Curiosités - Boko Haram: mode d’emploi en questions

DOUALA - 06 AOUT 2014
© Edking | Le Messager

Qui est derrière l’attaque de Kolofata? Depuis que la nébuleuse Boko Haram fait parler d’elle au Cameroun, la secte islamiste se signale par des prises d’otages toujours revendiquées. Cette fois-ci pourtant, les assaillants n’ont toujours pas signé leurs actes.

Le premier enlèvement de ressortissants occidentaux revendiqué par Boko Haram a lieu le 19 février 2013. Ce jour-là une famille française est enlevée au parc national de Waza dans le nord du Cameroun, elle est ensuite conduite au Nigeria. L'enlèvement est revendiqué dans une vidéo publiée le 25 février par Boko Haram. Les islamistes réclament la libération de combattants, de femmes et d'enfants détenus par le Nigeria et le Cameroun. Le 21 mars, une seconde vidéo est rendue publique par Boko Haram, Abubakar Shekau, le chef du mouvement déclare : «nous sommes fiers d'affirmer que nous retenons les sept otages français. Nous les retenons parce que les autorités nigérianes et camerounaises ont arrêté des membres de nos familles, qu'ils les brutalisent et que nous ne savons rien de leurs conditions d'emprisonnement. Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que nos familles sont emprisonnées. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force». Les négociations sont menées essentiellement par le gouvernement camerounais. La famille est libérée le 19 avril 2013, lors d'un échange de prisonniers, 10 ou 12 personnes auraient été relâchées en contrepartie.
Selon Itélé, qui cite des sources opérationnelles locales, sept millions de dollars auraient été versés pour la libération des otages. Ils auraient pu être versés directement sur les fonds du président camerounais Paul Biya ou par le groupe Gdf-Suez. Cette information est cependant démentie par le Premier ministre français d’alors Jean-Marc Ayrault. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013, Georges Vandenbeusch, un prêtre catholique français de 42 ans, est enlevé à Nguetchewé, au nord du Cameroun. Quelques jours plus tard, son enlèvement est revendiqué par Boko Haram. Il est libéré le 31 décembre 2013. Boko Haram déclare alors à l'Afp n'avoir reçu aucune rançon et affirme que : «La direction a décidé de libérer le prêtre par compassion. Le prêtre a offert ses services médicaux à des membres [du groupe] malades pendant sa période de captivité. La direction a senti qu'il n'y avait plus besoin de le garder. » Ces propos sont cependant contestés par Georges Vandenbeusch, qui déclare : «je ne suis ni infirmier, ni médecin. S'ils m'avaient amené quelqu'un à soigner avec une hémorragie, j'aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont de compassion pour personne».

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, située à l'Extrême-Nord du Cameroun, deux prêtres italiens, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne, Gilberte Bussière, sont enlevés par des hommes armés. Boko Haram est soupçonnée mais ne revendique pas l'enlèvement. Les trois religieux sont finalement relâchés la nuit du 31 mai au 1er juin 2014. La nuit du 16 au 17 mai 2014, des islamistes transportés par cinq véhicules attaquent un camp de travailleurs du secteur routier, près de Waza, au Nord du Cameroun. Un civil chinois est tué, et 10 autres sont enlevés par les assaillants. Ils ne sont toujours pas libérés.

Après l’attaque de la ville de Kolofata, le 27 juillet à l’Extrême-nord Cameroun, attribuée a des membres de la secte Boko Haram, «l’épouse du vice-Premier ministre, Amadou Ali enlevée au cours d’une attaque de sa résidence par des éléments de la secte Boko Haram. Le sultan-maire de Kolofata, Seini Boukar Lamine, son épouse, ses quatre enfants et sa nièce ont également été enlevés lors de cette attaque de Kolofata, faisant 16 morts». Cette agression criminelle et tant d’autres qui surviennent alors que le chef de l’Etat, Paul Biya, a déclaré la guerre à Boko Haram lors du sommet de l’Elysée, le 17 mai à Paris. «Les assaillants qui ont opéré ce matin avaient prévenu à l’avance l’entourage du vice-Premier ministre qu’ils séviront ce week-end à Kolofata si jamais Amadou Ali ne leur restituait le solde de la rançon qui a abouti à la libération de la famille Moulin-Fournier», affirme le président de la jeunesse Arc-en-ciel du Septentrion et membre de la société civile. L’hebdomadaire L’Œil du Sahel du 29 juillet 2014 relaie la psychose ainsi créée. «Dans un contexte d’insécurité caractérisé par des attaques d’assaillants sur les villages de certaines hautes personnalités nordistes, de nombreuses élites du Grand nord ont préféré ne pas rentrer pour effectuer la prière de fin de Ramadan dans leurs villages respectifs comme à l’accoutumée. Ainsi, Bello Bouba Maïgari, le ministre du Tourisme et leader de l’Undp (Union nationale pour la démocratie et le progrès) ou encore le lamido de Moulvoudaye ont effectué la prière à Garoua. Amadou Ali a pour sa part fait sa prière à Maroua, les autorités lui ayant déconseillé de se rendre à Kolofata. La situation est extrêmement tendue dans la région de l’Extrême Nord, notamment dans les zones frontalières au Nigeria considérées comme zones de réfuge par les éléments de Boko Haram qui y multiplient des enlèvements d’étrangers, des attaques contre les militaires et les civils». Fait curieux, l’attaque de Kolofata n’a toujours pas été revendiquée…

Edking



06/08/2014
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