Dans la spirale de la guerre
Dans la spirale de la guerre
(Le Pays 17/12/2010)
La journée d’hier était redoutée par tous ceux qui suivent l’actualité politique ivoirienne. Elle fut effectivement et malheureusement sanglante. Tant parmi les manifestants proches de Alassane Ouattara, appelés à rallier la RTI (Radio télévision ivoirienne) que du côté des éléments des Forces nouvelles, le bilan est lourd. Le décompte macabre ne fait que s’allonger en Côte d’Ivoire. Aux morts recensés depuis le second tour, sont venus s’ajouter ceux d’hier.
Les troupes favorables à Laurent Gbagbo, comme on l’imaginait, n’ont pas fait de quartier pour défendre un des sanctuaires de leur pouvoir, à savoir la RTI. Les manifestants à mains nues, qui croyaient pouvoir, un mouchoir blanc à la main, prendre la RTI, en ont eu pour leur compte. Idem pour les soldats du commandant Wattao repliés dans l’Hôtel du Golf, qui ont été accueillis par des tirs nourris. Au total, la prise de la forteresse RTI a échoué au cours de cette première tentative du président élu Alassane Dramane Ouattara. Mais elle pourrait sonner le coup d’envoi d’affrontements généralisés entre d’une part les deux forces armées, et d’autre part entre populations. Le pire est donc à craindre après cette offensive ratée, ces affrontements pour le moment circonscrits entre militaires des deux bords, ces exactions contre les civils, qui, forcément en appelleront d’autres. La Côte d’Ivoire est en train de basculer dans une crise irréversible.
Mais la communauté internationale assistera-t-elle les bras croisés à cette hécatombe programmée ? C’est clair, le pays a atteint le point de non-retour. En faisant tirer à balles réelles sur des manifestants et en n’hésitant pas à semer la mort même parmi les hommes du Premier ministre Guillaume Soro, Laurent Gbagbo a résolument tourné le dos à un départ en douceur du pouvoir. C’est une autre étape de sa résistance qui commence ainsi. C’est pourquoi la question d’une intervention directe des Casques bleus pour sauver ce qui peut l’être encore, se pose avec insistance. Et si intervention il y a, ce sera pour protéger les civils et surtout permettre l’installation, dans ses prérogatives, du président élu. Il ne doit pas y avoir de doute à ce niveau. Ce sont les palabres interminables qui ont du reste conduit à l’impasse actuelle et nourri les velléités guerrières. Laurent Gbagbo, il faut le savoir, se moque éperdument des incantations de la communauté internationale. S’il a pu faire appel à des mercenaires libériens pour le défendre et réprimer sa propre population, comme le laissent entendre les Forces nouvelles, c’est qu’il est prêt à tout. Seule une prise de responsabilité assumée peut rétablir la légalité dans le pays et éviter des massacres à grande échelle. Les Casques bleus de l’ONUCI, pour cette première journée d’affrontements, ont donc failli en jouant les spectateurs neutres.
Ils avaient le devoir d’encadrer et de protéger les manifestants, afin que ceux-ci ne soient pas ainsi livrés aux balles assassines de Gbagbo. Mais il n’est pas encore tard pour eux de se ressaisir. Après avoir vu la bestialité dont sont capables les sbires de Gbagbo, ils savent désormais à quoi s’en tenir : mettre fin à l’usurpation du pouvoir par Gbagbo, qui n’a que trop duré.
Mahorou KANAZOE
(Le Pays 17/12/2010)
La journée d’hier était redoutée par tous ceux qui suivent l’actualité politique ivoirienne. Elle fut effectivement et malheureusement sanglante. Tant parmi les manifestants proches de Alassane Ouattara, appelés à rallier la RTI (Radio télévision ivoirienne) que du côté des éléments des Forces nouvelles, le bilan est lourd. Le décompte macabre ne fait que s’allonger en Côte d’Ivoire. Aux morts recensés depuis le second tour, sont venus s’ajouter ceux d’hier.
Les troupes favorables à Laurent Gbagbo, comme on l’imaginait, n’ont pas fait de quartier pour défendre un des sanctuaires de leur pouvoir, à savoir la RTI. Les manifestants à mains nues, qui croyaient pouvoir, un mouchoir blanc à la main, prendre la RTI, en ont eu pour leur compte. Idem pour les soldats du commandant Wattao repliés dans l’Hôtel du Golf, qui ont été accueillis par des tirs nourris. Au total, la prise de la forteresse RTI a échoué au cours de cette première tentative du président élu Alassane Dramane Ouattara. Mais elle pourrait sonner le coup d’envoi d’affrontements généralisés entre d’une part les deux forces armées, et d’autre part entre populations. Le pire est donc à craindre après cette offensive ratée, ces affrontements pour le moment circonscrits entre militaires des deux bords, ces exactions contre les civils, qui, forcément en appelleront d’autres. La Côte d’Ivoire est en train de basculer dans une crise irréversible.
Mais la communauté internationale assistera-t-elle les bras croisés à cette hécatombe programmée ? C’est clair, le pays a atteint le point de non-retour. En faisant tirer à balles réelles sur des manifestants et en n’hésitant pas à semer la mort même parmi les hommes du Premier ministre Guillaume Soro, Laurent Gbagbo a résolument tourné le dos à un départ en douceur du pouvoir. C’est une autre étape de sa résistance qui commence ainsi. C’est pourquoi la question d’une intervention directe des Casques bleus pour sauver ce qui peut l’être encore, se pose avec insistance. Et si intervention il y a, ce sera pour protéger les civils et surtout permettre l’installation, dans ses prérogatives, du président élu. Il ne doit pas y avoir de doute à ce niveau. Ce sont les palabres interminables qui ont du reste conduit à l’impasse actuelle et nourri les velléités guerrières. Laurent Gbagbo, il faut le savoir, se moque éperdument des incantations de la communauté internationale. S’il a pu faire appel à des mercenaires libériens pour le défendre et réprimer sa propre population, comme le laissent entendre les Forces nouvelles, c’est qu’il est prêt à tout. Seule une prise de responsabilité assumée peut rétablir la légalité dans le pays et éviter des massacres à grande échelle. Les Casques bleus de l’ONUCI, pour cette première journée d’affrontements, ont donc failli en jouant les spectateurs neutres.
Ils avaient le devoir d’encadrer et de protéger les manifestants, afin que ceux-ci ne soient pas ainsi livrés aux balles assassines de Gbagbo. Mais il n’est pas encore tard pour eux de se ressaisir. Après avoir vu la bestialité dont sont capables les sbires de Gbagbo, ils savent désormais à quoi s’en tenir : mettre fin à l’usurpation du pouvoir par Gbagbo, qui n’a que trop duré.
Mahorou KANAZOE
© Copyright Le Pays