Alors que l’affaire se murmurait déjà dans les rédactions et autres milieux huppés du pays, en 2011, alors qu’ils s’approchaient de la fin de leurs peines, le pouvoir camerounais a sorti de son chapeau, de nouveaux dossiers à charge contre Michel Thierry Atangana et celui qui fut son mentor, Edzoa Titus. Après de longs mois de procès ces derniers, comme tout le monde le pressentait, ils n’y ont pas échappé : le 04 octobre, Michel Thierry Atangana, homme d'affaires franco-camerounais (48 ans), et Titus Edzoa, ancien secrétaire général de la présidence (67 ans), ont été condamnés à vingt ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Yaoundé.
Ils devront donc passer, cinq ans de plus derrière les barreaux, en espérant qu’une nouvelle affaire ne leur sera pas imputée. Ils sont accusés et reconnus coupables de « détournement et tentative de détournement de 59,4 milliards de FCFA et de trafic d’influence ». Ces condamnations font suite à une longue liste tout aussi importante.
Au terme du procès de cette seconde affaire, l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain a dit sa déception face à cette « lourde peine» infligée à son compatriote avant d’ajouter : « Les autorités camerounaises disposent de bases juridiques qui leur permettraient de faire preuve de clémence à l’égard d’un justiciable qui a déjà largement payé sa dette vis-à-vis de la société », avait affirmé Bruno Gain.
Ce à quoi, le gouvernement camerounais a opposé, quelques jours plus tard, la magnanimité de la justice locale tout en rappelant que : « l’article 184 du Code pénal dispose que toute personne reconnue coupable d’un détournement de deniers publics supérieur à 500 000 Fcfa est passible de la prison à perpétuité. Même en cas d’admission au bénéfice des circonstances atténuantes, la peine prononcée par le juge ne peut être inférieure à dix ans d’emprisonnement ferme ». Soit!
D’où le fait que, peu de personnes accordent à l’opération épervier le crédit qu’elle réclame, et que ses initiateurs lui reconnaissent de nos jours. L’implication, dans l’ombre du président de la République, ne peut que biaiser les jugements et laisser clairement apparaître l’idée selon laquelle les personnes ainsi mises en prison y sont jetées, non pas pour sécuriser la fortune publique, mais davantage pour neutraliser leurs ambitions politiques : quoi de plus fort que la prison pour arriver à casser, psychologiquement ses virtuels adversaires? Alors que le gouvernement se défend d’avoir mis en place des procès à charge contre de hauts commis de l’Etat, il est difficile de penser que ces peines, aussi lourdes fussent-elles, puissent véritablement entamer l’appétit de fossoyeurs de la fortune de l’Etat et faire jouer le rôle d’une justice appelée à corriger les torts des citoyens dans la société.
La tenue du 9 au 11 octobre 2012 des états
généraux de la fortune publique organisés par le Contrôle supérieur de
l’Etat (Consupe), devrait également, au-delà de l’amélioration de la
performance des contrôles de gestion organiser de façon efficace les
actions de répression des atteintes à la fortune publique sans pour
autant qu’une chasse sélective aux sorcières soit menée car, il faut le
reconnaître, l’application de lourdes peine de prison de réussira ne
réussira pas à enrailler le phénomène tant que l’application de
l’article 66 de la Constitution relative à la déclaration des biens des
personnes qui ont la charge de la gestion du bien public, restera un
article mort.