de nombreuses occasions de leur justesse.
Dès lors, les déballages en lesquels il espère trouver quelque bouée de sauvetage, sont loin d’atteindre cet objectif sous jacent à l’adhésion aux insinuations y contenues par l’opinion. Pire, cette dernière lui renvoie à la face le côté mesquin qui aura été le sien, quand il prit sur lui de réfréner l’aspiration légitime de cette dernière à des réformes institutionnelles en profondeur en lieu et place, des pâles copies qu’il avalisa et qu’il présente aujourd’hui comme une véritable bombe à retardement dans l’optique de quelque implosion sociale qu’il dit par ailleurs latente. Or, de tels propos émanant d’un adepte de la paix, un terme qu’il se fait fort de mettre chaque en exergue, trahissent plutôt le caractère aérien de ses propres convictions en la matière.
En circonscrivant ses déballages aux faits pouvant susciter quelque sympathie de cette même opinion qu’il voudrait prendre à témoin pour crier à l’injustice dont il fait l’objet (?). Peut-être omet-il au passage que son argumentaire intègre malheureusement des faits aggravants qui ne sauraient militer de quelque manière en sa faveur, à l’instar des insinuations tenant de la non prise en compte permanente de ses propositions, bien que pour certains des sujets évoqués, son expertise soit reconnue. Sauf pour lui de vouloir démonter là quelque narcissisme, il y a fort à parier qu’à aucun moment il n’aura soumis lesdites propositions aux experts reconnus comme tels. Aussi ces dernières ne pouvaient-elles qu’être parcellaires et plutôt partisanes là où elles nécessitaient un consensus.