Cumul des postes, inertie, imprévision: la marque déposée du renouveau
Douala, 14 Mars 2013
© PONUS | Ouest Littoral
Depuis que Ibrahim Talba Malla a été nommé à la tête de la Sonara, il cumule encore ce poste de dg avec celui de la Csph, en plus, d'être aussi le Pca de la Scdp. Entre temps, beaucoup de camerounais bien qu'étant tout aussi compétents, iront à la retraite sans avoir jamais travaillé. Voilà jusqu'où l'imprévision et l'inertie, érigées en méthode de gouvernement du renouveau nous a conduits.
Dire qu'aucun autre camerounais n'est digne de remplacer Talba Malla au poste de Directeur Général de la Caisse nationale de stabilisation de produits des hydrocarbures (csph), serait un mensonge qu'on devrait consigner en bonne place dans les «records Guinness». Il se trouve tout simplement qu'au moment de sa nomination, on n'avait pas prévu un remplaçant. Et depuis des décennies les cas de ce genre sont légions au Cameroun, ou il n'est pas rare de voir un Ministre, un Gouverneur, être nommés Pca de deux entreprises publiques. Point n'est ici besoin de condamner ces heureux cumulards, car le vrai coupable c'est plutôt celui qui les a nommés, en usant et en abusant de son pouvoir discrétionnaire qu'on peut facilement assimiler à un pouvoir arbitraire. Cette gestion à répétitions des ressources humaines de la nation, ressemble beaucoup plus à une récompense destinée à certaines personnes, pour des raisons qu'il est seul à maîtriser. C’est une thèse qui est d'autant plus plausible qu'au bas de ces nominations, figure le fameux article 2 qui stipule expressément que «l'intéressé aura droit aux avantages de toute nature, prévus par la réglementation en vigueur». Pour l'heure, tout laisse croire que c'est précisément ce terme «avantages de toute nature» qui serait le vrai motif de tels actes. En somme, une accréditation à la mangeoire nationale.
Ce n'est pas le cas au Cameroun où les fonctions de Directeurs Généraux ou de Pca n'ont rien à voir avec la compétence, encore moins le rendement, au grand dam de l'économie du pays, et parfois au mépris de la loi. En effet, au Cameroun, les questions du cumul de poste et de restriction ou d'incompatibilité sont traitées par la loi n° 99/016 du 22 décembre 1999. Cette loi dispose à l'article 19 que nul ne peut être Administrateur de plus de deux (2) Conseils d'administration des sociétés publiques et parapubliques. De même, l'article 20 limite le nombre de mandats de président du conseil à un (1). De plus, les mandats de Dg, Pca et Administrateur des entreprises publiques et parapubliques sont incompatibles avec celles de membre du gouvernement et de parlementaire, article 21. C'est dire si la pratique que les Camerounais vivent au quotidien en matière de nomination des Pca est hors-la-loi. On n'a qu'à voir la composition du Conseil d'administration de nos entreprises publiques pour s'en convaincre. Et de là à se demander à quoi servent les lois au Cameroun, il n'y a qu'un pas que les observateurs ont d'ores et déjà franchi.
Le cumul comme méthode de gouvernance
Une liste de cumulards au Cameroun remplirait certainement toutes les pages d'un tabloïd, car même certains Ministres en fonction ont encore leurs places dans leurs anciens postes. Certains Gouverneurs de région sont Pca de deux entreprises publiques, etc. Plus récemment encore, certains départements ont vécu pendant des mois avec un Préfet dont le pouvoir chevauchait entre deux unités administratives. C'est le cas Douala dont le Préfet exerçait cumulativement avec ses nouvelles fonctions de Gouverneur de la région du Sud-Ouest. Est-ce à dire que le rôle d'un Chef de terre dans la capitale économique d'un pays, est aussi insignifiant qu'il peut être mis entre parenthèses? Seul l'«homme-lion» pourrait mieux répondre à cette question.
Au plus haut sommet de l'Etat, un cas comme celui de Louis Paul Motazé paraît préoccupant. En marge de ses fonctions de Secrétaire Général des services du Premier Ministre qu'on imagine déjà très énormes, il est entre autres, Président du comité de pilotage du complexe industrialo-portuaire de Kribi, du barrage de retenue d'eau de Lom Pangar et est Président du Conseil d'administration d'HydroMekin, la société de projet pour la construction du barrage de Mekin. De plus, il pilote actuellement les négociations en vue de la signature de la convention d'exploitation des gisements de bauxite de Minim Martap et de Ngaoundal, après celle sur le fer de Mbalam. Tout ça pour un seul et même homme, pourrait-on s'exclamer, sans oublier que chacun des postes peut faire vivre une famille. Certains diront que cela est dû au fait que la plupart de ces programmes ont été conçu à par lui lorsqu'il était au Minepat. Soit. Mais curieusement ce n'est pas tout.
Pour la gouverne de tout un chacun, il y a lieu de rappeler avant tout quelles sont les fonctions d'un Secrétaire Général de la primature au Cameroun pour permettre de mieux évaluer l'immensité de la tâche. En effet, le Secrétariat Général des services du Premier Ministre assiste le Premier Ministre dans l'accomplissement de sa mission. A ce titre, il reçoit du Premier Ministre, des directives relatives à l'organisation du gouvernement et à la mise en œuvre des grands objectifs du gouvernement dans les secteurs relevant de sa compétence; veille, sous l'autorité du Premier Ministre, à la réalisation des programmes d'action gouvernementale approuvés par lui et impartis aux chefs de départements ministériels, à l’exception de ceux relevant de la Présidence de la République; suit l'exécution des décisions prises par le Premier Ministre; instruit les dossiers que lui confie le Premier Ministre et suit l'exécution des instructions données; prépare les Conseils de cabinet et les réunions interministérielles dont il assure le Secrétariat et établit les relevés des décisions et les communiqués; assure la liaison avec le Secrétariat général de la Présidence de la République en ce qui concerne la préparation des Conseils ministériels; assure le suivi de l'application des lois et des règlements en vigueur; exerce le rôle de conseil juridique du Gouvernement, dans les secteurs relevant de la compétence du Premier Ministre, etc. Dans l'intervalle des sessions du Conseil de cabinet, il veille sous l'autorité du Premier Ministre à la Coordination du travail gouvernemental.
Le Secrétaire Général des Services du Premier Ministre qui a rang et prérogatives de Ministre, assure aussi la Direction générale du Secrétariat général des services du Premier Ministre, la supervision et la coordination des Services rattachés; l'instruction des affaires soumises à la sanction du Premier Ministre; la préparation des arbitrages du Premier Ministre; l'efficacité de l'action gouvernementale et plus particulièrement la préparation des Conseils de cabinet, des réunions interministérielles, de certains Conseils et comités placés sous l'autorité du Premier Ministre et assure le Secrétariat de ces réunions; la liaison avec le Secrétaire Général de la Présidence de la République, en ce qui concerne la préparation des Conseils ministériels... Sans oublier qu'il doit gérer ses services internes. Excusez du peu!
© PONUS | Ouest Littoral
Depuis que Ibrahim Talba Malla a été nommé à la tête de la Sonara, il cumule encore ce poste de dg avec celui de la Csph, en plus, d'être aussi le Pca de la Scdp. Entre temps, beaucoup de camerounais bien qu'étant tout aussi compétents, iront à la retraite sans avoir jamais travaillé. Voilà jusqu'où l'imprévision et l'inertie, érigées en méthode de gouvernement du renouveau nous a conduits.
Dire qu'aucun autre camerounais n'est digne de remplacer Talba Malla au poste de Directeur Général de la Caisse nationale de stabilisation de produits des hydrocarbures (csph), serait un mensonge qu'on devrait consigner en bonne place dans les «records Guinness». Il se trouve tout simplement qu'au moment de sa nomination, on n'avait pas prévu un remplaçant. Et depuis des décennies les cas de ce genre sont légions au Cameroun, ou il n'est pas rare de voir un Ministre, un Gouverneur, être nommés Pca de deux entreprises publiques. Point n'est ici besoin de condamner ces heureux cumulards, car le vrai coupable c'est plutôt celui qui les a nommés, en usant et en abusant de son pouvoir discrétionnaire qu'on peut facilement assimiler à un pouvoir arbitraire. Cette gestion à répétitions des ressources humaines de la nation, ressemble beaucoup plus à une récompense destinée à certaines personnes, pour des raisons qu'il est seul à maîtriser. C’est une thèse qui est d'autant plus plausible qu'au bas de ces nominations, figure le fameux article 2 qui stipule expressément que «l'intéressé aura droit aux avantages de toute nature, prévus par la réglementation en vigueur». Pour l'heure, tout laisse croire que c'est précisément ce terme «avantages de toute nature» qui serait le vrai motif de tels actes. En somme, une accréditation à la mangeoire nationale.
Ce n'est pas le cas au Cameroun où les fonctions de Directeurs Généraux ou de Pca n'ont rien à voir avec la compétence, encore moins le rendement, au grand dam de l'économie du pays, et parfois au mépris de la loi. En effet, au Cameroun, les questions du cumul de poste et de restriction ou d'incompatibilité sont traitées par la loi n° 99/016 du 22 décembre 1999. Cette loi dispose à l'article 19 que nul ne peut être Administrateur de plus de deux (2) Conseils d'administration des sociétés publiques et parapubliques. De même, l'article 20 limite le nombre de mandats de président du conseil à un (1). De plus, les mandats de Dg, Pca et Administrateur des entreprises publiques et parapubliques sont incompatibles avec celles de membre du gouvernement et de parlementaire, article 21. C'est dire si la pratique que les Camerounais vivent au quotidien en matière de nomination des Pca est hors-la-loi. On n'a qu'à voir la composition du Conseil d'administration de nos entreprises publiques pour s'en convaincre. Et de là à se demander à quoi servent les lois au Cameroun, il n'y a qu'un pas que les observateurs ont d'ores et déjà franchi.
Le cumul comme méthode de gouvernance
Une liste de cumulards au Cameroun remplirait certainement toutes les pages d'un tabloïd, car même certains Ministres en fonction ont encore leurs places dans leurs anciens postes. Certains Gouverneurs de région sont Pca de deux entreprises publiques, etc. Plus récemment encore, certains départements ont vécu pendant des mois avec un Préfet dont le pouvoir chevauchait entre deux unités administratives. C'est le cas Douala dont le Préfet exerçait cumulativement avec ses nouvelles fonctions de Gouverneur de la région du Sud-Ouest. Est-ce à dire que le rôle d'un Chef de terre dans la capitale économique d'un pays, est aussi insignifiant qu'il peut être mis entre parenthèses? Seul l'«homme-lion» pourrait mieux répondre à cette question.
Au plus haut sommet de l'Etat, un cas comme celui de Louis Paul Motazé paraît préoccupant. En marge de ses fonctions de Secrétaire Général des services du Premier Ministre qu'on imagine déjà très énormes, il est entre autres, Président du comité de pilotage du complexe industrialo-portuaire de Kribi, du barrage de retenue d'eau de Lom Pangar et est Président du Conseil d'administration d'HydroMekin, la société de projet pour la construction du barrage de Mekin. De plus, il pilote actuellement les négociations en vue de la signature de la convention d'exploitation des gisements de bauxite de Minim Martap et de Ngaoundal, après celle sur le fer de Mbalam. Tout ça pour un seul et même homme, pourrait-on s'exclamer, sans oublier que chacun des postes peut faire vivre une famille. Certains diront que cela est dû au fait que la plupart de ces programmes ont été conçu à par lui lorsqu'il était au Minepat. Soit. Mais curieusement ce n'est pas tout.
Pour la gouverne de tout un chacun, il y a lieu de rappeler avant tout quelles sont les fonctions d'un Secrétaire Général de la primature au Cameroun pour permettre de mieux évaluer l'immensité de la tâche. En effet, le Secrétariat Général des services du Premier Ministre assiste le Premier Ministre dans l'accomplissement de sa mission. A ce titre, il reçoit du Premier Ministre, des directives relatives à l'organisation du gouvernement et à la mise en œuvre des grands objectifs du gouvernement dans les secteurs relevant de sa compétence; veille, sous l'autorité du Premier Ministre, à la réalisation des programmes d'action gouvernementale approuvés par lui et impartis aux chefs de départements ministériels, à l’exception de ceux relevant de la Présidence de la République; suit l'exécution des décisions prises par le Premier Ministre; instruit les dossiers que lui confie le Premier Ministre et suit l'exécution des instructions données; prépare les Conseils de cabinet et les réunions interministérielles dont il assure le Secrétariat et établit les relevés des décisions et les communiqués; assure la liaison avec le Secrétariat général de la Présidence de la République en ce qui concerne la préparation des Conseils ministériels; assure le suivi de l'application des lois et des règlements en vigueur; exerce le rôle de conseil juridique du Gouvernement, dans les secteurs relevant de la compétence du Premier Ministre, etc. Dans l'intervalle des sessions du Conseil de cabinet, il veille sous l'autorité du Premier Ministre à la Coordination du travail gouvernemental.
Le Secrétaire Général des Services du Premier Ministre qui a rang et prérogatives de Ministre, assure aussi la Direction générale du Secrétariat général des services du Premier Ministre, la supervision et la coordination des Services rattachés; l'instruction des affaires soumises à la sanction du Premier Ministre; la préparation des arbitrages du Premier Ministre; l'efficacité de l'action gouvernementale et plus particulièrement la préparation des Conseils de cabinet, des réunions interministérielles, de certains Conseils et comités placés sous l'autorité du Premier Ministre et assure le Secrétariat de ces réunions; la liaison avec le Secrétaire Général de la Présidence de la République, en ce qui concerne la préparation des Conseils ministériels... Sans oublier qu'il doit gérer ses services internes. Excusez du peu!